Débouté et condamné en première instance et en appel contre son ex-épouse Aminata Diack, l’ancien Premier ministre a voulu hier, sur les réseaux sociaux, faire croire à une cabale politique contre lui pour s’opposer aux huissiers venus saisir ses biens. Or cette affaire n’est que la résultante d’une procédure qu’il avait enclenchée lui-même au départ et qui s’est retournée contre lui.
Abdoul Mbaye aime décidément les lumières de l’actualité. Après avoir mobilisé les médias la semaine dernière sur son audience «avortée ( ?!)» avec le Président Macky Sall, dans le cadre des consultations que ce dernier a effectuées autour de la lutte contre le Covid-19, voilà qu’il mobilise hier les réseaux sociaux autour de la saisie de ses biens par les conseils de son ancienne épouse, Mme Aminata Diack.
Ce que l’ancien Premier ministre de Macky Sall omet soigneusement d’indiquer dans sa communication, c’est que cette saisie par exploit d’huissier est juste la résultante d’une décision de justice qu’il avait, au départ, enclenchée lui-même. Et pour détourner l’effet boomerang, il cherche à politiser une affaire strictement privée.
Si hier les huissiers en sont venus à débarquer au domicile de M. Mbaye, c’était parce que le leader du parti Act n’a jamais voulu respecter ses engagements devant la justice. En effet, depuis le jugement de février 2016 qui a prononcé son divorce d’avec Mme Aminata Diack et l’a condamné à payer 50 millions de francs Cfa à son ancienne épouse, l’ancien Premier ministre n’a jamais voulu s’exécuter.
Or cette procédure de divorce qu’il avait enclenchée allait entraîner une autre. En effet, la présidente du Tribunal d’instance hors classe de Dakar, qui avait prononcé le divorce, avait constaté que les deux époux avaient présenté deux attestations de mariage qui étaient différentes et dont l’une devait manifestement être fausse. Elle a donc saisi le procureur de la République pour une information judiciaire. L’enquête a abouti à la poursuite de Abdoul Mbaye pour les délits de faux et usage de faux dans un document administratif, complicité de faux et usage de faux, et tentative d’escroquerie.
Relaxé en première instance, Abdoul Mbaye a fini par être condamné en appel en août 2019. Le juge d’appel l’a condamné à un an de prison avec sursis et à payer la somme de 100 millions de Cfa à Mme Aminata Diack, à titre de dommages et intérêts et «pour toutes causes de préjudices confondues». Ce qui fait que sur deux jugements devenus exécutoires, Abdoul Mbaye a été condamné à payer à son ancienne épouse le montant cumulé de 150 millions de francs Cfa. Cela, pour une procédure qu’il avait lui-même enclenchée.
Pour faire exécuter les jugements, Mme Diack avait fait saisir l’un des comptes de son ancien mari qui contenait la somme de 11 millions de francs. Pour le reste, les conseils de M. Mbaye ont trouvé un accord avec l’avocat de Mme Diack pour un paiement échelonné. Les avocats des deux parties avaient convenu que Abdoul Mbaye devait payer dans l’immédiat la moitié de la somme due, à savoir 179 millions, comprenant le principal et les intérêts. Le reste du montant dû devait être réglé en deux mensualités, à partir de fin octobre 2019. Cet accord a été entériné devant le juge des référés le 4 octobre 2019.
Or, a constaté le conseil de Aminata Diack, «en dépit de cet accord pour le moins limpide, obtenu sur demande expresse du Sieur Abdoul Mbaye, celui-ci n’a jamais respecté ses engagements, en ne payant ni l’acompte immédiat promis encore moins les échéances convenues dans la séquence temporelle arrêtée».
La partie adverse s’est trouvée dans l’obligation de poursuivre la procédure de saisie par huissier pour rentrer dans ses droits.
Le plus drôle dans l’histoire est de voir Abdoul Mbaye, qui cherche toujours à se présenter comme le parangon de la rectitude et du respect de la justice, fouler aux pieds les décisions de ladite justice, quand elles ne tranchent pas en sa faveur.
Et comme à son habitude, il a cherché sur les réseaux sociaux à convoquer une quelconque rivalité politique pour expliquer ses déboires avec la justice, en «oubliant» de noter que c’est lui qui a contraint son ex-épouse à une action en justice à laquelle elle avait tout fait pour se soustraire, pour justement préserver l’équilibre de ses enfants.