Condamné en première instance à cinq ans de prison ferme pour détournement de deniers publics portant sur près de 500 millions de francs Cfa et faux et usage de faux, Pape Amath Sané, ex-Sage au ministère de la Pêche, risque de ne pas être blanchi par la justice. Si du moins la Cour d'appel de Dakar suit le parquet général qui a requis la confirmation.
Responsable du Sage, (Service de l’administration générale et de l’équipement) au ministère de la Pêche de 1986 à 1996, Pape Amath Sané continue de répondre de sa gestion marquée par un détournement portant sur près d’un demi milliard de francs Cfa. Du moins, c’est ce qui ressort de la décision du tribunal régional de Dakar prononcé en 2002.
A cet effet, le juge correctionnel avait reconnu l’Ex-Sage de détournement de deniers publics et de faux usage et de faux. Condamné à cinq ans ferme, M. Sané a fait l’objet d’un mandat d’arrêt qui n’a été exécuté qu’en 2009. Mais hier, l’ex-fonctionnaire était à la barre de la Cour d’appel de Dakar pour espérer se faire innocenter.
Selon l’accusation, M. Sané a profité d’une faille de l’administration pour commettre son forfait. Alors qu’il était Sage, il cumulait ce poste avec celui de gérant de la CPIA. Seulement, la tutelle n’avait pas désigné un administrateur des dépenses. D’après les éléments de la procédure, M. Sané avait saisi la tutelle par correspondance pour solliciter un administrateur des dépenses.
N’ayant pas obtenu de réponse, le gérant avait commencé à faire des commandes de marchés. Il résulte de la procédure que l’ex-SAGE avait confectionné un faux cachet de l’Inspection des opérations financières (IOF) pour se passer du visa de ce dernier. Grâce à ce modus operandi, M. Sané a fait une commande de marchandises composées entre autres de papier, de carburant. Seulement, selon les témoins, bien que l’argent ait été décaissé, les commandes n’ont jamais été livrées.
Pis, elles n’ont aucun lien avec la pêche. Mais devant la barre, le prévenu a clamé son innocence en niant avoir détourné un centime. Pourtant lors de l’éclatement de cette affaire, il avait reconnu avoir détourné la somme de 210 millions avant de revoir ce montant à 40 millions de francs Cfa devant le juge d’instruction. Conforté par cet élément, l’avocat général a requis la confirmation du jugement rendu en première instance.
Pour lui, il y a un enrichissement sans cause d’autant que, a-t-il argué, le prévenu possède deux immeubles. L’agent judiciaire de l’État (AJE) Babacar Bâ a abondé dans le même sens. Outre les deux immeubles situés à Mbour et Dakar, M. Bâ trouve suspect que le prévenu ait détenu sept millions dans son compte bancaire alors qu’il n’était qu’un fonctionnaire avec un salaire avoisinant 250 mille francs.
Ainsi, il a réclamé la somme d’un milliard de francs Cfa au titre de réparations ainsi que la confiscation des biens du prévenu. Dans sa réplique, M. Sané a minoré ses biens. ‘’Il ne s’agit pas d’immeubles, d’ailleurs l’une des maisons, provient d’un héritage’’, a-t-il rectifié. Pour Me Pascal Gomis, la Cour doit infirmer le premier jugement et relaxer son client qui, a-t-il avancé, ‘’est victime d’une cabale. ’’Délibéré le 2 juin prochain.