Ziguinchor - La Cour d'assises de Ziguinchor (Sud) a condamné, vendredi, l'accusée Kadessa Konté, une élève en classe de terminale au moment des faits, à 5 ans de travaux forcés pour infanticide, a constaté l'APS.
La Cour a également condamné sa mère Fatoumata Bineta Sané et son père Salifou Konté, à 6 mois d'emprisonnement pour infraction à la loi sur les inhumations.
En détention provisoire depuis le 1er avril 2011, les parents recouvrent donc la liberté. Cependant, ils ont été acquittés par la Cour pour le délit d'infanticide.
Le 30 mai 2011, des éléments du commissariat urbain de Kolda ont été informés d'un infanticide commis par Kadessa Konté par une personne désirant gardé l'anonymat.
La mise en cause, âgée de 23 ans aujourd’hui, a déclaré qu'elle a accouché dans la nuit du lundi 28 mars au environs de 22 h. Elle a d'abord déclaré aux enquêteurs que l'enfant était inerte à sa naissance.
Kadessa Konté a ensuite avoué que c'est elle-même qui avait arraché le cordon ombilical du bébé en lui fermant la bouche, le nez avec sa main gauche pour étouffer ses cris jusqu'à ce que mort s'en suive.
Devant le juge d'instruction, elle est finalement revenue sur ses déclarations en affirmant que l'enfant est mort-né. Elle a soutenu n'avoir jamais étouffé le nouveau-né.
Fatoumata Bineta Sané a abondé dans le même sens que sa fille aussi bien à la police qu'à l'instruction, en affirmant que l'enfant n'était pas vivant à sa naissance. C’est la raison pour laquelle, ils ont enterré le nouveau-né dans leur domicile prés des toilettes.
Salifou Konté a confirmé les propos de son épouse en précisant qu'ils n'ont jamais eu l'intention d'aider leur fille pour commettre l'infanticide.
Kadessa Konté a déclaré à la barre qu'elle apprise son état de grossesse de 2 mois à la suite d'une visite médicale. Elle s'en ouverte à sa mère au septième mois de sa grossesse.
L'accusée a déclaré qu'elle a donné naissance à un mort-né, en précisant que c'est elle-même qui l'a enterré derrière les toilettes. Selon elle, c'est la matrone venue à son aide qui l'a informé que l'enfant n'était pas vivant.
A la question du président, pourquoi elle n'a pas fait de visites prénatales, Kadessa Konté a répondu qu'elle ne voulait pas que ses parents soient au courant de sa grossesse.
Fatoumata Bineta Sané a déclaré à la barre qu'elle n'a été informé de la grossesse de sa fille qu'à une semaine de son accouchement. Elle a réitéré ses propos en soutenant que l'enfant n'était pas vivant et viable à sa naissance.
Salifou Konté a déclaré que c'est lui-même qui a défoncé la porte de la chambre quand ils ont entendu les cris stridents de sa fille.
Il a démenti Kadessa Konté en faisant savoir à la Cour que c'est lui et sa femme qui ont enterré le nouveau-né dans leur domicile prés des toilettes, tout relevant qu'il ignorait que cela relève d'infraction.
La matrone Khadidiatou Sané, qui est leur voisine, a témoigné à la barre qu'elle avait conseillé à ses parents d’amener Kadessa et son bébé à l’hôpital.
Elle a soutenu ne pas être en mesure de déclarer à la Cour si l'enfant était vivant à sa naissance.
L'avocat général Djibril a requis 5ans de travaux forcés contre Kadessa Konté pour les délits d’infanticide.
Le représentant du ministère public a demandé à la Cour d'acquitter Fatoumata Bineta Sané et Salifou Konté pour la complicité d'infanticide.
Cependant, le magistrat a estimé qu'ils sont coupables du délit d'infraction à la loi sur les inhumations, et demandé leur emprisonnement pour un mois ferme.
Me Prosper Djiba a demandé l'acquittement de Kadessa Konté pour le crime d'infanticide et Fatoumata Bineta Sané et Salifou Konté pour leur complicité.
La Cour a finalement condamné Kadessa Konté à 5 ans de travaux forcés pour infanticide et à 6 mois d'emprisonnement ferme à Fatoumata Bineta Sané et Salifou Konté pour infraction à la loi sur l'inhumation.
Cependant, les parents de Kadessa Konté ont été acquittés par la Cour sur le délit de complicité d'infanticide.