Au Sénégal, les entreprises françaises reviennent au cœur de l’économie après avoir pâti, sous Abdoulaye Wade, prédécesseur de l’actuel Président, d’une politique de diversification des partenaires. De quoi alimenter le ressentiment des uns et des autres, et notamment de Guy Marius Sagna, héraut de la «lutte contre le néocolonialisme».
Au pays de la Teranga (hospitalité, en wolof), l’avènement du coronavirus ne semble guère avoir arrangé les choses au regard d’un certain ras-le-bol anti-français. Après l’assimilation du virus à un «hôte étranger», en réaction à la provenance française du premier cas importé, le grief a muté vers le néocolonialisme et ne cesse de se propager dans certains milieux politiques et militants, coutumiers des procès intentés à l’ancienne métropole.
Au Sénégal, «la main de l’étranger», bouc émissaire idéal de la crise du coronavirus?
Entre-temps, et devant les conséquences de la pandémie sur le tissu économique sénégalais, le gouvernement a décidé de débloquer une aide de près d’un milliard d’euros en faveur des entreprises concernées. Depuis, c’est la queue au portillon des ministères pour être éligible à l’aide gouvernementale.
Bien que dérisoire, l’éligibilité à cette aide devrait se faire en fonction de certains autres critères, plaide le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP/ France Dégage). Un véritable tri, selon Guy Marius Sagna, son emblématique leader, qui s’est confié à Sputnik, devrait alors se faire, pour privilégier le capital national. Le tout sans compter le fait que les entreprises bénéficiaires de l’aide doivent opérer aussi bien dans le secteur formel qu’informel, «avec un respect total de la réglementation et des droits des travailleurs. Pour nous, ces éléments sont importants», proclame-t-il.
Un militant aguerri
Les entreprises étrangères qui exercent des activités au Sénégal sont nombreuses. Elles sont marocaines, turques, chinoises, indiennes. Mais les plus puissantes d’entre elles sont d’origine française et fonctionnent le plus souvent comme des entités de droit sénégalais. Une posture qui les place au même niveau que les entreprises locales.
Sur le principe, rien n’empêche que ces différentes sociétés puissent être concernées par l’aide que l’État du Sénégal entend apporter aux entités économiques impactées par la crise sanitaire du Covid-19, selon le Programme de résilience économique et sociale (PRES) décidé par le Président de la République Macky Sall. D’un autre côté, rien n’est dit que les puissantes (et donc les plus résistantes) d’entre elles réclament effectivement leur part d’une aide réservée aux plus affectées. Celle-ci pourrait, d’ailleurs, s’avérer bien dérisoire vu le grand nombre d’entreprises éligibles. Qu’importe, puisque l’attribution de ce soutien gouvernemental ne semble être, pour Guy Marius Sagna, qu’un énième casus belli pour enfourcher son vieux cheval de bataille.... suite de l'article sur Autre presse