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Aminata Sophie Dièye: vie et mort d’une femme de lettres exceptionnelle
Publié le mardi 18 fevrier 2020  |  RFI
Aminata
© Autre presse par DR
Aminata Sophie Dièye, journaliste, romancière et dramaturge sénégalaise
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La journaliste, romancière et dramaturge sénégalaise Aminata Sophie Dièye, disparue à 42 ans dans la nuit du 17 au 18 février à Dakar, emportée par la maladie, était une personnalité hors du commun. Elle laisse une œuvre faite de chroniques, de nouvelles, d’une pièce de théâtre et deux romans, dont le dernier, autobiographique, est à paraître.


« La terre sépia du Sahel est l’aquarelle animée où je me suis retrouvée à ma naissance ». La première phrase du roman que laisse Aminata Sophie Dièye sous le titre provisoire de L’épitaphe signée Vénus, va prendre une résonnance toute spéciale, pour ses amis et lecteurs qui la découvriront à titre posthume. Les hommages pleuvent à Dakar depuis sa disparition. Sénégalaise, 40 ans, toujours dans le pétrin, tel était le sous-titre des chroniques hebdomadaires qu’elle signait dans le quotidien L’Obs, le plus lu du pays, sous le pseudonyme de Ndèye Takhawalou (jeu de mots sur « mère errante » ou « Ndèye », prénom féminin courant, « errant nulle part »).

Bien des lecteurs n’achetaient L’Obs du samedi que pour la lire, et rire un peu avec elle. Elle livrait au public ses petites tranches de vie, avec plus ou moins de fiction et beaucoup d’autodérision. Lors de la disparition en octobre 2013 de Khady Sylla, cinéaste, elle avait écrit dans une chronique intitulée Seigneur, éblouis mon amie : « Je la savais malade, mais du fait de son enthousiasme face à la vie, un parfum d’éternité flottait autour d’elle. »

Une phrase qui se retourne aujourd’hui pour lui aller comme un gant. A 21 ans, cette « longue liane à la voix fluette », comme la décrit un proche, fille non légitime d’un inspecteur des impôts qui « parcourait le pays en faisant des enfants », disait-elle à ses intimes, avait quitté la maison maternelle de Thiès pour prendre une petite chambre sur l’île de Ngor. A l’époque, elle se nourrissait de biscuits mais souriait à la vie, heureuse de gagner 50 francs CFA par ligne écrite pour Sud Quotidien. Toujours en quête d’elle-même, cet esprit libre savait déjà comment s’y prendre avec sa société, si prompte à formater les femmes pour en faire des épouses et des mères. Questions et jugements glissaient sur elle comme de l’eau sur un poisson magnifique, rieur et impossible à saisir.

Petits et grand rôles

A l’occasion, elle tenait des petits rôles, comme la marchande de journaux dans le dernier film de Djibril Diop Mambéty, La petite vendeuse de soleil (1997). Elle a un moment porté le voile, prenant ses distances avec le monde matériel et la faune noctambule dakaroise pour se rapprocher de la religion et de son auteur préféré, le poète soufi Rûmi – sans jamais cesser d’écrire sur la vie et ses tourments. Son ami poète, Thierno Seydou Sall, avait fait son portrait à l’époque : « Voilée et dévoilée dans son écriture audacieuse (…), elle refuse toute compromission avec la pudeur. L’écriture refuse de se voiler, de se convertir, d’aller à la mosquée, la mémoire exorciste des blessures de l’intérieur parle des fleurs flânées des jardins de l’âme, des hémorragies intérieures trouvant un garrot dans une quête spirituelle quotidienne. »
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