Face à la crise générée par le Covid-19, le professeur Achille Mbembé appelle à la mobilisation des intelligences en Afrique. Alors que des experts occidentaux développent des thèses très alarmistes, à l’instar de la note d’analyse du Quai-d’Orsay qui a suscité beaucoup d’émotion, il estime au contraire que le catastrophisme n’est pas une option. Achille Mbembé, professeur d’histoire et de sciences politiques à l'université sud-africaine du Witwatersrand, répond aux questions de Carine Frenk.
RFI : Vous rejetez certaines prévisions et certaines analyses qu’on entend beaucoup en ce moment et qui versent trop, selon vous, dans le « catastrophisme »…
Achille Mbembé : Oui. Et en fait, je ne suis pas le seul. Chaque fois qu’il est question d’Afrique, c’est la catastrophe. Or, ce sont des catastrophes souvent annoncées qui ne se réalisent pas du tout. Les Africains en ont marre, ils n’écoutent même plus ce genre d’analyses. Si on peut traiter tout cela d’analyses. Ce sont des préjugés que l’on ressasse, peu importe les situations ou les évènements. Beaucoup d’efforts sont consacrés en ce moment dans plusieurs pays d’Afrique à la réflexion sur l’impact que pourrait avoir cette pandémie sur l’Afrique. Cette réflexion est faite du dedans et elle mérite autant d’intérêt que les notes de conjoncture du quai d’Orsay.... suite de l'article sur RFI