Les chevriers de la région, notamment le Deux-Sévrien François Bonnet, ont permis la création d’un début de filière caprine au Sénégal.
Vendredi, c’était le grand jour des chèvres du Sénégal. L’événement avait lieu à Niakhar, une bourgade de l’ouest du pays, à environ 200 km de Dakar, qui accueille le premier Centre d’impulsion et de modernisation des élevages caprins (Cimel cap), inauguré par le ministre de l’Agriculture lui-même et en présence de la délégation de Nouvelle-Aquitaine conduite par le président Alain Rousset.
Dans une ambiance de grande fête villageoise, devant des dizaines d’éleveuses en vêtements traditionnels, le représentant du gouvernement a publiquement salué l’action de François Bonnet, éleveur de chèvres à Saint-Hilaire-la-Palud et président de la Fresyca (Fédération régionale des syndicats caprins) de Nouvelle-Aquitaine.
Mettre en valeur le lait de chèvre
« Le Cimel, c’est un peu l’équivalent de l’Inra de Lusignan dans la Vienne, un site expérimental, avec un troupeau de chèvres », éclaire François Bonnet, cheville ouvrière de la coopération des chevriers au Sénégal depuis une quinzaine d’années. « Depuis l’époque où l’ex-conseil régional Poitou-Charentes, dirigé par Jean-Pierre Raffarin, subventionnait des paillettes de chèvres de races alpine et saanen dans la région de Fatick… raconte l’éleveur. Nous avions constaté que la chèvre constituait une richesse pour les femmes, couche vulnérable, alors que les populations consommaient du lait déshydraté importé. Il fallait faire évoluer l’image de la chèvre dont seule la viande était consommée. Il y avait un gros travail à faire pour changer l’image de la chèvre. »
Progressivement, une filière s’est structurée en s’appuyant sur des groupements de femmes afin de valoriser l’élevage caprin à partir du lait, tandis que les coopérants de la Fresyca permettaient d’améliorer les conduites d’élevage : « Il a fallu organiser le suivi des chèvres de race locale, les sahéliennes, les identifier par des boucles, les vacciner et les déparasiter, explique François Bonnet. Cela concernait une centaine de groupements, soit 24.000 chèvres et 3.000 éleveurs. »
Depuis trois ans, près de 130.000 € ont été octroyés par la Nouvelle-Aquitaine, au point que la région de Fatick, puis celle de Diourbel, aidée depuis longtemps par l’ex-Aquitaine, sont devenues des zones pilotes (*). Trois équipes composées d’un animateur et un technicien ont été déployées, trois fromageries équipées d’électricité solaire et de froid ont été installées. Depuis deux ans, la production de savon au lait de chèvre s’est aussi développée.
« Aujourd’hui, avec le Cimel, l’objectif est de capitaliser et développer partout au Sénégal », explique Hélène Kuhn, responsable du programme de coopération sur place. Embryonnaire car seulement 3 % du cheptel du pays est concerné.
(*) L’ex-Aquitaine intervenait notamment pour des projets de redynamisation du maraîchage. Avec la disparition des régions au Sénégal et la création de la Nouvelle-Aquitaine, la zone de coopération s’appelle désormais l’Entente interdépartementale de Fatick Diourbel, englobant six départements.