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Des transporteurs sénégalais bloqués en plein désert entre Casablanca et Dakar
Publié le jeudi 26 mars 2020  |  LeMonde.fr
Célébration
© aDakar.com par PMD
Célébration de la Journée des transporteurs
Dakar, le 16 février 2020 - Le Chef de l`État a présidé, samedi, la journée des transporteurs. Le Président Sall a, par ailleurs, rappelé aux chauffeurs de transport en commun la nécessité d`adopter des comportement responsables sur la route pour éviter les nombreux cas d`accident.
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Les frontières terrestres se ferment de plus en plus entre les pays africains, bloquant la route à des centaines de transporteurs sénégalais qui commercent avec le Maroc.

Coincé dans le petit village de Bir Gandouz, en plein Sahara à 80 kilomètres de la frontière entre le Maroc et la Mauritanie, Alioune, transporteur sénégalais, a la voix tremblante au téléphone. « Nous sommes en galère, nous n’avons ni à manger ni à boire, les hôtels sont fermés, on dort dans les voitures battues par le vent de sable », résume-t-il.

Au volant de sa camionnette chargée de marchandises, il faisait comme d’habitude les 3 000 kilomètres entre Casablanca et Dakar par la Mauritanie, avec à son bord neuf hommes et quatre femmes, dont une enceinte. Son véhicule a « d’abord été bloqué deux jours au poste frontière de Guerguerat » entre Sahara occidental et Mauritanie, puis les autorités marocaines lui ont demandé de remonter vers la ville de Dakhla, à 360 kilomètres.

« Mais je n’avais pas assez d’argent pour payer le carburant, se désespère le chauffeur, qui a dû s’arrêter en plein désert avec six véhicules dans la même situation. Nous avons appelé le consulat du Sénégal au Maroc pour être rapatriés chez nous ou recevoir de l’aide. Mais ils ne répondent pas. »

Brûler du carburant pour rien
Un retour vers le Sénégal semble de plus en plus improbable pour cette dizaine de ressortissants sénégalais, puisque le Maroc a décidé de fermer ses frontières mercredi 18 mars, jusqu’à la fin de la pandémie de Covid-19. Trois jours plus tard, la Mauritanie a suivi, supprimant les passages avec le Sénégal. Ce qui explique la situation d’Alioune.

Quand ces mesures ont été annoncées, Cheikh, un autre transporteur sénégalais, était déjà sur la route. « J’avais déjà bien avancé quand un ami m’a appelé pour m’avertir que le poste de Guerguerat était désormais fermé », précise-t-il. Désespéré d’avoir brûlé du carburant pour rien, il a fait demi-tour à Dakhla, en plein Sahara, à plus de 1 600 kilomètres de Casablanca d’où il était parti quelque jours plus tôt.

Cheikh est en meilleure posture qu’Alioune. Lui est rentré dans son appartement casablancais, en confinement, sa camionnette garée dans son quartier, chargée de cartons remplis de djellabas, babouches, savon marocain et déodorants. Elle ne bougera pas de sitôt puisqu’au Maroc, l’état d’urgence sanitaire a été déclaré vendredi 20 mars.

Des montagnes de marchandises

« Avec mes deux véhicules, je fais normalement au moins un aller-retour par mois entre Casablanca et Dakar », se désole Cheikh, qui fait le trajet depuis 2002, profitant de l’accord commercial maroco-sénégalais de 1963 qui exonère certains produits de droits de douane. Depuis le Maroc, il transporte des vêtements traditionnels, articles artisanaux, chaussures, jouets ou articles en matière plastique. Dans l’autre sens, il remonte arachides et tissus wax, noix de cajou et poissons séchés.

Et ils sont des dizaines comme lui à faire la navette au volant de leurs fourgonnettes, souvent surmontées d’une montagne de marchandises enveloppées d’une bâche bleue. Le Maroc est l’un des principaux fournisseurs du Sénégal. En 2017, 86 millions d’euros de marchandises ont transité entre ces deux pays. La balance commerciale entre les deux demeure largement déficitaire pour le Sénégal, négative de 4,788 milliards de francs CFA (environ 7,3 millions d’euros) en janvier 2020.

C’est le cas encore d’Aboubakar. Ce Sénégalais est lui aussi coincé au Maroc avec marchandises et passagers. Redescendu jusqu’à Agadir, à 548 kilomètres de Rabat où il a un appartement, il ne trouve plus le sommeil, inquiet du loyer à payer et de la nourriture à acheter. « J’ai encaissé mes clients mais entre le carburant, les dépenses sur la route et le stockage des cartons, j’ai déjà perdu beaucoup d’argent », s’inquiète celui qui habite Rabat depuis quatre ans avec sa belle-mère, femme de ménage.
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