L'accord de pêche Union Européenne-Sénégal ‘’se veut un partenariat stratégique dont le double objectif est, d'une part, de réglementer les conditions de pêche des navires européens dans les eaux sous juridiction sénégalaise en limitant l’accès à certaines espèces pour lesquelles existe un surplus disponible et non exploité’’, précise la Délégation de l’UE à Dakar, dans communiqué transmis à l’APS, jeudi.
Elle ajoute que cet accord veut d’autre part ‘’apporter un appui à la politique nationale des pêches de la République du Sénégal’’.
L’UE et le Sénégal ont convenu d’un nouveau partenariat de pêche suite à un troisième tour de succès des négociations à Dakar, la semaine dernière (24- 25 avril). Ce protocole de cinq ans fixe les possibilités de pêche pour les navires de l’UE, la contribution financière de l’UE, et les modalités de soutien au secteur de la pêche sénégalaise, signale la Commission européenne.
L’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche à Mbour (APRAPAM) a dénoncé la non-implication des professionnels du secteur dans les négociations ayant abouti à la signature de cet accord.
Par rapport aux priorités qu’ils avaient établies dans leur mémorandum du mois de novembre 2013, les membres de l’APRAPAM ont fait des observations sur la transparence et la participation des parties prenantes.
Pour l’UE, ‘’ce partenariat permettra notamment de renforcer les capacités du Sénégal pour le contrôle et la lutter contre la pêche illégale, d'appuyer la pêche artisanale et de renforcer la protection des écosystèmes fragiles pour la reconstitution des stocks de juvéniles’’.
S’agissant de la pêche thonière, ce volet ‘’concerne essentiellement les espèces de thons tropicaux présentes dans l'océan atlantique et dont l'existence de surplus exploitable est scientifiquement documenté par le comité scientifique de la CICTA (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique)’’, explique le communiqué.
‘’C'est surtout le listao qui est l'espèce ciblée en priorité par les opérateurs européens pour l'approvisionnement des conserveries’’, précise la même source.
A propos des débarquements de thon, ‘’il est vrai que l'obligation de débarquer les captures dans le port de Dakar ne s'applique qu'aux canneurs’’, relève l’UE.
‘’Mais, ajoute t-elle, ces débarquements et les activités des canneurs européens seront encadrés par l'accord de pêche et soumis à toutes les règles de suivi, contrôle et surveillance qui y sont prévues (en plus des redevances à payer), ce qui fait une différence substantielle par rapport aux accords privés de nature exceptionnelle octroyés par le Sénégal dans le passé’’.
‘’En tout état de cause, poursuit le communiqué, les débarquements effectués à Dakar par les navires de l'Union européenne contribuent pour une très grande part à l'activité économique de cet important port de pêche’’.
Concernant l'inclusion de deux chalutiers de fond pour le merlu, ‘’il a été tenu compte de l'état du stock en question et des potentiels de captures estimés’’, précise encore la Délégation de l’UE.
Elle note que selon la dernière évaluation du sous-comité scientifique de l'organisation régionale compétente (le COPACE (comité des pêches pour l'atlantique du Centre-Est : organisme de la FAO pour les espèces non thonières), ‘’le stock – partagé avec la Mauritanie - n'est pas surexploité’’.
La Délégation souligne que dans ‘’l'esprit de la réforme de la Politique commune de la Pêche de l'UE et en accord avec le principe de précaution, la Commission européenne a donc négocié pour cette ressource un accès limité’’.
‘’La pêcherie est soumise à de strictes conditions d'exploitation, le protocole prévoyant des moyens appropriés de contrôle et de surveillance, et elle sera évaluée chaque année’’, selon le communiqué.
La Délégation de l’UE assure que ‘’cette révision périodique sera basée sur les données de captures ainsi que sur toute autre donnée scientifique collectée par le Centre de Recherche océanographique de Dakar Thiaroye (CRODT), le COPACE, ou toute autre source pertinente’’.
Pour l’UE toujours, ‘’il est important de noter qu'aucun accès pour les navires européens n'a été négocié pour les petits pélagiques, ni pour les espèces démersales côtières, ni pour les crevettes profondes (…)’’.
L’objectif étant de ‘’pleinement respecter les recommandations scientifiques et les orientations politiques en vigueur (selon lesquelles) pas d'accès aux démersaux côtiers car il n'existe pas de reliquat exploitable ; les petits pélagiques sont réservés à la pêche artisanale vu leur importance en tant que base de l'alimentation et comme source de revenus’’.
A propos de la transparence du processus de négociation et l'implication des acteurs concernés, l’UE rappelle qu'il s'agit ‘’d'un accord ayant valeur de Traité international entre les Parties contractantes, à savoir les institutions de l'Union européenne et les autorités du Sénégal qui ont la compétence pour négocier et conclure de tels traités’’.
L'UE dit avoir également informé à Bruxelles ‘’les représentants du Conseil tégional Consultatif de Longue Distance (LDRAC), composé par des représentants des ONGs et du secteur, du déroulement de négociations lors de sa réunion officielle de mars 2014’’.
Par ailleurs, ajoute le communiqué, ‘’la chef de la Délégation de l'UE à Dakar a reçu, à leur demande, une délégation de pécheurs artisanaux locaux, et la Commission européenne a diffusé un communiqué de presse après chaque tour de négociations’’.
Le texte rappelle également que ‘’préalablement à la tenue des négociations, une étude d'évaluation ex-ante a été réalisée visant à déterminer l'opportunité pour l'UE d'engager les négociations en vue de la conclusion de l'accord de pêche’’.
‘’Au cours de cette étude, des représentants de l'ensemble des acteurs concernés ont été consultés’’, selon le communiqué.