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Abdoulaye Diouf SARR, Ministre de la Santé : « Nous avons lancé une importante commande d’acquisition de respirateurs artificiels et d’équipements… »
Publié le mardi 31 mars 2020  |  Le Soleil
Clôture
© aDakar.com par DF
Clôture du séminaire international sur le climat
Dakar, le 12 septembre 2015 - La cérémonie de clôture du séminaire international de deux jours sur le climat s`est tenue aujourd`hui à Dakar. La rencontre était organisée par l’Association des maires du Sénégal (AMS), l’Association internationale des maires francophones (AIMF) et le gouvernement sénégalais. Photo; Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la gouvernance locale
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Le Sénégal va renforcer son plateau technique pour prendre en charge les éventuels cas graves de patients infectés par la maladie à coronavirus. L’information a été donnée par le ministre de la Santé et de l’Action sociale qui a affirmé, au cours de cet entretien, que le Sénégal va acquérir des respirateurs artificiels et des équipements de réanimation.

Quelle est votre appréciation des dernières mesures prises par le Chef de l’État, notamment l’état d’urgence assorti du couvre-feu ?

Une appréciation positive. Pour deux raisons essentielles, elles sont complémentaires et graduelles et sont en phase avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms). Nous profitons de l’occasion pour remercier le Président de la République qui, dès les premières heures, a compris les enjeux et n’a pas lésiné sur les moyens pour que notre pays puisse faire face au Covid-19. Pour rappel, Il s’agit des mesures suivantes : le renforcement de la communication et de la sensibilisation des populations pour l’adoption des mesures de prévention (gestes barrières, hygiène des mains et distanciation sociale).

Dans un premier temps, il y a le renforcement des contrôles aux points d’entrées terrestres, maritimes et aériennes avec un focus sur l’Aéroport international Blaise Diagne par la mise en place de caméras thermiques et d’équipes chargées du contrôle sanitaire équipées de thermo-flashs, la surveillance particulière des passagers venant des pays touchés avec l’appui important de la Direction de la police de l’air et des frontières. Parmi ces mesures, il faut aussi noter la limitation des liaisons aériennes venant des pays avec une forte transmission dans un premier temps et, dans un deuxième temps, la suspension de toutes les liaisons aériennes, à l’exception, bien sûr, des vols cargo, sanitaires et spéciaux. À cela s’ajoute l’interdiction des bateaux de croisières, la fermeture des frontières terrestres et l’interdiction des rassemblements quel que soit le type. Pour freiner les contaminations communautaires et les cas importés, le Gouvernement a instauré l’état d’urgence et le couvre-feu.

Est-ce que ces mesures permettront de maîtriser l’épidémie ou de réduire le nombre de cas, surtout ceux issus de la transmission communautaire ?

C’est ce que nous souhaitons. Nous ferons une première évaluation rigoureuse de l’effet de ces mesures sur la dynamique de l’épidémie à la fin des deux premières semaines qui suivent l’arrêt des liaisons aériennes, qui correspondent, en gros, à la période d’incubation de la maladie qui est de 14 jours.

Si la tendance est bonne, nous les maintiendrons le temps nécessaire. Sinon nous jugerons qu’elles ne suffisent pas et donc elles devront être renforcées. Nous ferons, dans ce sens, des recommandations au Président de la République. Les cas dits communautaires, c’est-à-dire les cas que nous n’avons pu rattacher à une transmission connue, constituent un problème.

Pouvez-vous nous faire la situation des contributions données par des institutions, des Sénégalais et des partenaires pour vous aider à faire face à l’épidémie du Covid-19 ?

La situation des dons à la date du 27 mars 2020 se présente comme suit : un montant de 1.353.930.785 FCfa reçu dans les comptes du ministère de la Santé et de l’Action sociale et publié sur le site dudit ministère. Ce montant sera viré dans le compte Force-Covid-19 du ministère des Finances en ce début de semaine par mes services. Un lot de matériel de détection, de protection, des solutions et gels hydro-alcooliques et divers autres produits est reçu et réparti entre les centres de traitements, les régions médicales pour les districts et hôpitaux en appui au stock déjà mis à disposition par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, mais également sur le plan communautaire pour la prévention et la sensibilisation. Mais nous avons un reliquat de versement de dons reçu dans les comptes du ministère de la Santé que le comité est en train de finaliser pour en communiquer et le verser au ministère des Finances et du Budget.

Le débat sur l’utilisation des fonds collectés dans la lutte contre le Covid-19 est soulevé par beaucoup de gens. Quelles sont les assurances que vous donnez par rapport à ces inquiétudes ?

Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a mis sur place une commission en charge de la gestion des dons Covid-19, pour la réception et la proposition de la répartition des dons en nature. Cette commission est assistée d’un huissier de justice pour certifier tous les actes posés dans cette gestion. Cette commission rend compte et permet au ministère de la Santé de communiquer sur la situation des dons à tout moment. La liste de tous les donateurs en espèce est déjà publiée. La liste des donateurs en nature le sera aussi sur le site du ministère. Tout l’argent collecté au compte Covid-19 du ministère de la Santé sera viré dans le compte « Force-Covid-19 » du ministère des Finances et du Budget.

Pourquoi le ministère des Finances et du Budget reçoit des donations maintenant alors qu’il s’agit d’une question de santé pour laquelle vous devez évaluer les besoins et faire des commandes ?

Il n’y a aucun problème à ce niveau parce que le ministère de la Santé et de l’Action sociale s’adresse, pour ses dépenses à effectuer, au ministère des Finances et du Budget. Le Président de la République a mis en place un fonds « Force-Covid-19 » logé au ministère des Finances qui gère toutes les ressources budgétaires de l’État du Sénégal. Dans un souci de transparence, mon département a décidé de verser toutes les contributions au dit ministère.

Où en êtes-vous avec l’acquisition des respirateurs artificiels ?

Dès le début de l’épidémie, mon département a pris l’option de doter les centres de traitement de Fann et du pôle mère enfant de Diamniadio, d’équipements de réanimation pour la prise en charge des cas graves. C’est ainsi que des lits de réanimation ont été aménagés au Centre de traitement (Cte) de Diamniadio (pôle mère enfant) pour prendre en charge des cas graves avec tous les équipements nécessaires. Il s’agit, entre autres, des respirateurs, aspirateurs de mucosités, scopes multiparamétriques, pompes à perfusion, seringues électriques, défibrillateurs, appareils d’électrocardiogramme, radiographie mobile. Ces équipements sont déjà livrés. Nous sommes aussi en train de mettre à niveau le service de réanimation du service des maladies infectieuses avec six lits et quatre respirateurs, et tous les autres équipements de réanimation. Il y a aussi le réaménagement à l’hôpital Fann avec la mise à disposition des services de réanimation au service de chirurgie cardiovasculaire avec un minimum de 20 lits déjà équipés et fonctionnels. Nous travaillons aussi à l’aménagement des Cte avec la possibilité de prendre en charge des cas graves avec au moins quatre postes de réanimation dédiés par site. Par ailleurs, le ministère a lancé une importante commande pour l’acquisition de respirateurs artificiels et d’autres équipements de réanimation. Mais avec la fermeture des frontières et les besoins très importants dans les pays développés, certaines lenteurs sont notées dans les délais de livraison. Je voudrais signaler également que tous les hôpitaux sont en train de réorganiser leurs services de réanimation avec les équipements disponibles pour prendre des malades en cas de nécessité.

Est-ce que le Sénégal dispose d’assez de masques, ces outils de protection les plus utilisés par les populations ?

Le Gouvernement du Sénégal, à travers mon département, a pris les mesures idoines par rapport à cette question sur les équipements de protection. Aujourd’hui, la Pharmacie nationale d’approvisionnement et le Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) ont pris les dispositions nécessaires pour éviter toute rupture en matériel de protection que ce soit les combinaisons, les masques chirurgicaux … Ce, en dépit de la tension mondiale liée à la raréfaction de ces intrants sur le marché mondial. En plus de l’effort de l’État dans ce domaine, il faut saluer la contribution de personnes physiques ou morales qui ont acheté et mis à la disposition du ministère de la Santé et de l’Action sociale des équipements de protection et autres produits essentiels dans la lutte contre le Covid-19. Je dois aussi me réjouir de l’accompagnement des partenaires techniques et financiers qui ont contribué ou qui continuent encore à nous livrer des équipements de protection et d’autres types de matériels et d’équipements dont nous avons besoin. Je dois remercier aussi chaleureusement M. Jack Ma, ancien Pdg du Groupe Alibaba pour son appui aux pays africains et au Sénégal qui, en particulier, a reçu un important don composé de milliers de masques, de kits de diagnostic rapide, et 1000 combinaisons.

Le Sénégal compte combien de lits de réanimation pour les patients qui pourraient voir leurs cas s’aggraver ?

Comme mentionné plus haut, notre stratégie consiste à prévoir, dans chaque centre de traitement, au moins, quatre lits dits « lits « chauds » dotés d’équipements de réanimation avec l’appui des anesthésistes réanimateurs, des médecins urgentistes et du Samu national. C’est le cas au Chn de Fann, au centre hospitalier de Diamniadio et à Touba. Nous avons également prévu, en cas de nécessité, de monter en puissance avec les capacités en lits de réanimation déjà existantes et fonctionnelles à l’hôpital Principal de Dakar, à l’hôpital général Idrissa Pouye de Grand Yoff, à l’hôpital Aristide Le Dantec et celui d’Enfants Albert Royer (pour les éventuels cas graves pédiatriques) et dans tous les établissements publics de santé régionaux.

Quelles sont les dispositions prises par votre département en cette période de crise sanitaire pour protéger le personnel de santé ?

La protection du personnel de santé est primordiale. Elle constitue l’une des bases fondamentales de notre stratégie de riposte. Les mesures prises pour la protection des personnels de santé ont commencé très tôt durant la phase de préparation de notre pays à l’épidémie par l’orientation de tous les prestataires, la mise à leur disposition de fiches techniques sur la maladie et sur les mesures de prévention. Toutes les régions médicales ont reçu très tôt une dotation initiale de 50 équipements de protection individuelle (Epi) suivie d’autres dotations en fonction de leur utilisation. Il est important, aujourd’hui, que les comportements soient adaptés à la pratique quotidienne de soignant en tenant compte des nouvelles menaces épidémiques comme Ébola ou encore le Covid-19. Notre personnel doit systématiquement penser à sa propre protection conformément aux bonnes pratiques apprises dans les écoles de formation.

Comment se fait la reconstitution de l’itinéraire des cas issus de la transmission communautaire ?

Pour le moment, elle est effectuée par les équipes d’investigation des districts sanitaires appuyées par le niveau central. Elle repose sur l’interrogatoire des cas communautaires en essayant de reconstituer leur parcours pendant les quatorze jours précédents et en recoupant les informations. Mais cela n’est pas suffisant. C’est pourquoi nous sommes en train de réfléchir à des solutions innovantes pour voir comment trouver une solution moderne à ce problème quand on sait que ces cas communautaires ont probablement été en contact avec des malades confirmés. La maîtrise de l’identification exhaustive des contacts, leur confinement rapide, leur suivi régulier et les tests effectués sur eux au moment opportun, quand ils deviennent des cas suspects, nous permettront de maîtriser le plus rapidement possible la propagation de la maladie.

Propos recueillis par Eugène KALY
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