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Le Soleil N° 13184 du 7/5/2014

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Abdou Latif Coulibaly, ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, Porte-parole du gouvernement : « Attendons les locales pour voir si le Pds a ébranlé le pouvoir »
Publié le mercredi 7 mai 2014   |  Le Soleil


Abdou
© aDakar.com par DF
Abdou Latif Coulibaly, ministre chargé de la promotion de la bonne gouvernance, porte parole du gouvernement
Jeudi 20 mars 2014- Le délai de dépôt des candidatures au élections locales du 29 juin prochain est réduit à 60 jours au lieu de 80 jours contenus dans le code actuel, a annoncé jeudi à Dakar, le porte-parole du gouvernement Abdou Latif Coulibaly , précisant que le nouveau délai est fixé au 30 avril prochain.


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Invité de la réunion de réaction du Soleil hier, le ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, des Relations avec les Institutions et Porte-parole du gouvernement est revenu sur des questions de l’actualité politique. Dans cette première partie, il a saisi l’occasion pour clarifier certains aspects sur la venue du président Wade, sur les prochaines échéances locales, la transhumance politique, etc. Nous reviendrons sur les autres questions liées à la bonne gouvernance dans nos prochaines éditions.

Monsieur le ministre, avec la présence de l’ex-président Abdoulaye Wade, il semblerait qu’il y a des négociations en douce avec le régime actuel. Qu’en est-il au juste?
« Je voudrais commencer par préciser une chose importante. L’ancien président de la République est un citoyen sénégalais mais qui n’est pas un citoyen ordinaire. Parce qu’il a une posture et un statut d’ancien chef d’Etat. Ce statut-là, lui confère un certain nombre de droits. Il a un traitement mensuel décent; un traitement nettement trois fois au- dessus du traitement des ministres et même du Premier ministre en activité. Il a des avantages matériels importants (une garde rapprochée, des indemnités pour assurer un certain nombre de besoins, des services autour de lui), une protection rapprochée de l’Etat du Sénégal où qu’il se trouve dans le monde. Les honneurs lui sont dus et lui sont tout le temps rendus. Quand il arrive au Sénégal, il est accueilli au salon d’honneur. Je précise d’ailleurs que c’est sur sa demande ou plutôt sur une vaillante contestation de sa part que ce statut a été valorisé. Vous avez suivi, à travers la presse, l’ex-président dire, à l’époque, qu’il ne recevait pas un traitement digne de son statut. Cela ne correspondait pas à la réalité. En vérité, il recevait les prestations liées à son statut tel que ce statut a été défini et mis dans le droit positif sénégalais en 1981. Evidemment, ce traitement dont Abdou Diouf a bénéficié tout le temps qu’il est là, c’est le même traitement qui lui a été fait. Abdou Diouf, à l’époque, avec beaucoup de dignité et d’honneur, de responsabilité, a assumé ses fonctions, reçu ce traitement sans que personne ne l’ait une seule fois entendu parler de ce statut-là. J’avoue que ce n’est pas une mauvaise chose, c’est même une très bonne chose parce que la stature de l’homme, son statut, la fonction qu’il a assumée au Sénégal justifient amplement la décision du président de la République de valoriser ce traitement-là. Il y a également quelque chose qui est fondamentale, cette personne a parlé au nom du Sénégal, a incarné le pouvoir dans sa plénitude et dans ce qu’il a de plus sacré. Il est tout à fait normal que ce statut lui soit dévolu. En revanche, cet honneur lui impose, également, un certain nombre de suggestions et d’obligations qui sont intrinsèquement liées à l’acceptation d’incarner ce statut-là. Il faut afficher la posture pour avoir un statut. Maintenant libre à chaque citoyen de dire si la décision du président de la République d’être directement impliqué sur des questions d’enjeu national, politiquement parlant, et qu’il s’engage, de façon décisive, dans la politique, cela correspond au statut qu’il est censé incarner et à la posture qu’il est appelé à afficher. Personnellement, je crois que non. Ce qui fait qu’aujourd‘hui, en acceptant de descendre sur l’arène politique, comme il le fait naturellement, il est traité comme un opposant. Traité comme un opposant avec les droits qui lui sont dus, avec la classe qui doit lui être reconnue mais également avec la contrepartie qui est inhérente à la présence de tout acteur sur la scène politique. Maintenant, les gens disent qu’il est arrivé pour perturber le pouvoir, le pouvoir négocie. Je ne crois pas, honnêtement, à 90 ans, que l’ancien président dispose de ressorts (du point de vue politique, de son passé, et de ce qu’il a fait dans ce pays, au cours de ses 12 ans) conséquents pour déstabiliser un régime quel qu’il soit. Cela voudrait dire que le régime est extrêmement fragile; ce que je ne crois pas, car ce n’est pas du tout le cas. Pourquoi le régime devrait donc négocier avec Abdoulaye Wade ? Et qu’est-ce qu’il devrait négocier avec lui? S’il y a un sujet à la négociation, elle voudrait peut-être dire que la situation dans laquelle se trouve son fils et qui explique probablement son comportement sur le terrain politique, devrait être négociée. Mais même le président de la République n’a pas le pouvoir de négocier cela. Si l’on accepte le principe que nous sommes un Etat de droit, où la justice fait son travail normalement, on ne devrait pas suggérer l’idée qu’il y a une négociation politique derrière. On aurait perdu toute crédibilité si l’on devait négocier aujourd’hui. C’est parce qu’il n’ya rien à négocier qu’Abdoulaye Wade est présent sur la scène politique. La justice dira si son fils est coupable ou non coupable. S’il n’est pas coupable, évidemment, il sera relâché, s’il l’est, la justice fera son travail. Il ne peut pas y avoir une négociation possible entre le gouvernement et Abdoulaye Wade. Parce que, de toute les manières, la seule chose qui l’intéresse, c’est moins les libéraux qui sont mis en prison que son fils. Pour éviter cette situation, il fallait, dès le départ, éviter d’en faire un personnage central qui, au cours des dernières années de sa présence à la tête de l’Etat, a disposé de tous les leviers économiques et sociaux du pays.

Pour certains observateurs, le retour de Me Wade a requinqué le Pds et que ce parti risque de faire mal aux élections locales ?
Je suis frappé par les analystes sénégalais. Soyons objectifs. D’abord les faits : Je dirige la liste départementale de Foundiougne. Je suis candidat à la mairie de Sokone. Sur 18 listes de collectivités locales, le Pds n’est présent qu’à peu près dans 8 collectivités locales. Sur dix, le Pds, comme parti, est totalement absent. Dans la commune de Sokone où je suis et qui est la commune la plus importante du département de Foundiougne, le Pds n’a pas pu déposer de listes. Et ce que je vous dis, je l’ai remarqué également dans le département de Kaffrine où j’étais le superviseur de l’Apr. Sur les 9 collectivités locales, le Pds n’est présent simplement que dans trois ou quatre. Le phénomène médiatique qu’on a donc pu lire à travers l’arrivée de Wade, personnellement, je dois étudier les autres départements pour voir en quoi, ce phénomène politique supposé, est-il reflété dans les listes qui sont déposées pour les prochaines élections? J’invite les journalistes à passer en revue toutes les listes où le Pds se présente comme entité autonome ou dans une coalition qui a des chances de gagner. Je vois même, dans nos départements, « Bokk Guis Guis » est plus présent que le Pds. C’est quand même significatif par rapport aux analyses que nous avons faites. A Kaolack, également, on parle moins du Pds que de la coalition « Bennoo Bokk Yaakaar » et des autres entités. A Saint-Louis, on en parle. J’aimerais savoir si à Thiès, on parle encore du Pds, si à Mbour, le Pds dans les listes qui sont présentées a une présence significative? Quand on aura fini de faire cette analyse, c’est peut-être à partir de là qu’on pourra dire si le Pds risque de faire du mal. Mais quand on ne le pas fait, on ne peut pas le dire. Je demeure convaincu qu’on a eu affaire à un évènement médiatique de dimension nationale qui ne reflète absolument pas une nouvelle dynamique politique au Sénégal. Attendons les élections locales du 29 juin, pour voir si le Pds a ébranlé le gouvernement.

Lors du retour du président Wade, beaucoup de responsables Apr se sont exprimés. N’y a-t-il pas là une certaine incohérence du discours gouvernemental ?
Attention ! Dans le débat politique, il faut surveiller deux choses qui sont importantes. Pour le gouvernement, la communication est d’abord de l’information publique. Il y a beaucoup de confusions au Sénégal. Entre ce que j’appelle l’information publique qui relève de la responsabilité de l’Etat de dire aux Sénégalais qu’est-ce qui s’est passé et l’ensemble des positionnements du point de vue de la communication sur un phénomène. Qu’est-ce qui a fondé le débat autour de l’arrivée de Wade ? Il y a eu manipulation des faits pour avoir un effet politique donné. Vous savez, Abdoulaye Wade est un vieux renard politique. Il a joué. En partie, il a réussi à focaliser sur lui, pendant plus de trois jours, les médias. Et cela, ce n’est pas la faute du gouvernement. Mais la question qui se pose, c’est de savoir à un niveau de responsabilité, après avoir été chef de l’Etat, est-il normal de jouer à tromper sciemment l’opinion nationale? Cela ne valorise pas la démocratie, ni les hommes politiques, d’autant plus, d’ailleurs, que souvent on met en doute leur parole. Et cela, on l’analyse moins, on en parle moins parce que ce n’est pas l’information exacte qui fait le spectacle mais la désinformation. Finalement, on nous reproche d’avoir mal communiqué. Qu’est-ce qu’on peut reprocher au gouvernement? On a donné l’information. Il n’y a pas eu d’incohérence. Le gouvernement n’a pas varié dans ses déclarations. Le communiqué du ministère de l’Intérieur a confirmé, mot pour mot, ce que j’ai dit à Rfi, à la Bbc, à l’Afp et aux radios sénégalaises. Il y a deux choses sur lesquelles il ne faut pas se tromper. Quand on déclenche un phénomène médiatique, la responsabilité du gouvernement est de donner des informations exactes au public sénégalais et nous l’avons fait. Personne d’autre n’a parlé. Maintenant, les hommes politiques sont des hommes politiques. On les interroge et ils s’expriment. Ils sont intervenus dans les médias pour, parfois, relever des contradictions, faire ressortir des contrevérités qui étaient véhiculées simplement.

Les Sénégalais, en se débarrassant du régime libéral, avaient pensé en avoir fini avec la transhumance. Mais on constate que l’Apr est en train recycler d’anciens responsables du Pds. Qu’en pensez-vous?
La transhumance ne peut pas être un modèle politique, ni un référentiel de base. Du point de vue éthique et moral, ce n’est pas acceptable. En politique, il doit y avoir de l’éthique. Par contre, des gens qui sont dans les partis politiques, qui n’assumaient pas de responsabilités particulières, sinon à un niveau inférieur, non connu, qui changent de parti, ça se voit dans tous les pays. Ce n’est pas qu’au Sénégal. La politique n’est pas la morale mais elle ne peut pas se faire sans la morale et sans l’éthique. Malheureusement, au bout de l’action politique, il y a l’efficacité. II faut compter avec. L’efficacité politique amène des situations aussi particulières, sans être justifiée sur le plan moral ou éthique et c’est une réalité avec laquelle il faut faire. La transhumance ne peut pas être un modèle politique, ni un référentiel de base. Du point de vue éthique et moral, ce n’est pas acceptable.

Les défauts que l’on reprochait au Pds, notamment la violence, l’indiscipline commencent à poindre à l’Apr. Aussi certains parlent même de l’arrogance. Est-ce que vous pensez que de cette manière vous pouvez gagner la sympathie des Sénégalais pour avoir un second mandat?
Vous avez parlé de la violence et de l’indiscipline à l’Apr. Nous le déplorons. Ça va nous coûter cher quelque part, si nous ne prenons garde. Cette indiscipline a fait qu’on a été forclos dans trois communes de Pikine, dans une commune du Fouta (Ndlr : Ogo). L’indiscipline avant de faire mal aux autres, le fera d’abord au parti ».

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