Le Sénégal se met à l'hydroxychloroquine, une molécule très proche de la chloroquine. Une cinquantaine de patients atteints par le Covid-19 dans le pays ont pris ce médicament avec des résultats jugés « encourageants ».
L'hydroxychloroquine, antipaludique disponible sur le marché, est au coeur d'un vif débat d'experts, entre ses défenseurs et ses détracteurs dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Les autorités sanitaires du Sénégal ont tranché en faveur de la molécule. Elles viennent d'autoriser les essais de ce médicament dans l'hôpital de Fann à Dakar.
Ce jeudi 2 avril, 195 cas de contamination au coronavirus sont confirmés dans le pays qui compte son premier mort des suites du coronavirus, l'ancien président de l'Olympique de Marseille, Pape Diouf.
C'est le professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Fann à Dakar, qui a décidé de recourir à ce médicament. Il affirme s’être appuyé sur l’étude co-signée par le professeur Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille pour lancer ses essais.
Depuis moins de treize jours, une cinquantaine de patients contaminés par le virus sont donc soignés avec de l'hydroxychloroquine. Cette molécule est quasi identique à la chloroquine. Le professeur Moussa Seydi dirige l'administration de ce médicament.
Le professeur Moussa Seydi n'a pas totalement suivi les prescriptions du professeur Raoult. Dans une vidéo, il annonce ne pas avoir donné un antibiotique, comme le préconise Didier Raoult - l'azithromycine, en complément del'hydroxychloroquine. Il attend de voir si la molécule ne procure pas d'effets secondaires graves.
« Nous avons constaté chez certains patients que la charge virale diminuait plus rapidement », souligne Moussa Seydi, interrogé par l’Agence France-Presse. Le médecin reste toutefois relativement prudent. « Des études ont prouvé que chez certains patients, ça peut réduire la charge virale très rapidement. Ce sont des études sur de petits effectifs et il faut des études plus importantes pour valider. »
Les réserves des scientifiques sur la chloroquine
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) reste pourtant très réservée sur cette molécule. Sans jamais la nommer, l'OMS déconseille aux États et aux patients de l’utiliser dans la lutte contre le Covid-19. « L'histoire de la médecine est jalonnée d'exemples de traitements qui marchent sur le papier ou dans un tube à éprouvette », explique ainsi le patron de l'agence, Tedros Ghrebeyesus.
L'Agence européenne du médicament a également souligné que l'efficacité de la chloroquine et de l'hydroxycloroquine "restaient à démontrer dans des études".
D'autres voix médicales au Sénégal demandent la plus grande prudence sur l'utilisation de cette molécule comme Daouda Ndiaye, au département de parasitologie à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. "Nous devons rester scientifiques à tous égards si on veut efficacement éteindre cette épidémie", estimait le scientifique dans un texte publié sur sa page Facebook.... suite de l'article sur Autre presse