A Sangalkam, une zone maraîchère à 40 km de Dakar, la mission agricole chinoise s'est taillée une solide réputation en participant à la lutte contre la pauvreté dans cette localité.
Cette mission doit sa réputation moins à son nombre - six agronomes et un interprète - qu'à l'encadrement qu'elle fournit depuis sept ans aux maraîchers dans l'innovation en matière de techniques agricoles.
En cela, la mission joue un rôle important dans les progrès enregistrés dans l'amélioration de la capacité des maraîchers et l' augmentation de leurs rendements et revenus, attestent les personnes encadrées.
Avec le Centre polyvalent des producteurs de Sangalkam, les techniciens chinois organisent des séances de formation à l' intention des femmes maraîchères.
Ce mercredi, c'est le tour d'une vingtaine de femmes de l' Association pour le développement de Bayal (quartier de Sangalkam) de suivre dans les locaux de la mission une deuxième séance de formation.
Des cahiers et des stylos sont disposés sur une table. Rien n' est négligé pour permettre de dispenser une formation de qualité : vidéoprojecteur, appareils photos, photocopies des supports de cours.
Habillées en boubou traditionnel, les maraîchères ont abandonné leurs champs pour suivre les enseignements des agronomes chinois.
S'exprimant en langue chinoise, les cours de technique agricole sont traduits par un encadreur sénégalais en langue locale. A l' aide d'un vidéoprojecteur, le formateur explique les différentes techniques agricoles pouvant permettre d'améliorer les rendements.
Après la théorie,la pratique se déroule dans les champs. Les femmes sont conduites pour une immersion dans les jardins afin d'apprécier de visu les résultats obtenus avec les techniques apprises.
Au vu des parcelles d'expérimentation, les premières appréciations sont lancées. "Ils (les experts chinois) utilisent des méthodes simples et très efficaces. Les méthodes sont adaptées à notre climat", lance une dame. Comme elle, les autres femmes admirent le travail effectué et demandent des explications aux experts malgré la barrière de la langue.
Comme dans la salle, elles suivent attentivement les explications des coopérants chinois. Chacune veut expérimenter certaines variétés de légumes venant de Chine comme les choux, les concombres entre autres.
La culture de ces variétés de légumes chinois est adaptée à cette zone du Sénégal, spécialisée dans la culture maraîchère. Certaines femmes ont indiqué qu'avec la méthode qu'utilisent les agronomes chinois, elles peuvent gagner beaucoup de temps en améliorant les rendements.
Depuis quelques années, les méthodes introduites par la mission technique agricole chinoise en matière de sélection et de culture de bonnes semences et la formation sur la technique de maraîchage ont fait leurs preuves au niveau des populations de Sangalkam et environs.
"La mission, nous apporte un surplus. Elle nous permet d' acquérir de nouvelles techniques et d'avoir de bons rendements", explique Yacine Diop, la présidente de l'Association pour le développement des femmes de Bayal.
Selon elle, l'introduction de nouvelles pratiques culturales par les experts chinois permet aux femmes de gagner beaucoup, donnant l'exemple sur l'utilisation de l'espace et de nouvelles variétés de légumes.
Lui emboîtant le pas, Modou Fall Thioune, l'administrateur délégué du Centre polyvalent des producteurs, affirme avec cette méthode d'apprentissage venue de Chine, permet de lutter contre la pauvreté.
Il donne l'exemple des femmes de Keur Massar (banlieue dakaroise) qui, avec l'encadrement de la mission chinoise, ont obtenu des résultats très encourageants.
Selon M.Thioune, grâce à cet encadrement, ces femmes ont appris et développé depuis 2010 la culture sous serre et cette culture est apparemment rentable. A preuve, les femmes encadrées ont produit 800 kilogrammes de concombres en deux mois et ont obtenu plus de 800.000 Francs CFA, renseigne-t-il.
Au vu de ces résultats, toutes les femmes de la banlieue dakaroise veulent la généralisation des cultures sous serre, révèle M. Thioune.
La culture sous serre est une nouveauté au Sénégal. Elle permet d'avoir plusieurs récoltes, de produire davantage et d'augmenter les revenus des maraîchères.
Ainsi, en formant les femmes, les techniciens chinois leur permettent de sortir de la dépendance économique et de lutter contre la pauvreté.
Pour l'heure, la production maraîchère est si intéressante dans la zone encadrée par les Chinois que le centre envisage de créer une boutique dédiée à la vente des variétés de légumes chinoises ( concombres, choux, navet rouge), parce que les femmes maraîchères veulent s'adonner à cette culture, d'après M. Thioune.