Talibés, enfants de la rue, mendiants, handicapés, sans-abris : des groupes vulnérables livrés à eux-mêmes face au contexte de Covid-19. «Faute de moyens», ils se retrouvent incapables de respecter les mesures édictées face au coronavirus. Immersion dans le quotidien de ces groupes vulnérables en cette période d’une pandémie qui fait ravage dans le monde.
Assis en face de la mosquée Liberté 6 à côté du Camp pénal, natte étalée sur le sol et chapelet à la main, Mamadou Diaw, un habitué des lieux depuis 9 ans dit avoir eu vent de la maladie qui est en train dans le pays et connaitre certains mesures d’hygiène concernant le virus. « Il faut éviter les rassemblements, il faut se laver les mains avec du savon et éviter de beaucoup sortir de chez soi et si tel est le cas, il faut porter des masques et des gants», explique le vieux. Est-ce qu’il respecte toutes ces mesures ? Le septuagénaire de faire savoir alors que les moyens ne sont pas là pour respecter toutes les mesures. « Je n’ai pas d’argent pour accomplir toutes ces recommandations et je ne peux pas rester chez moi parce que j’ai une famille à nourrir. Du coup, même si je risque de choper la maladie en errant dans les rues, il le faut. Vraiment, notre situation est précaire», déplore Mamadou avec la mine triste.
Allant plus loin, il interpelle le gouvernement pour une assistance réelle aux personnes démunies. A quelques encablures, plus précisément à Rond-point 6, on retrouve Fatou Binetou Ressoul accompagnée de trois enfants, à la salubrité des vêtements déplorable, qui sont en train de manger de la bouillie dans un bol pas du tout hygiénique. Au courant de la maladie et des mesures d’hygiène édictées, la dame répond elle aussi que les moyens ne sont pas là pour les respecter. «Oui effectivement, je connais la maladie mais ça demande beaucoup d’argent pour être épargné alors que moi, je n’ai même pas de quoi donner à manger ce soir à mes enfants. Alors comment je vais faire pour acheter des antiseptiques, des gants ou des masques pour protéger mais enfants et moi. Je laisse ca entre les mains de Dieu, il va nous protéger», déplore l’habitante de Khar Yalla.
Dans un autre quartier, plus précisément à Dieuppeul dans la capitale sénégalaise, à la mosquée de Dieuppeul, Fatoumata Ndong est bien intaillée sur sa chaise roulante. La dame qui vit avec un handicap est au courant de la maladie, mais mère de famille qu’elle est, elle ne peut pas rester chez elle. « Que tu sois vieux ou jeune, personne ne veut mourir mais soutien de famille que je suis, je ne peux pas rester chez moi les bras croisés. On m’a donné tout à l’heure 1000 francs, j’ai appelé ma fille pour qu’elle prépare quelque chose avec. Si je restais à la maison, je n’aurais pas ces 1000 Francs-là » explique la dame .
Allant plus loin, elle demande à l’Etat de les aider. «Si on nous donnait des sacs de riz et un peu d’argent et qu’on paye nos loyers et si l’Etat demandait de rester à la maison, le temps qu’il faut, nous le ferons». Nous sommes dans un Daara, à la Medina. En face, un groupe d’enfants sont regroupés sur une natte, des habits en haillons et sales. Interrogés sur la maladie, les quelques talibés trouvés sur les lieux ont pour seule réponse qu’ils ne sont pas au courant de la maladie.
Voulant parler avec leur responsable, le « Serigne de daara », celui-ci refuse de se prononcer sur le sujet. En revanche pour Moussa Diallo, éducateur de Coran à la grande mosquée Omarienne, l’hygiène des talibés est plus renforcée: « quand les talibés rentrent, la première chose qu’ils vont faire, c’est se laver les mains avec de l’eau et du savon », précise le marabout, avant de révéler qu’«il n’est au courant d’aucune aide venant de l’extérieur pour les accompagner.