Capitale politique et économique du Sénégal, Dakar apparait aujourd’hui comme une ville qui compte plus de véhicules de transport en commun. En 2005, le lancement du programme de renouvellement du parc automobile de transport en commun a favorisé un élargissement important de ce parc, avec l’arrivée des «mini bus» de marque Tata ou Sung long. Cependant, en dépit de ce nombre de véhicules de transport en commun, la question du transport urbain est plus que d’actualité. Interpelés sur cette situation, certains usagers indexent la mauvaise exécution du Plan de déplacement urbain de Dakar (Pdud).
En 2005, l’Etat du Sénégal, dans une volonté d’améliorer les conditions de mobilité des usagers, a procédé au lancement d’un vaste programme de renouvellement du parc de véhicules de transport en commun : « le Plan de déplacement urbain de dakar (Pdud »). Conçu dans un premier temps pour être le cadre de référence de toutes les interventions pour une mobilité durable dans l’agglomération de Dakar, ce plan dont la mise en œuvre est coordonnée par le Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (Cetud), ambitionne le renouvellement du parc automobile de transport en commun sur l’ensemble du territoire national.
Aujourd’hui, neuf ans après son lancement officiel dans la capitale sénégalaise, du côté du Cetud, on loue les mérites de ce programme qui est dans sa troisième phase. Du fait des changements considérablement enregistrés dans le paysage du secteur de transport urbain. Prenant part à la cérémonie de mise en circulation de 310 nouveaux mini bus, le directeur du Cetud avait laissé entendre que l’exécution finale de cette troisième phase permettra l’atteinte du nombre de 1.607véhicules renouvelés à Dakar, soit plus de 60 % d’un parc sur 2.500 unités, estimé dans le départ.
Cependant, malgré ces résultats plutôt satisfaisants enregistrés par ce programme, force est de constater que la question du transport urbain est plus que d’actualité à Dakar. L’arrivée de prés 1.607véhicules neufs dont le but est l’amélioration de la mobilité mais également le confort des usagers, n’a pas changé grande chose dans le paysage du transport urbain. Les dakarois éprouvent toujours tous les problèmes du monde pour se déplacer d’un point à autre dans le périmètre régional. Se rendre en ville est une véritable galère pour les habitants de la banlieue. Rallier le centre-ville constitue un véritable casse-tête pour bon nombre d’entre eux du fait que le transport urbain n’arrive toujours pas à satisfaire la forte demande pour la mobilité urbaine. La galère est toujours là et ce, malgré le nombre impressionnant de véhicules de transport disponibles à Dakar : des « cars rapides » aux Sun Long, en passant par les « Ndiaga NDIAYE », Taxi (officiel), taxi « clando » et autres bus Dakar Dem Dikk et mini bus (TATA). Une situation plutôt paradoxale en ce sens qu’elle ne reflète pas les efforts faits par l’Etat du Sénégal sur ce secteur de transport urbain à Dakar.
Pour les usagers, l’Etat est le seul responsable de cette situation. La plupart des citoyens rencontrés indexent la stratégie mise en place dans le cadre de ce programme de renouvellement du parc automobile. Sous ce rapport, bon nombre d’entre eux estiment que la solution à cette question ne peut être trouvée dans des retouches et autres modifications du genre augmentation du parc automobile ou redéfinition des lignes dans le réseau routier existant. Ils préconisent ainsi un diagnostic fouillé avec tous les acteurs de la route pour pouvoir prescrire un remède tout au moins durable.«On a fait les mini -bus flambant neufs sans refaire les mentalités. Résultat : l’indiscipline persiste», clame un usager croisé sur l’avenue Bourguiba.
Insistant sur cette « faillite » de l’Etat dans l’exécution de ce plan de renouvellement du parc, Mbacké Mboup, ancien chauffeur de car « Ndiaga Ndiaye », déclare : « Ce programme de renouvellement du parc est une vraie mascarade. Je peux vous assurer que c’est de la poudre aux yeux, un coup de pub orchestré par les autorités contre les acteurs du transport. » Et de poursuivre, «ils ont dit que ce programme vise le remplacement de vieux véhicules de transport par de nouveaux à Dakar. Pourtant depuis que ce programme a été lancé, ce sont les mêmes «cars rapides» et «Ndiaga Ndiaye» qui étaient là depuis plus de 20 ans et qui continuent d’assurer ce rôle». Selon lui, contrairement à ce que prétend le directeur exécutif du Cetud, le Pdud n’a pas renouvelé plus de 10% de «cars rapides» et «Ndiaga Ndiaye» en activité. «Bon nombre de mini-bus qui circulent actuellement à Dakar sont, soit achetés par des gens qui ne font même pas parti de ce secteur, soit obtenus sur la base de faux documents au moment où les détenteurs de cars rapide et Ndiaga Ndiaye continuent de faire circuler leurs vieilles caisses», a-t-il souligné.
Pour trouver une solution au problème de transport, il préconise le respect strict de la feuille de route de départ. « L’Etat doit respecter les critères d’attribution des nouveaux véhicules sinon la situation va s’empirer. «Si on continue sur cette lancée, on aura beaucoup de véhicules de transport en commun qui n’arrivent toujours pas à satisfaire la forte demande de la mobilité urbaine à Dakar», a-t-il prévenu tout en dénonçant la discrimination qu’ils subissent de la part de l’Etat. «Pour nous, ce programme a un seul but : nous écarter du secteur de transport. Sinon comment comprendre la légalisation chez les mini bus des pratiques qu’on nous interdit. L’Etat nous dit qu’il ne veut plus de «Cockseurs» (rabatteurs) au niveau des gares alors qu’il concède aux mini bus des régulateurs ou encore de ne pas faire de la surcharge alors qu’on voit pire avec les tata. Les autorités doivent cesser leur traitement de favoritisme car nous tous, nous appartenons au secteur du transport».