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Proposition de statut particulier pour la ville de Dakar agitée par le Hcct: Des experts parlent de recul démocratique
Publié le mercredi 12 fevrier 2020  |  Sud Quotidien
Khalifa
© aDakar.com par DF
Khalifa Sall et Aminata Touré ont voté
Dakar, le 29 Juin 2104- Les Sénégalais sont appelés à élire leurs conseillers municipaux et départementaux. A Grand Yoff, le premier ministre Aminata Touré et le maire sortant de Dakar Khalifa Sall, se disputent la mairie
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L’idée agitée par la Présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), Aminata Mbengue Ndiaye sur le «statut particulier» à doter aux villes capitales de régions, comme celle de Dakar, inquiète plus d’un. De l’avis de certains experts en décentralisation, qui ont requis l’anonymat, une telle décision sonnerait comme un recul sur les exigences de démocratie représentative, non sans trouver «fallacieux» les arguments servis par l’actuelle patronne des Verts. Ils restent formels que cela relève simplement de la politique politicienne.

La ville de Dakar, comme certains chefs-lieux de régions avaient, vers les années 60 à 70 des statuts spéciaux, avec à leur tête des administrateurs spéciaux nommés par l’Exécutif. Mieux, Dakar et certaines communautés rurales, du temps de Me Wade, avaient été mises sous délégation spéciale. Toutefois, ce statut ne doit aucunement durer un certain nombre d’années, dans la mesure où il est encadré par des critères. D’où certainement l’idée de «statut spécial» pour la ville de Dakar, tout comme les villes capitales de régions, d’autant plus qu’il ne peut pas rester sous délégation spéciale éternellement.

Cependant, la question de l’opportunité d’une telle mesure taraude les esprits d’observateurs avertis. En tout état de cause, des experts en décentralisation contactés par la Rédaction de Sud Quotidien battent en brèche les arguments servis par la Présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), Aminata Mbengue Ndiaye, en marge de l’ouverture de la première session ordinaire 2020 du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct).

Tout d’abord, ils expliquent qu’à l’état actuel de notre démocratie, l’ensemble des maires sont élus au suffrage universel (indirect). C’est-à-dire qu’ils passent par des élections et bénéficient de la démocratie représentative pour être élus. Donc, en termes clairs, leur légitimité vient des urnes. Pour ce qui est du statut spécial, selon eux, le maire peut être nommé par le président ou par un ministre, selon les dispositions d’une loi, à savoir le Code général des collectivités territoriales modifié ou d’un décret. Ce qui voudrait dire, dans le cas d’espèce, que la ville de Dakar sera mise sous tutelle de l’Etat qui va décider des grandes orientations et de qui il va mettre à la tête de la ville.

Sur cette base, ces experts pensent que le principe de la décentralisation sera dévoyé, d’autant plus que l’idée était de donner aux populations la possibilité de s’auto-administrer en élisant leurs maires, leurs présidents de conseils départementaux, etc. Une occasion de montrer, selon eux, qu’il y avait une démocratie locale.
Par conséquent, ces derniers soutiennent qu’une telle décision serait «une rupture du processus démocratique», qu’«aucun argument ne peut justifier».

Même la thèse de l’existence de conflits politiques entre l’exécutif central et le maire de la ville de Dakar ne tiendrait pas la route, à leur avis. Car, ils trouvent que «si chacun respecte son domaine de compétence, il n’y aura pas de problème». Mieux, ils considèrent même que le principe de la démocratie voudrait qu’il y ait des communes gérées par l’opposition.

Quid alors des différends entre exécutif et maire de la capitale sénégalaise qui plomberaient le développement de Dakar ? Sur ce point, ces experts précisent que les finances sont différentes et que la ville de Dakar dispose de ses propres ressources. Même pour ce qui concerne les dotations de l’Etat, ils expliquent qu’il y a des critères de répartition selon le régime financier des collectivités territoriales et que le budget de la ville ne va aucunement changer selon que le maire ait été nommé ou qu’il ait été élu. Ainsi donc, ils avancent l’argument «des calculs politiciens» pour justifier une telle initiative, non sans avertir qu’il ne faudrait pas que «les calculs politiciens prennent le dessus sur les exigences de démocratie représentative».
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