"Il ne faut pas attendre que l'épidémie arrive pour se préparer. C'est en temps de paix qu'on prépare la guerre", a mis en garde mercredi un haut responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à l'intention des pays africains, face à la menace du nouveau coronavirus (COVID-19).
"Quand un pays est à risque ou quand deux pays sont à risque, le monde entier est à risque aujourd'hui, en raison notamment de l'interconnectivité, des mouvements de population, de la mondialisation", a déclaré Dr Ibrahima Socé Fall, directeur général adjoint de l'OMS en charge de la réponse aux urgences.
Dans un entretien accordé à ONU Info, le médecin sénégalais bat en brèche certaines idées reçues sur le COVID-19, comme celle faisant croire que ce virus ne peut se transmettre sous les climats chauds et humides.
Pour l'agence onusienne, le virus de COVID-19 peut se transmettre dans toutes les régions, y compris les zones chaudes et humides comme le continent africain. Donc, indépendamment du climat, la seule parade est d'adopter des mesures de protection dès lors que l'on vit ou se rend dans une zone où il y a des cas du nouveau coronavirus.
Face à toutes ces fausses informations (infox) relayées sur les médias sociaux, Dr Socé Fall pense qu'il faut être très prudent sur la façon de communiquer. "Les informations qui ne sont pas scientifiquement prouvées ne doivent pas être divulguées", a-t-il fait valoir. Pour le directeur général adjoint de l'OMS en charge de la réponse aux urgences, il n'y a donc "aucune raison de croire que ce virus va épargner l'Afrique".
"Les pays africains doivent se préparer et pour se préparer, il faut renforcer les systèmes de santé et les capacités requises dans le Règlement sanitaire international", fait remarquer Dr Socé Fall.
"Tant que c'est une épidémie débutante, l'Afrique a la capacité pour la maîtriser. Mais en cas de transmission communautaire soutenue, comme en Italie et dans d'autres pays, les systèmes de santé en Afrique n'ont pas la capacité pour tenir le coup", relève le directeur général adjoint de l'OMS, soulignant au passage le fait que "même dans les pays développés, certains systèmes de santé ont été débordés".
"Pour le moment, l'Afrique ne voit que des cas importés, notamment d'Europe. Certains 'clusters' (grappes) se constituent dans certains pays, mais en phase initiale", a dit ce haut responsable de l'OMS. Et c'est donc "une fenêtre d'opportunité pour venir à bout de l'épidémie en Afrique", en respectant les mesures d'hygiène et de sensibilisation.
Alors, pour prévenir une éventuelle progression du virus, l'OMS demande au continent d'élargir la riposte. Il s'agit alors de détecter tous les cas et identifier toutes les chaînes de transmission afin de mieux "protéger les populations vulnérables". "Toutes les mesures de prévention doivent être prises dans les maisons, dans les quartiers, dans les villages et centres urbains", souligne Dr Socé Fall, appuyant tout effort visant à "éviter les grands rassemblements".