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Au-delà du Covid-19, l’urgence de bâtir un système de santé solide
Publié le vendredi 27 mars 2020  |  senenews.com
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© Ministère par DR
Le ministre de la Santé confirme le cas de coronavirus détecté au Sénégal (Officiel)
Dakar, le 2 mars 2020 - Le ministre de la Santé et de l`Action sociale a animé, ce lundi 2 mars 2020, une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé la découverte d`un cas de coronavirus.
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S’il y a une leçon à tirer de l’apparition au Sénégal du Covid-19, c’est bien la faiblesse de notre système sanitaire. On ne tiendrait pas si la situation devait rester la même pour un mois. La politique de santé qu’ont développée les régimes successifs depuis l’indépendance a toujours été défaillante. En vérité, les réalisations de l’Etat du Sénégal sur le plan sanitaire se sont toujours révélées insuffisantes. C’est ce qui explique le recours récurrent à l’expertise française et marocaine de nos guides religieux et hommes politiques quand ils tombent malades. Question vitale pourtant, la santé devrait capter des ressources assez conséquentes pour soulager les usagers. Il est, de ce fait, urgent de bâtir un système de santé solide avec un plateau médical standard et la motivation du personnel de santé.
S’il y a une leçon à tirer de l’apparition au Sénégal du Covid-19, c’est bien la faiblesse de notre système sanitaire. On ne tiendrait pas si la situation devait rester la même pour un mois. La politique de santé qu’ont développée les régimes successifs depuis l’indépendance a toujours été défaillante. En vérité, les réalisations de l’Etat du Sénégal sur le plan sanitaire se sont toujours révélées insuffisantes. C’est ce qui explique le recours récurrent à l’expertise française et marocaine de nos guides religieux et hommes politiques quand ils tombent malades. Question vitale pourtant, la santé devrait capter des ressources assez conséquentes pour soulager les usagers. Il est, de ce fait, urgent de bâtir un système de santé solide avec un plateau médical standard et la motivation du personnel de santé.

Le séjour médical des personnalités sénégalaises à l’étranger
Il n’y a pas besoin de brandir des preuves autres que les séjours répétitifs de nos personnalités en terre française ou marocaine pour se soigner. Nombre d’entre elles ont trouvé poussé leur dernier soupir dans les hôpitaux étrangers. En effet, faute de pouvoir trouver une infrastructure médicale capable de les soigner, nos chefs religieux et politiques ont été nombreux à faire recours à l’expertise médicale étrangère. Le décès en France d’Ousmane Tanor Dieng au mois de juillet dernier et l’internement de l’ancien Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne avaient provoqué le ressentiment de certains qui voyaient en cela l’échec de nos acteurs quant au secteur de la santé publique.

De l’indépendance à nos jours, aucun gouvernement n’a fait de la Santé sa priorité afin de renverser la courbe. Sauf si l’on veut être nihiliste, on n’affirmera pas que les gouvernements n’ont rien fait ; ce serait manquer de clairvoyance au moment où le personnel de santé parvient à gérer les cas positifs au Covid-19 et autres malades avec professionnalisme. Cependant, il est de notoriété publique que tous les régimes ont failli à leur mission en n’ayant pas érigé la santé au rang de sur-priorité. Celui du président Sall est interpelé d’autant plus qu’il a toujours été acculé par les syndicats des personnels de santé depuis quelques années.

Un gâchis de ne pas avoir investi dans la santé
Le péché mignon de tous ces régimes est donc cette politique peu regardante de la santé publique. Le système sanitaire est relégué au second plan malgré son caractère sérieux. Chaque régime a eu son domaine de prédilection pour l’investissement et depuis l’an 2000, ce sont les infrastructures routières, sportives et culturelles qui captent l’essentiel de nos ressources. Aucun hôpital d’envergure n’est créé depuis quelques années. En privilégiant les stades et autoroutes au détriment d’infrastructures hospitalières, le président Sall a semblé faire le choix de la politique populaire à celle salvatrice.

Réagissant au décès d’Ousmane Tanor Dieng, l’activiste Guy Marius Sagna avait posté sur sa page Facebook ceci : « mourir dans un hôpital de l’ancienne puissance coloniale alors qu’ils ont eu le temps pendant 59 ans de doter ce pays de structures hospitalières dignes de ce nom !!! Quel gâchis ». Ce cri de détresse est assez expressif de la situation actuelle de nos hôpitaux que nos autorités désertent à qui mieux mieux pour aller se faire traiter en terre étrangère. Au moment où ces privilégiés de la république se soignent dans des structures bien-équipées, les hôpitaux sont devenus des mouroirs pour les « pauvres citoyens sénégalais qui n’ont pas accès aux fonds politiques, aux fonds des institutions budgétivores », pour paraphraser M. Sagna.

Relever le plateau médical et recruter plus de personnel
A côté du secteur de l’éducation, la santé demeure le domaine où l’on compte le plus de mouvements d’humeur. Pourtant, tous convergent sur le fait qu’elle soit un secteur névralgique de tout pays. Sans politique de sanitaire solide, il n’y a pas à espérer l’émergence puisque la population évoluera dans une vulnérabilité absolue. C’est pourquoi il est urgent de faire la radioscopie du système de santé de notre pays et recourir aux remèdes qu’il faut afin de le sortir de l’agonie. Le secteur public de santé, tout le monde le sait, est gravement malade.

Il n’y a pas longtemps, un reportage de SeneNews sur l’insuffisance rénale au Sénégal m’avait convaincu sur la pauvreté en matériel et en personnel qualifié de nos hôpitaux. Ledit reportage montrait que le Sénégal trainait le pas sur la question relative à la prise en charge correcte de l’insuffisance rénale. Dans beaucoup d’hôpitaux, le constat est le même : manque de médecins spécialistes et insuffisance de matériels adéquats pour traiter les patients notamment pour ce qui est de l’hémodialyse. Si le Covid-19 devenait plus inquiétant, il n’y a pas de doute que le pays serait éprouvé pour cause de manque de matériels et de personnels qualifiés.

Il arrive souvent que l’Etat, pour des raisons pécuniaires, refuse ou retarde le recrutement de prestataires en soins. Cette politique attentiste crée un gap énorme qui tournait autour de 18000 prestataires en 2014. En effet, à cette date, le ratio était de 1 médecin pour 12 374 habitants. Pourtant, l’expertise ne manque pas avec la formation de qualité qu’offre l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar depuis toujours. Depuis une décennie, l’Université Gaston Berger de Saint-Louis s’est inscrite dans cette logique de fournir un personnel de santé qualifié à l’Etat du Sénégal. C’est à ce dernier de se départir de sa politique économe, de se donner les moyens de sa politique et de recruter un nombre à même de faire face à la demande sanitaire de ce pays. Il ne sert à rien de former pour les balancer dans les affres du chômage alors que le pays peut et doit les recruter.

La nécessité de motiver le personnel médical
C’est devenu une habitude pour le personnel médical de ruer dans les brancards pour exiger plus de considérations. Aussi bien les membres du Sames, du Sutsas que ceux de la plateforme « And Gueusseum », les agents de la santé n’ont cessé de demander à l’Etat de revoir sa copie quant à la gestion de leur secteur. En 2018, « And Gueuseum » avait observé pas moins de 16 plans d’actions pour le respect des accords qu’ils ont durement arrachés au gouvernement de Macky Sall. Il s’agissait entre autres du paiement intégral des arriérés de salaires des contractuels de la JICA et du plan COBRA, l’ouverture des négociations sur le régime indemnitaire, l’allongement de la retraite à 65 ans, etc.

Aujourd’hui que le monde est mis à l’épreuve, on comprend mieux que la santé est le secteur-clé du développement. Directement ou indirectement, elle influe sur la performance attendue dans les autres domaines de la vie socio-professionnelle. C’est d’ailleurs ce qu’a compris le président français, Emanuel Macron avec son discours solennel d’hier où il fait clairement son mea-culpa pour ne pas avoir accordé au secteur de la santé l’attention qui lui est due. Il s’engage à rectifier le tir avec des décisions importantes.

Il faut que, à toutes les échelles, le président Sall travaille à mettre ces acteurs de la santé dans les meilleures conditions. Ils ne font pas moins de travail que les magistrats et inspecteurs des impôts par exemple, ni en terme de quantité ni en terme de qualité. Leur apport est même plus considérable alors qu’ils ne récoltent que des miettes. Primes, indemnités ou hausse de salaire ? C’est à l’Etat de choisir. Mais ce qui est indéniable c’est que la santé doit reprendre d’urgence sa place dans ce pays afin que les acteurs puissent travailler le cœur léger. Au-delà du Covid-19, il nous faut donc bâtir un système de santé solide qui puisse rivaliser avec celui du Maroc dont un nombre important de médecins a été formé à l’UCAD par nos propres spécialistes.
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