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Prodac, le nouveau scandale
Publié le mardi 10 mars 2020  |  Home View Senegal
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© aDakar.com par SB
Le ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne visite les domaines du Prodac
Keur Momar Sarr - Sédhiou, le 10 juillet 2017 - Le ministre de Jeunesse et de la construction citoyenne s`est rendu dans les installations du Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC). Il a visité les domaines aménagés et les réalisations déjà faites.
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Le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), fer de lance de la politique d’emploi des jeunes du Président Macky Sall en milieu rural, traverse encore de terribles moments liés à sa gestion cahotique.

Au Prodac, à chaque jour suffit sa peine. La boîte semble se morfondre dans un terrible fatalisme fait de difficultés économiques et de sujétions politiques. Un cocktail détonant, sources de tous les malheurs qui plombent son quotidien et empêche son envol. Après la mission de l’Inspection générale des finances (Igf) en février 2017, débusquant les cafards de la gestion financière de la boîte, un nouveau rapport du Bureau organisation et méthode (Bom), basé à la Présidence de la République, a mis à nu un système de recrutement abusif au Prodac. Initié par le président de la République, Macky Sall pour booster l’emploi en milieu rural, à travers l’aménagement de 10 Domaines agricoles communautaires (Dac) allant de 1 000 à 5 000 ha et l’enrôlement de 300 000 jeunes pour la période 2014-2019, le Prodac vit (encore) aujourd’hui des heures sombres avec son lot de détournements d’objectifs, de concussion et de clientélisme. Un chapelet de griefs que le rapport du Bom étale, noir sur blanc, par le biais d’un diagnostic poussé qui révèle une inadéquation entre les effectifs, les compétences et les besoins réels de fonctionnement des unités.

«La masse salariale occupe plus de la moitié des charges de fonctionnement»

Le système de gestion de la rémunération du Prodac a marqué l’attention des enquêteurs. L’examen des données financières et comptables montre que le programme affecte plus de ressources au fonctionnement qu’à l’investissement. Pour les enquêteurs, ces faits révèlent un problème de gestion pour un programme dont l’activité principale est l’aménagement de terres exploitables et la dotation en infrastructures structurantes. «Le poids financier de ces deux orientations qui révèlent de l’investissement privilégie objectivement ce dernier sur le fonctionnement. De ce point de vue, les enquêteurs font remarquer que l’orientation des dépenses du programme explique assez nettement la faiblesse des résultats», dit le rapport.

Mais le problème du Prodac est beaucoup plus lisible, selon le rapport, lorsqu’on analyse la répartition des charges de fonctionnement. La masse salariale de 137 millions de francs Cfa occupe, en moyenne, près de la moitié des charges de fonctionnement. «En couplant ces données au fait que plus de 50% du budget est consacré au fonctionnement, on comprend aisément que la gestion du Prodac ne soit pas allée dans le sens de rencontrer les objectifs prédéfinis par le président de la République», notent les contrôleurs. L’enquête voit ainsi posée toute la pertinence d’une action de correction de la gestion en priorisant les opérations d’investissement et en rationalisant la masse salariale. «Cette action est d’autant plus nécessaire, poursuivent les auditeurs, que l’on note, dans l’examen des bulletins de paie, des disparités inexplicables entre agents exerçant les mêmes fonctions ou de catégorie égale.» A cela s’ajoute, toujours selon les enquêteurs, une grosse incongruité. «Un niveau de rémunération avec des salaires nets à percevoir que l’on ne retrouve pas dans d’autres organisations similaires. Un niveau de rémunération que ne justifie ni la charge de travail, ni les résultats obtenus». «C’est un recrutement sans fondement avec une absence totale de maîtrise des effectifs», ont poursuivi les enquêteurs du Bom.

«90 agents recrutés à Dakar et 80 pour les autres Dac»

Les cas les plus cocasses dans le recrutement abusif au Prodac relèvent, selon les contrôleurs, du fait que dans certains Dac qui n’existent encore que de nom, un personnel y est déjà affecté avec des fonctions allant du chef de Dac au chargé de la communication en passant par des magasiniers. Des emplois (fictifs ou sans cause ?), 80 au total, relevés au Dac de Diobass, Dodji, Matam, Sangalkam et de Kolda où un personnel pléthorique a recruté pour, peut-être, se tourner les pouces. Au siège de la boîte, à la Coordination générale à Dakar où émarge près de 90 agents, «on note une pléthore d’employés dont la plupart ont été recrutés sans qu’il ait un réel besoin», lit-on dans le fameux document. Face à ces constats alarmants, les enquêteurs recommandent une batterie de mesures dont la diminution sensible des effectifs accompagnée d’un redéploiement basé sur les besoins des postes de travail combinés aux compétences de chaque agent. «Orienter le Prodac vers la réalisation des objectifs qui lui sont fixés passe nécessairement par la prééminence de l’investissement dans le budget, la diminution de la masse salariale et l’ajustement de la rémunération individuelle aux pratiques en cours dans le secteur. Les gains ainsi réalisés peuvent être utilisés pour mettre en place un système de rémunération de la performance.»

Le contrôle de gestion, le conseil juridique et la nature des contrats épinglés

Pour les enquêteurs du Bureau organisation et méthodes, l’analyse du fonctionnement du Prodac met à jour des fonctions importantes, mais qui ne sont pas couvertes. Il s’agit de la planification, du contrôle de gestion, du conseil juridique et de la gestion de la documentation et des archives. Ces manquements peuvent avoir des conséquences négatives sur le fonctionnement et la performance du programme. «Puisque, expliquent les enquêteurs du Bom, sans planification, le rapport fait savoir qu’on assiste à un pilotage à vue qui ne garantit pas l’alignement des activités sur les objectifs du programme. Il est ainsi possible que l’on assiste à une utilisation des ressources sur des activités peu pertinentes non-prioritaires. Le défaut de planification a également comme conséquence l’impossibilité de procéder à une évaluation objective et rationnelle.»

La nature des contrats a été également pointée du doigt par les enquêteurs du Bom. «Les contrats à durée indéterminés facilitent le travail en substituant aux indemnités de licenciement, de celles de fin de contrat, expliquent les enquêteurs. Le travail de l’unité chargée de la gestion des ressources humaines réside, dans ce cadre, dans le fait de se rapprocher de chaque chef d’unité opérationnelle pour déterminer avec précision les besoins en ressources humaines.» Cette activité est concrétisée par l’élaboration, sur la base du modèle que la mission laisse sur place, de l’ensemble des fiches de poste par unité opérationnelle.

FALLOU FAYE
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