La mesure d’interdiction de la vente de pain, au niveau des boutiques, est entrée en vigueur hier, lundi 23 mars, à Dakar. Celle-ci fait suite à l’annonce faite par le ministère du Commerce, en marge d’une rencontre le 21 mars dernier, avec la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS), et des associations de consommateurs. Une mesure que les Sénégalais ont saluée à sa juste valeur. Toutefois ils sont déjà confrontés à un problème d’approvisionnement car c’est le grand rush au niveau des boulangeries.
Sur la devanture de la boulangerie pâtisserie El Mansour, hier matin, une Dame, sous le couvert de l’anonymat et tout à fait derrière une longue queue nous affirme que « pour une mesure prise dans le cadre de lutter contre le coronavirus, personnellement je n’y vois aucun inconvénient, si ce n’est pas un avantage. Au début, il y aura une forte influence mais plus on avance, la situation va se rétablir. Cela est dû peut-être au fait que les enfants sont en vacances et que les gens ont le plus besoin de pain, mais après la situation va se rétablir et également, c’est à saluer si vraiment c’est dû au coronavirus ».
En l’interpellant sur la quantité de la production, cette dernière souligne que ce serait un avantage pour les boulangers, déjà qu’ils avaient un problème pour écouler leurs pains, c’est-à-dire cette situation leur permettra d’améliorer leur production et également ça sera à l’avantage des Sénégalais, en matière sanitaire et aussi de qualité de pain, surtout les boulangeries pâtisseries qui produisent du bon pain ».
Contrairement à cette dernière, une autre dame, sur le même lieu, fatiguée par la longue attente fustige : « c’est trop difficile, cette situation n’arrange pas les sénégalais. En fait, au Sénégal, beaucoup n’ont pas suffisamment de moyens pour faire face. Prions que le bon Dieu nous épargne très vite de cette maladie ». Quant à la rupture de l’approvisionnement en pain, cette dernière précise que c’est très difficile de vivre chaque jour cette longue attente et pour elle, les boulangers doivent s’organiser de telle sorte que les clients ne restent pas à attendre très longtemps. « Il faut également augmenter la production puisque c’est maintenant le lieu recommandé pour la vente », explique-t-elle.
Trouvé dans la même boulangerie, ce monsieur, voulant réagir sous le couvert de l’anonymat, informe qu’avec les longues queues constatées aujourd’hui, les Sénégalais trouveront beaucoup de problèmes pour se ravitailler en pain chaque jour. D’ailleurs, certains ont commencé à se plaindre de la longue attente. Toutefois, il précise que l’Etat doit aussi superviser le travail des boulangeries surtout sur le côté hygiène.
Plus loin, nous sommes à la boulangerie Fall du quartier Grand Dakar. Sur place, nous avons trouvé une demoiselle répondant du nom de Mbow, le visage triste, elle a trouvé le pain déjà fini. « En fait, je suis venue chercher du pain, on me dit que le pain est fini. Certes, je ne vois pas ici une autre boulangerie, mais je pense que l’Etat doit augmenter le nombre de boulangeries ou les obliger à multiplier la production du pain ».
Toutefois, elle ajoute : « le fait que l’Etat interdise la vente du pain dans les boutiques aussi me convient beaucoup, parce que déjà l’hygiène reste à revoir, et puis les boutiquiers viennent déposer leurs pains sans bien le couvrir et tout ça, tu l’achètes, tu ne sais même pas qu’est-ce qui est passé par là ou des fois, on te donne un pain après avoir touché l’argent de leurs mains, sur quelque chose qu’on ne peut pas laver, tu ne peux pas le faire autrement. Personnellement, je suis d’accord avec la mesure prise par le ministre. Qu’on laisse les boulangers vendre le pain, mais ce que je suggère aux boulangers, c’est de s’organiser de telle sorte qu’il y ait deux personnes. Une personne pour récupérer l’argent, une autre pour donner le pain, pour que ça ne soit pas la même personne qui touche l’argent et le pain ».
Parlant de la quantité de production, elle pense qu’ils doivent voir selon la demande. A l’intérieur de la boulangerie, un jeune du nom de Birahim Fall Diop renseigne : «je ne peux pas dire que le pain qu’on a produit aujourd’hui n’est pas suffisant mais c’est la demande qui a débordé et sur cela, je lance un appel à mes collègues boulangers à doubler la production afin de satisfaire les populations en pain».