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Sud Quotidien N° 6307 du 8/5/2014

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Locales du 29 juin à Matam: L’Apr dans tous ses éclats
Publié le jeudi 8 mai 2014   |  Sud Quotidien




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La région de Matam est complètement domestiquée par l’APR de Macky Sall. Seuls quelques responsables du PS, de la LD et du PDS lui opposent une timide résistance. Curieusement, cette majorité « marron » qui peine à s’entendre, risque de voler en éclats lors des Locales du 29 juin prochain. Pour l’heure, c’est Abou Lô qui en est la première victime. Impliqué dans une affaire de kidnapping, le désormais ex-DG de l’ARTP a été démis de ses fonctions hier, mercredi 7 mai 2014 (voir par ailleurs).

Guerre entre «légitimistes» et «transhumants» ! Lutte des clans ! Alliance contre nature ! L’Alliance pour la République est dans tous ses éclats dans la région de Matam où elle règne pourtant sans partage depuis l’accession de Macky Sall à la tête de la magistrature suprême. La confection des listes pour les élections locales du 29 juin, a en effet fini de mettre à nu les velléités entre responsables qui se sont toujours regardés en chiens de faïence. Là, ils se livrent un «Mortal Kombat» qui risque de laisser de graves séquelles.

Forclusion à Ogo

Après l’affaire des coups de feu de Matam, l’APR entre dans une autre tourmente avec la forclusion de sa liste dans la communauté rurale de Ogo qui sera érigée en commune avec l’acte III de la décentralisation.

Alassane Niane, inspecteur départemental à Matam, a été kidnappé puis séquestré pendant des heures dans le but de l’empêcher de déposer la liste de l’APR. Une situation qui installe le parti de Macky Sall, que l’on dit être dans une colère noire, dans un profond malaise. Alors que les supputations vont bon train, le Chef de l’Etat a décidé de passer à la vitesse supérieure en limogeant Abou Lô, à la tête de l’ARTP, accusé d’être à l’origine d’une telle forfaiture.

Pendant ce temps, les auditions se poursuivent suite à une plainte contre X que M. Niane, qui soutient pourtant avoir identifié ses agresseurs, a déposée. Selon certaines indiscrétions, l’ancien ministre de la Communication y aurait vu un coup de Farba Ngom, soupçonné de vouloir mettre en pôle position Amadou Kane (un émigré en Allemagne), considéré comme le principal «ennemi» d’Abou Lô.

Les souteneurs du désormais ex-DG de l’ARTP parlent, eux, de « pluie de millions » de francs CFA visant à changer à la dernière minute, la liste des conseillers initialement arrêtée d’un commun accord avec les différents responsables de l’APR, notamment Kalidou Diallo (ancien ministre de l’éducation), Diallo Ballel, Abdoulaye Dieng et Dahirou Dia.

Matam : la guerre des clans

Dans la capitale régionale, le contrôle de la commune va opposer l’APR à l’APR. Le maire sortant, Mamadou Mory Diaw, a été désigné par le parti pour conduire la liste, mais d’autres responsables «Apéristes» refusent de rentrer dans les rangs. Selon un confrère bien introduit dans le milieu, la bataille dépasse le cadre politique entre militants d’un même parti. «La vérité, c’est une guerre totale entre tribus. Ce sont les Thioubalo (tribu de Mamadou Mory Diaw) qui aura en face de lui les Déniyanké (tribu des Guéladio Bâ, Souleyma Bâ dit Jules et Abdoulaye Dramé)», confie le journaliste sous le couvert de l’anonymat du fait de la sensibilité du sujet.

Ourossogui : sept listes à l’assaut d’une ville

Ourossogui est la ville de la région de Matam, la plus riche grâce à ses activités économiques liées à sa position géographique (ville carrefour). Là également, le parti de Macky Sall a volé en mille morceaux. L’indiscipline des militants a débouché sur plusieurs listes parallèles alors que l’APR a misé sur Ismaël Dembélé pour conduire la liste Benno Bokk Yakaar.

Ce que le maire sortant, Samba Ciré Dia, dit Samba Nabbel, passé entre temps du PDS à l’APR, refuse d’accepter. Il a tout bonnement claqué la porte pour s’allier aux les Ecologistes. Djiby Nalla Sy, 1er adjoint au Maire, a créé sa propre liste dénommée «Djikki et Bamtaré». Quant à l’avocat Me Moussa Bocar Thiam du PS, il a formé une alliance avec le FSD/BJ de Bamba Dièye dont la liste est conduite par Abdoulaye Sy. L’opérateur économique, Abdoulaye Thiam, qui a dirigé la mairie de 1996 à 2001, cherche à reprendre le fauteuil avec la liste du PDS. Ibrahima Bâ «TP», lui, reste fidèle à Pape Diop de Bok Gis Gis.
D’autres partis vont aussi essayer de jouer les trouble-fêtes. C’est le cas de l’URD de Djibo Kâ et des représentants de Cheikh Tidiane Gadio.

La rébellion à Kanel

C’est surtout dans le département de Kanel que l’APR a montré plus de mésentente. Pourtant, comme à Matam, l’opposition n’existe pratiquement plus dans cette ville. Ce qui n’a pas empêché les «Apéristes» d’étaler leur «animosité». La liste Benno Bok Yaakaar est conduite par Mohamed Thierno Djim (ancien directeur de cabinet d’Adama Sall). Ce qui n’a pas été du goût des autres responsables. Ainsi, Haymouth Daff (maire sortant) qui avait fini de déposer armes et bagages à l’APR, s’allie avec le Model d’Ibrahima Sall. Mamadou Sadio Diallo (Apériste de la première heure) se refugie au Parti de la Réforme d’Abdourahim Agne.

Hamady Dieng aussi a refusé de rentrer dans les rangs. Il a rejoint le parti pour l’Espoir et le Progrès (PEP). Ces responsables de l’APR, partis en rangs dispersés, auront en face d’eux Alassane Traoré de l’Espoir/Yaakaar.

Abdoulaye Ann face à Adama Sall

Considéré à tort ou à raison comme « indéboulonnable » dans la communauté rurale de Wouro Sidy, l’ancien ministre d’Etat, Adama Sall, aura fort à faire face à Abdoulaye Ann qui a été choisi pour diriger la liste BBY.
Dans l’attente d’un maroquin qui tarde à venir, l’ancien président du Conseil régional de Matam refuse d’être enterré vivant. «Ils ont fait leur choix. Mais qu’ils sachent qu’ici, c’est la base qui décide », a d’emblée soutenu M. Sall que nous avons joint au téléphone. Ils pensent aussi que je suis un dinosaure politique. Ils se trompent. Je vais leur montrer ce dont je suis capable. Je vais relever le défi parce que je suis le candidat des femmes, des jeunes et des chefs religieux. Ils pensent que je n’en suis pas capable parce que je n’occupe aucun poste actuellement. Mais on verra bien !», annonce Adama Sall avec conviction.

Et d’ajouter : «on doit confier les collectivités locales à des gens responsables qui ont des compétences administratives. Et j’ai eu à poser des actes concrets pour le développement de la région de Matam dans sa globalité». Un discours qui n’ébranle pas son challenger. Abdoulaye Ann se dit convaincu qu’Adama Sall est un «has been». «L’ère Adama Sall est révolu. D’ailleurs, pour la première fois, son propre fief, Woury Sidy est divisé. Il mène une bataille perdue d’avance. Il aurait dû accepter la décision du parti au lieu de dire : “c’est moi et personne d’autre“. Il gagnera certes dans son fief, mais on va y récolter des voix avant de faire un raz de marée dans le reste de la communauté rurale», soutient M. Ann qui compte aussi sur Yero Deh de la Ligue démocratique.
Zakaria Diaw du PDS sera le troisième larron pour la conquête de cette localité.

La LD en trouble-fête à Odobéré

Erigé en commune dans le Dandé Mayoo alors que les autres villages sont rattachés à Wouro Sidy, Odobéré a perdu sa quiétude à cause de la politique. Des membres de famille s’opposent et se livrent une bataille sans merci pour remplacer la délégation spéciale mise en place depuis l’érection de cette bourgade en collectivité locale de plein exercice en 2009.

C’est ainsi que Moussa Diallo va conduire la liste de l’APR. Il aura en face de lui, le PDS conduit par Saïdou Sow dit Djiba mais aussi la LD conduite par le jeune Amadou Oumar Coulibaly, conseiller à la présidence de la République. Djibril Sow dit Kanirou qui avait migré du PS vers l’APR ne s’est pas empêché de nouer une alliance avec les Socialistes pour affronter son frère de parti. Mais aussi Alseyni Ndiaye du Parti pour l’Espoir et le Progrès qui a réussi à investir l’actuel chef de village Oumar Sow, cousin de Djibril Sow.

L’APR contre l’APR à Waoundé

Commune connue pour son fort taux d’émigrés, Waoundé n’a pas échappé à la règle. L’actuel maire, Bacary Soumaré, qui avait remporté la mairie sous la bannière de l’APR a bénéficié de la confiance de son parti pour rempiler. Ce qui n’est pas du goût de Sadio Cissé. L’ancien directeur général de Zakat House Koweït, a claqué la porte pour s’allier avec la LD.

A Dembakani aussi, un autre village à majorité Sarakholé, on s’attend à un duel sans merci entre Demba Diop (ancien député) à et l’actuel maire Waly Mbaré Soumaré.

Ousmane Kane se révolte à Ndendory

Autre localité, même scénario. Ndendory n’a pas échappé à la fronde. Ousmane Kane n’a pas supporté le choix porté sur Bassirou Doro Ly. «Jusqu’à la dernière minute, c’était moi qui devait conduire la liste de l’APR. A ma grande surprise, Daouda Dia a choisi Bassirou Doro Ly qui est un transhumant que j’avais battu au 1er comme au 2nd tour de l’élection présidentielle de 2012 pour le compte de Macky Sall. Comme partout ailleurs dans le Fouta, la famille Dia a décidé de parachuter les gens. Elle dirige et manipule tout le monde. Moi, je ne l’accepte pas. Nous ne démissionnons pas de l’APR. Mais, je vais montrer que je représente quelque chose chez moi. Ensuite, on saura qui est qui et qui fait quoi», tonne-t-il.

Harouna Dia au banc des accusés

L’homme d’affaires sénégalais, Harouna Dia, établi au Burkina Faso est au centre des accusations. A tort ou à raison, il est taxé d’être responsable de la situation qui prévaut dans la région de Matam, particulièrement dans le département de Kanel.
Considéré comme un des principaux bailleurs de la campagne de Macky Sall, Harouna Dia s’appuierait sur son frère, Daouda, questeur à l’Assemblée nationale pour débaucher les anciens responsables du PDS, du PS et des autres partis dans la région.
Nous avons tenté de les joindre au téléphone. Mais en vain !

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