Seuls les élèves en classe d’examen vont retourner dans les salles de classe, le 2 juin. Une décision prise lors du dernier Conseil des ministres. Le secrétaire général du Sels, Souleymane Diallo, trouve qu’ils sont dans un flou total. Ses camarades exigent des éclairages, par le biais d’une concertation avec le ministre de l’Education nationale.
Suite à la décision de l’Etat de reporter la rentrée au 2 juin, certains syndicalistes semblent être déçus. Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) est de ceux-là. Joint par ‘’EnQuête’’, il avoue que ses camarades et lui sont restés sur leur faim. ‘’ La nouvelle décision prend en charge une partie des élèves du Sénégal, à savoir ceux qui sont en classe d’examen. Donc, c’est le flou total ; des zones d’ombre sur la scolarité des élèves en classe intermédiaire qui sont plus nombreux’’, dénonce Souleymane Diallo.
En effet, ils sont inquiets pour la grande masse. Est-ce déjà les vacances pour eux ? On ne saurait le dire. Ce qui est sûr est que les syndicalistes s’attendaient à un schéma global de reprise des enseignements-apprentissages, même si cette reprise doit se faire par paliers. Dans un premier temps, suggère-t-il, des élèves en classe d’examen pourraient reprendre. Ensuite, l’Etat pourrait programmer la reprise pour les élèves des classes intermédiaires. ‘’Aujourd’hui, c’est l’inquiétude totale chez les parents d’élèves, les élèves des classes intermédiaires et les enseignants’’, a-t-il souligné.
L’autre inquiétude de Souleymane Diallo est liée à l’organisation pédagogique. Il se demande comment cela se passera pour les classes d’examen, dans un contexte de propagation de la pandémie. Aujourd’hui, est-il certifié que toutes les conditions sanitaires et d’hygiène seront réunies, pour que les enseignements se tiennent dans les normes ? La question est sans réponse, dit-il, et affirme que pour le moment, personne ne sait vraiment comment les choses devront se passer, à part les autorités gouvernementales. ‘’Voilà pourquoi nous disons que ce communiqué du Conseil des ministres cause plus de problèmes qu’il n’apporte de solutions’’, a-t-il indiqué.
Aussi, Souleymane Diallo et ses camarades interpellent le ministre de l’Education nationale Mamadou Talla. ‘’Nous exigeons des éclairages, un complément d’information par rapport aux élèves des classes intermédiaires’’.
Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique, Abdou Fatou, va plus loin. Il exige une rencontre avec leur ministre de tutelle. Pourtant, il semble avoir plus de d’informations que son collègue. Pour lui, la rentrée se fera en deux phases. ‘’Nous disons attention au gouvernement, car il ne faudrait pas tomber dans un mimétisme et copier la manière de faire de systèmes éducatifs d’ailleurs, sans tenir compte de nos propres réalités cruelles, en termes de classes pléthoriques, d’organisation inadaptée et nous disons que, dans un système, les cours sont à égale dignité, les classes pareilles. Par conséquent, aussi bien les classes de CI que celles de CM2 sont à égale importance. C’est pourquoi nous demandons vivement à rencontrer le ministre pour que l’on puisse en réalité définir les modalités. Mais nous n’accepterons pas que des jeunes Sénégalais, au nom des examens, soient lésés’’, prévient, sur un ton catégorique, Abdou Faty.
‘’Nous ne pouvons pas prendre tous les élèves’’
Souleymane Diallo paraît bien maitriser les réalités dont parle M. Faty. Il indique que le Sénégal ne se résume pas seulement à Dakar. Par conséquent, les autorités devraient prendre en compte la question de la pluviométrie. Il serait difficile de faire des cours dans des abris provisoires, dans certaines conditions. Aussi, pour des raisons économiques et autres, certains élèves sont obligés d’accompagner leurs parents dans les champs. Des particularités à ne pas négliger et à prendre en compte.
En outre, si beaucoup pensent que l’année scolaire peut être sauvée avec la dernière mesure prise, M. Diallo n’est pas si optimiste. Pour lui, ce ne sont pas seulement les élèves en classe d’examen qui ont besoin de valider leur année scolaire. Il considère qu’une année scolaire, on la valide ou l’invalide pour l’ensemble des élèves. ‘’L’école sénégalaise, c’est l’ensemble des classes et des élèves’’, insiste-t-il.
Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal affirme, cependant, qu’ils sont contre toute année blanche ou invalide. Par contre, ils sont pour la mobilisation des ressources, pour voir comment sauver cette année. ‘’Pour sauver l’année scolaire, il faut sauver d’abord la santé des enseignants et des élèves, pour l’ensemble des élèves et non une partie des élèves’’, dit-il.
Propositions pour sauver l’année
Par ailleurs, le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire Sénégal (Saemss), Saourou Sène, pense que tout n’est pas perdu. Ils ont fait des propositions à la tutelle pour sauver l’année. Lui et ses camarades proposent que les professeurs se réfèrent aux moyennes des contrôles et déterminer quels élèves des classes intermédiaires devraient passer en classe supérieure. Des projections s’imposent. Et il souligne que si la pandémie est vaincue, ils vont se retrouver pour apprécier objectivement la situation, et essayer de voir qu’est-ce qui est fait à l’extérieur, parce que, selon lui, tous les pays sont logés à la même enseigne.
Toutefois, il espère qu’avant le 2 juin, la situation va évoluer positivement. Et si c’est le cas, les cours pourront commencer par les classes d’examen, avec un ensemble de mesures qui devront être accompagnées.