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Sedhiou - Pillage des dernières réserves de forêts en zone frontière: L’alerte est lancée contre un «Bofa-Bayotte» bis !
Publié le mercredi 18 mars 2020  |  Sud Quotidien
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© Autre presse par DR
Le président de la République veut un encadrement plus strict de la coupe de bois
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Les trafiquants de bois opérant en zone de frontière ont repris du service ces derniers jours dans la zone du Kabada et du Dator, dans l’extrême nord de la région de Sédhiou, non loin de la Gambie. L’Association des volontaires pour la protection de l’environnement (AVPE) menace de s’opposer physiquement à ces opérations illicites de coupe de bois. Au demeurant, ses membres préviennent contre un remake de la tragédie de Bofa-Bayotte, référence faite à une tuerie relativement aux coupes de bois en basse Casamance. Mais, déjà, ils manifestent dans le même temps des signes de lassitude en raison, selon eux, de la non-assistance en temps réel des Forces de défense et de sécurité.

Les coupeurs de bois ont installé leur quartier général, ces derniers jours, dans le terroir de Diallokounda, sur la bande de forêt à une dizaine de kilomètres de la frontière avec la Gambie. Les membres de l’Association des volontaires pour la protection de l’environnement (AVPE), qui confirment la présence de ces contrebandiers dans la zone, menacent de s’ériger en bouclier humain pour s’opposer à ces bras destructeurs du couvert végétal.

Le président de cette association, Imam El Hadji Mamadou Seydou Diallo, manifestement très étreint par l’émotion et la désolation après la découverte des dépôts de billons de bois, déclare que «ce sont des gens qui viennent tranquillement couper nos forêts, avec des tronçonneuses. Rien que ces trois derniers jours, ils ont abattu presque plus de dix (10) caïlcédrats géants et ne s’en cachent même pas. Ce qui vient s’ajouter à la pléthore de sujets végétaux terrassés», dit-il.

Imam El Hadji Mamadou Seydou Diallo de relever que, «dans le cadre de notre mission de protection de l’environnement avec un dispositif de veille et d’alerte, nous tenons régulièrement informés et en temps réel les agents des Eaux et forêts. Mais ils ne viennent même pas ou dans une moindre mesure ils viennent au-delà de dix tours d’horloge, comme ce fut hélas le cas avant-hier. Et ce n’est que vers 14 heures que deux agents se sont présentés sur les lieux». Aucune espèce végétale n’est épargnée, surtout le vène et le «dimbe». Sur les traces des tronçonneuses, s’installent désolation et consternation de voir un massif forestier s’écrouler.

SECURITE PRECAIRE, LASSITUDE DES VOLONTAIRES EN PERSPECTIVE !

Jusqu’alors très engagés dans le combat contre le massacre des forêts, les membres de l’Association des volontaires pour la protection de l’environnement disent craindre pour leur sécurité, en raison des menaces récurrentes de représailles, suite aux dénonciations. Au demeurant, ils n’écartent point l’option de retenue partielle dans la lutte pour éviter «un deuxième Bofa-Bayotte», du nom de ce village où ont eu lieu des tueries au sujet du trafic de bois en basse Casamance. «Nous nous sommes engagés à protéger les forêts, pourvu que les pouvoirs publics nous aident à freiner l’ardeur des pilleurs. Au cas échéant, nous sommes prêts à donner notre vie, pour la préservation des massifs forestiers», a notamment indiqué Imam El Hadji Mamadou Seydou Diallo le président de l’AVPE. «Mais, au cas contraire et si nous ne sommes pas assistés par les Forces de défense et de sécurité», précise-t-il, «nous ne serons pas candidats au suicide». Au sujet de la destination de ce bois, les volontaires de l’environnement ne se font plus de doute : «ce sont des bandes organisées qui pillent nos forêts pour les revendre en Asie, via des réseaux basés en Gambie voisine».

D’ailleurs, Abdoulaye Cissé, le président de SOS Environnement en Casamance, avait, dans une récente sortie sur Sud Fm, fait observer que «c’est un massacre organisé contre le système écologique. C’est un crime grave qui met en péril tout un peuple dans sa résilience économique et écologique.»

L’inspecteur régional des Eaux et forêts de Sédhiou, le colonel Djimanga Diédhiou, que nous avons contacté hier mardi matin sur la question n’a pas souhaité faire une quelconque déclaration dans ce sens. Pendant ce temps, les populations redoutent une ruée vers les massifs forestiers du Kabada/Dator. Un pillage qui va sans doute installer désolation et désespoir, avec la disparition progressive des forêts, compromettant ainsi la sécurité alimentaire et l’équilibre du système écologique.
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