Depuis quelques jours, notre pays retient son souffle parce que menacé sérieusement et pour la première fois par une dangereuse pandémie qui a montré toute sa force, en vainquant de grandes nations comme la Chine, l'Italie ou l'Espagne. Notre pays, le Sénégal, n'a pas les moyens économiques, logistiques et financiers pour faire face à une telle menace. Néanmoins, un fort sentiment patriotique et une bonne discipline peuvent fortement nous aider à nous en sortir.
Les gens doivent comprendre que l'état est bien dans son rôleen ceci qu'il a adopté une communication de crise avec un cadre juridique bien défini. D'une part, le ministère de la santé s'adresse quotidiennement à la population dans le but de la rassurer. D'autre part, il informe sur les dispositions et mesures déjà prises. Dès lors, nous devons comprendre que pour des raisons évidentes de sécurité nationale ou tout simplement de raison d'Etat, le ministère de la santé ne peut pas s'étendre dans sa communication en détaillant certains aspects sensibles liés à l'ampleur de la pandémie. Il nous revient à nous citoyens de savoir lire entre les lignes pour en déduire que la situation est d'une extrême gravité, au vu des derniers développements notamment la croissance fulgurante du nombre de contaminés par voie communautaire.
Cette pandémie est en train d'imposer sa loi et toute sa force à l'économie mondiale. C'est ce qui explique les mesures draconiennes et protectionnistes prises par la plus grande puissance de ce monde (USA) avec la décision historique et lourde de conséquences de couper tout lien aérien avec les pays d'Asie et d'Europe. En chine, pour la première fois depuis trente ans, on assiste à un arrêt total de l'essentiel des activités des entreprises; ce qui fait dire aux économistes que l'usine du monde est à l'arrêt. Cet état de fait va surement avoir des conséquences désastreuses sur les échanges avec un grand dérèglement du système économique mondial.
L'Europe vient de se rendre compte que sa puissance ne tenait qu'à un tout petit fil. Elle n'a plus d'autre solution que le confinement et la fermeture de ses frontières.
En ce qui concerne le Sénégal, le moment est venu pour toutes les couches de la population (politique, de la société civile, spirituelle, populations) de faire bloc autour des autorités dépositaires de la souveraineté pour que le plan de bataille et de riposte vienne à bout du fléau. Ce plan doit essentiellement être sous-tendu par deux choses:la discipline et le sentiment nationaliste.
Sous ce rapport, les acteurs politiques de tout bord ainsi que les principaux animateurs de la société civile doivent taire les divergences et se mettre à la disposition des gouvernants le temps que durera cette crise majeure. En effet, si on n'y prend pas garde, la pandémie va entrer le basculement de notre pays dans des lendemains très difficiles.
Se mettre à coté ou à disposition desgouvernants actuels ne signifie nullement abandon ou renoncement des ambitions politiques des uns et des autres. Cette posture permettra au peuple souverain de mieux choisir son type de gouvernant à l'occasion des prochains renouvellements de mandats. Présentement, le peuple Sénégalais a manifesté son désir de voir le coronavirus réconcilier l'actuel Président, Macky SALL, avec sa génération politique notamment Karim Wade, Ousmane Sonko, Khalifa SALL, Idrissa SECK, Pape DIOP, Abdou MBAYE, Pape DIOP entre autres. Le peuple voudrait également, dans ses moments, à l'image de ce qui s'est passé en France, que le Président SALL rende visite publiquement à son prédécesseur le Président WADE pour l'imprégner de la situation, recueillir ses conseils et l'inviter à se prononcer et se ranger de son côté pour l'intérêt national et dans cette importante bataille contre cette maladie.
Le Président SALL a une occasion de montrer à ses concitoyens et à l'opinion qu'il est un homme de consensus et de compromis sur des sujets d'intérêts majeurs, mais surtout qu'il peut être un véritable commandant en chef sur la tête de qui repose la survie de tout un peuple.
Quand à nos chefs religieux, le moment est venu pour eux d'adopter la posture des vénérés fondateurs de nos confréries qui, pour l'essentiel, ont vécu la période de l'épidémie de la grande peste de 1914. L'épidémie fut une catastrophe avec son lot de 1500 morts. Ces anciens et vénérés guides religieux, grâce à leurs sentiments de grands patriotes, avaient indiqué la voie à suivre malgré leurs divergences avec l'administration coloniale d'alors. Ils ont eu à collaborer avec celle-ci pour l'éradication de cette pandémie. À ce sujet, il serait bon de rappeler la posture de Seydi El Hadji Malick SY face aux refus des populations de Nguet Ndar de se faire vacciner. Il avait donné l'exemple en se faisant vacciner afin de les convaincre.
Par ailleurs, il avait aussi éteint l'énorme foyer de tension découlant de la création du quartier de confinement et de ségrégationPonty-villequ'il baptisera Médina. Quant au vénéré Cheikh Ahmadou Bamba, on se souvient encore des importantes prières qu'il avait formulé face à l'épidémie de peste, mais aussi de l'importante contribution financière qu'il avait offert aux colons durant la crise qui a suivi la première guerre mondiale
C'est pour toutes ces raisons que, dans ce contexte de crise sanitaire majeure, nos chefs religieux actuels et descendants de ces illustres vénérés doivent prendre la mesure exacte de la menace réelle. Ils doivent multiplier leurs sorties et discours autour du respect strict des règles et recommandations des structures étatiques.
Le sursaut national auquel nous appelons interpelle également les dépositaires ou délégataires de pouvoirs qui doivent s'inscrire dans une dynamique de gestion rigoureuse de nos deniers afin de prévenir la perspective de lendemains très difficiles. À cet effet, le décret présidentiel sur l'exemption de certaines dépenses des exigences du code des marchés publics ne doit pas constituer d'alibi à d'éventuels abus de gestion.