Venu à la lutte pour une période de transition, Alioune Sarr, le très contesté président du Cng, a fini par s’éterniser sur son fauteuil. Il est le seul acteur de la lutte à n’avoir jamais été détrôné. Triste roi des arènes !
Pour désigner le Roi des arènes sénégalaises, inutile de procéder à un quelconque tournoi. Le vrai roi exerce depuis des lunes sa suprématie dans les arènes. Il n’a ni les muscles de Balla Gaye 2, encore moins le ‘’Xaragne’’ (la technicité) de Modou Lô, mais étale ses ‘’pourfendeurs’’ sans coup férir, sans user de croc-en-jambe ou croche-pied. Ces prouesses techniques dont seuls les lutteurs détiennent les secrets. L’empereur qui trône depuis 26 ans (1994-2020) au sommet de la lutte sénégalaise, c’est bien le président du Comité national de gestion (Cng) de la lutte, Alioune Sarr. Venu à la lutte pour une période de transition, il n’a jamais voulu quitter l’arène, au point de devenir très contesté.
Lutteurs, arbitres, managers, promoteurs… tous se sont pliés à la volonté de sa ‘’Majesté Sarr’’. Les plus téméraires qui osent se dresser contre ses décisions ‘’autoritaires’’, reçoivent ses foudres. Et la radiation à vie de l’arbitre Sitor Ndour, suite à un mouvement de grève pour seulement exiger de meilleures conditions de travail, en témoigne. D’autres avant lui ont payé cher leur divergence avec Alioune Sarr : Gris Bordeaux, Lac de Guiers 2 et tant d’autres ont écopé d’une sévère sanction sans appel.
Le lutteur de Guédiawaye (Lac de Guiers 2), lui, avait commis ‘’un crime de lèse majesté’’ en contestant sa défaite par décision arbitrale sur Modou Lô, en mars 2018. Il a été contraint de déposer une ‘’lettre de grâce’’ à l’attention du ‘’tout puissant’’ président du Cng pour que sa sanction (un an de suspension) soit revue. D’autres comme lui ont dû se ‘’prosterner’’ à leur tour devant Sarr, pour bénéficier d’une ‘’grâce’’.
Combat contre les lutteurs
Réputé bon gynécologue, Alioune Sarr semble perdre de son excellence en franchissant le seuil de l’arène. Sans doute a-t-il fini par se fondre dans ce monde de ‘’brute’’ où il oppose son autoritarisme aux muscles de ses ‘’sujets’’. Chaque renouvellement de son mandat charrie les contestations les plus vives. En 2014 et 2016, les lutteurs avaient rué dans les brancards pour exiger son départ. En octobre 2018, à la fin (encore) de son nouveau bail, le ton est resté le même. «Le CNG a montré ses limites durant son magistère. Et après 24 ans de règne, l’heure de partir a sonné. Il faut confier le sport aux sportifs», tranche le lutteur Balla Diouf.
La revendication ne vient pas uniquement des moins cotés de l’arène. Même les ténors s’y mêlent. « Alioune Sarr a fait plus de 25 ans, l’Etat doit confier le Cng à une autre personne. Il faut qu’on essaie de voir ce qu’une autre personne peut apporter à la lutte », renchérit Bombardier, l’ancien Roi des arènes.
Mais le teigneux ‘’roi’’ qui défie l’usure du temps.