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Moussa Baldé, ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural: “Les exportateurs ont injecté plus de 100 milliards FCFA“
Publié le mercredi 12 fevrier 2020  |  Sud Quotidien
Moussa
© Autre presse par DR
Moussa Baldé, Coordonnateur du réseau des universitaires républicains
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La campagne de commercialisation de l’arachide de cette année a suscitée beaucoup de débats chez les acteurs de la filière. Pendant que les producteurs se frottent les mains, parce qu’ayant écoulé leurs graines à des prix dépassant de loin le prix plancher fixé à 210 francs, les Huiliers, eux, se plaignent car l’arachide est devenu une denrée rare sur le marché à cause des exportations. Dans une interview accordée à Sud Quotidien, le Ministre de l’agriculture et de l’équipement rural Moussa Baldé est revenu sur cette campagne à double vitesse qu’il juge «réussie». Car selon lui, les exportateurs ont injecté cette année dans le monde rural plus de 100 milliards de Fcfa sans que l’Etat du Sénégal ne débourse aucun franc. Mieux, les producteurs qui ont facilement écoulé leur productions à des prix record. Interpellé sur les statistiques du ministère jugées erronées par certains acteurs, le Ministre soutient qu’il n’a aucun argument scientifique pour contredire ces chiffres.

Certains acteurs de la filière disent que cette campagne est catastrophique. Qu’en pensez-vous ?

Je suis un mathématicien. Pour qualifier des choses, il faut qu’on s’entende sur des termes. Une campagne de commercialisation réussie, c’est une campagne où les producteurs arrivent à écouler leurs graines à bon prix. Cette année, tout le monde est d’accord que les producteurs ont écoulé leurs graines sans difficulté et à un prix jamais imaginé. Les prix ont haussé entre 250 et 325 francs le kilogramme. Aucun producteur n’avait imaginé qu’il pouvait vendre ses graines au bord de son champ à ces prix-là. Parmi les acteurs, il y’a un million de producteurs qui sont contents. Maintenant, on est d’accord qu’il y’a d’autres acteurs, en particulier les Huiliers qui n’ont pas pu collecter comme ils avaient l’habitude de le faire, en particulier la Sonacos. Ce qui peut menacer semble-t-il, 1500 emplois. Mais moi, en tant que ministre de l’agriculture, entre un million de producteurs et les 1500 emplois, je pense qu’on ne peut pas dire que la campagne est un échec. Les huiliers, depuis 3 ans achètent les graines à 150 francs le kilo gramme, pour les 210 francs, c’est l’état qui leur compensait à peu près 60 francs de kilogramme. Cette année, j’ai décidé qu’il n’y aurait pas de compensation. Cette compensation a coûté 33 milliards de francs CFA à l’Etat du Sénégal, les trois dernières années. J’aimerais bien savoir si la masse salariale des saisonniers de ces Huiliers a atteint 33 milliards F Cfa ces 3 dernières années. Je ne le pense pas. Les exportateurs ont injecté cette année dans le monde rural plus de 100 milliards de francs CFA, sans que l’Etat du Sénégal ne débourse aucun franc. Nous nous retrouvions dans le scenario, où les producteurs sont aux anges parce qu’ils ont vendu leurs graines environ 400 mille tonnes à plus de 250 francs, et les Huiliers qui sont à la peine. Mais étant donné que nous avons suspendu les exportations, nous espérons que le reste de la campagne qui court jusqu’au mois de mai, la Sonacos va pouvoir, elle aussi, avoir un taux de collecte raisonnable qui lui permet de faire fonctionner ses usiniers.

Avez-vous collecté suffisamment de semences pour la prochaine campagne agricole ?

Après 2 mois et 10 jours de campagne, le niveau de collecte global est d’environ 500 mille tonnes de graines coques parce qu’il ne faut pas confondre les graines décortiquées et les graines coques. On a collecté d’environ 500 mille tonnes. Nous avons les exportateurs qui ont exporté 200 mille tonnes, le 30 mille qui étaient déjà au Port que j’ai autorisé aussi pour l’exportation, soit environ 230 mille décortiquées. Si on convertit, c’est autour de 400 mille tonnes de graines. Le niveau de collecte des semences à ce jour est de 66 mille 430 tonnes de semences à certifier. Sur ces 66 mille 430 tonnes nous avons 55 mille 437 tonnes de semences certifiées. Sur un objectif global de 61 mille tonnes. Donc, nous avons atteint l’objectif à 83%, et nous pensons pouvoir atteindre l’objectif final d’ici la fin de la campagne en fin avril. Nous avons 9 mille tonnes de semence écrémées. Ce qui fait un total de 66 mille tonnes. On peut dire qu’actuellement notre objectif est couvert à hauteur de 83%.

Ensuite, il y’a les Huiliers. Cette année, il n’y a que la Sonacos qui s’active dans la collecte. La Sonacos à ce jour a collecté 18 mille tonnes environ. Sur cette collecte, on peut considérer que plus de 3 mille, c’est après la suspension. Donc la Sonacoss a bénéficié pour ce début de mois, aux effets de la suspension des d’exportations. Je rappelle que l’année dernière, à cette période, la collecte totale était au environ de 400 mille tonnes. Donc, la collecte de cette année est supérieure à ce jour à la collecte de l’année dernière.

Pourtant l’intersyndical des corps gras du Sénégal soutient que le chiffre de 1 million 400 mille tonnes avancé par le gouvernement comme étant la production de cette année est erronée. Sur qu’elle base faites-vous vos calculs ?

Vous savez, les méthodes utilisées par le ministère de l’agriculture, sont des méthodes qui sont rodées depuis plus de 5 ans. Ce sont des méthodes statistiques d’estimation, de production qui sont reconnues par les partenaires internationaux, en participer la FAO. Les enquêteurs de la direction de l’analyse et de la prévision des statistiques agricoles (Dapsa) sillonnent le pays avec un échantillon de 6 mille 300 ménages à l’intérieur du pays. Ce sont ces enquêteurs qui, depuis trois ans, quatre ans voire cinq ans, font l’estimation de la campagne. Ils ont estimé cette année la production à 1 million 400 mille tonnes. Je répète que je n’ai aucun argument scientifique pour contredire cela. Quand on regarde le niveau de collecte de cette année aujourd’hui 10 février (l’interview a été réalisée lundi, Ndlr), ce niveau est supérieur à celui qu’on avait l’année dernière à la même date. Je considère que le résultat est fiable, et la campagne sur le terrain prouve que leurs données sont fiables. Pour la production arachidière du Sénégal, il n’y a pas que la collecte officielle. Il y a beaucoup de personnes qui achètent des arachides et qui ne nous le déclarent pas. La deuxième chose, il y’a de producteurs qui ont gardé par devers eux, des milliers de tonnes qu’ils vont utiliser pour leurs semences, qu’ils ne nous déclarent pas. Tout le monde est d’accord qu’au Sénégal quand on regarde la consommation locale elle a été estimée il y a quelques années à 300 mille tonnes et je pense que cela n’a pas diminué. Je crois même qu’elle est supérieure à 400 mille tonnes. Donc, c’est l’ensemble de tout ça qui fait notre production arachidière. Encore une fois, je n’ai aucun argument scientifique pour contester les résultats qui m’ont été ramenés par le service des statistiques du ministère de l’agriculture.

Le gouvernement du Sénégal a pris la décision de suspendre les exportations de graines jusqu’à nouvel ordre. Cette mesure n’est-elle pas tardive ?

Absolument pas ! Lorsqu’on s’était réuni au début de la campagne, chacun des acteurs avait défini ses objectifs. Par exemple la Sonacos avait fixé un objectif de 150 mille tonnes et les exportateurs 400 mille tonnes. Aujourd’hui, ils ont atteint les 400 mille tonnes. Je rappelle que l’année dernière, ils n’ont pas atteint ces 400 mille tonnes jusqu’au 30 avril et j’avais suspendu les exportations jusqu’au mois de mai. Cette année, ils les ont atteint le 31 janvier et j’ai dit aux producteurs que j’ai

décidé de suspendre les exportations de graines. Donc, il y a aucune contradiction. Il y a rien de tardif encore moins quelque chose de précipitée. Ce n’est pas seulement une décision du ministère de l’agriculture mais une décision du comité de suivi de la campagne agricole. Et il y avait les exportateurs, les Huiliers et des producteurs. Ils ont dit : compte tenu du niveau de collecte atteint par les exportateurs, nous pensons qu’il est temps de suspendre les exportations.

Avec les exportations de graines, les Huiliers étaient pourtant obligés de revoir à la baisse leurs objectifs. Maintenant, qu’il y a le gel, pensez-vous qu’ils seront en mesure de collecter suffisamment de graines cette année tout en sauvegardant leurs emplois menacés ?

Je l’espère.

Certains acteurs de la filière réclament votre départ à la tête du ministère de l’agriculture. Qu’en pensez ?

Je ne réponds pas à cette question.
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