Au Sénégal, le coronavirus continue sa progression. Si des mesures sanitaires et administratives très strictes sont prises par les autorités, certaines couches vulnérables de la population comme les enfants mendiants talibés et les prisonniers sont dans des conditions délicates.
À Dakar, l'inquiétude grandit de plus en plus depuis l'apparition de cas issus de la contamination communautaire. Pour beaucoup de Sénégalais, il est essentiel de protéger les personnes les plus vulnérables.
Plusieurs associations de jeunes se sont ainsi lancées dans une campagne de prévention au profit de ces personnes qui vivent dans des conditions difficiles.
Pour Mira Fall, c'est une solidarité spontanée que les populations ont eu en prenant des "dispositions pour aider les talibés, les personnes diminuées" en l'absence des mesures spécifiques prises par l'État dans ce sens.
Des associations à l'aide des talibés
Pour éviter que des milliers d'enfants continuent de mendier chaque jour dans les rues de Dakar, l'équipe de l'association "Aidons les talibés" est en première ligne.
Mouhamed Dieng, président de l'association, explique que ses membres sillonnent les daaras (écoles coraniques) où logent les talibés pour distribuer des kits sanitaires. A travers le projet "zéro mendicité", l'association travaille avec les daraas pour que les maîtres coraniques confinent les enfants pendant quelques semaines, explique Mouhamed.
Par ailleurs, les jeunes bénévoles ont aussi fourni aux daraas des produits désinfectants comme l'eau de javel et les détergents afin de renforcer la lutte contre le coronavirus.
Inquiétudes dans le milieu carcéral
A la prison de Reubeuss à Dakar, le risque d'un "désastre" humanitaire est réel, selon un ex-détenu récemment élargi qui a requis l'anonymat.
"Je suis sorti il y a quelques jours et je peux vous dire que les prisonniers sont particulièrement préoccupés par cette situation", confie-t-il d'entrée. Même s'il reconnaît que les contacts avec l'extérieur sont "limités avec l'arrêt des visites", l'ancien détenu soutient que "personne n'est à l'abri dans les prisons, surtout à Reubeuss qui est surpeuplée".
Pour parer d'éventuels cas de contamination dans les prisons, l'administration pénitentiaire a déjà pris la décision de suspendre les visites pour 15 jours. Les détenus pourront toutefois téléphoner gratuitement à leurs proches et voir leurs avocats.
Cependant cette situation dans les prisons risquent d'être aggravée par la suspension des audiences à cause du coronavirus. Une inquiétude partagée par la section sénégalaise de l'ONG Amnesty International, qui souligne que les lieux de détention vont être saturés si le système judiciaire reste longtemps paralysé par le covid-19.