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Polémiques sur le coût, la date de livraison, l’impact environnemental et l’utilité: Le Ter, une infrastructure à controverse
Publié le mardi 11 fevrier 2020  |  Sud Quotidien
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© Présidence par PMD
Le président Sall visite le chantier du TER
Dakar, le 16 juin 2019 - Le président de la République a effectué, dimanche, une visite dans le chantier du Train express régional. Le chef de l`État s`est félicité de l`état d`avancement des travaux.
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De son utilité à son coût, en passant par ses impacts sur l’environnement des quartiers traversés par les rails, le Train express régional (Ter) a toujours fait objet de polémiques. La dernière en date, c’est la sortie de Philippe Lalliot, l’ambassadeur de la France au Sénégal, qui sur les ondes de la Radio futurs médias (Rfm) dimanche, est venu encore remettre en question la date de livraison jusque-là fixée par les autorités sénégalaises.

Il n’est pas convaincu d’une possibilité de mettre le Train express régional (Ter) sur les rails au mois d’avril prochain, comme annoncé par les autorités sénégalaises. Mieux, l’ambassadeur de la France au Sénégal, Philippe Lalliot a dit au Grand Jury de la Rfm, dont il était l’invité, dimanche 9 février, qu’en avril, il ne pense pas qu’il puisse y avoir une mise en service commercial du Ter. «C’est en tout cas, ce que me disent les entreprises françaises. Les Sénégalais verront le Ter circuler. Mais ils devront attendre pour pouvoir l’utiliser». Pour lui, il «reste à faire un certain nombre de choses qu’on ne voit pas, mais qui sont absolument indispensables pour que le train roule à son maximum de performance et en parfaite sécurité. L’impératif de la sécurité, il est absolu. On va faire circuler 100 mille personnes par jour avec ce train. Il faut que ce soit en parfaite sécurité».

DEPUIS LA RECEPTION DE LA PREMIERE PHASE DU PROJET ET LE VOYAGE INAUGURAL DU 14 JANVIER 2019, LE TER TOUJOURS A LA GARE

Cette déclaration du chef de la diplomatie française au Sénégal vient donc remettre en cause la date de la réception de l’infrastructure annoncée par le gouvernement, en dépit des nombreuses autres (dates) avancées précédemment par l’Etat.

En effet, lors du vote du projet de loi portant deuxième loi de fiance rectificative pour l’année 2019, le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, avait fixé l’échéance en fin 2019. «Les travaux du Ter ne sont pas arrêtés. Au contraire, l’essentiel des infrastructures de circulation est terminée. D’ici le 31 décembre 2019, le Ter sera totalement réceptionné», avait-il dit. Pendant ce temps, son collègue en charge des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Oumar Youm, avait quant à lui, auparavant, pris date pour septembre 2019, au plus tard. «Les travaux du Train express régional (Ter) avancent très bien. Nous avons retenu la date contractuelle du 14 juin 2019 pour la fin des travaux. Il y aura une période de pré-exploitation, dont le démarrage est imminent et qui devra se terminer au plus tard en septembre 2019».

Quelques mois plus tard, lors de son passage à l’Assemblée nationale, le 4 décembre, il a fixé à nouveau le démarrage du Ter en avril 2020. Déjà, le mercredi 14 décembre 2016, c’est un président Macky Sall, enthousiaste et galvanisé par des souteneurs qui ont pris d’assaut la grande salle du Centre de conférence de Diamniadio, qui avait donné une date aux Sénégalais. «Je donne rendez-vous aux entreprises partenaires le lundi 14 janvier 2019 pour inaugurer la ligne et faire le premier trajet Dakar-Diamniadio en Ter».

Mieux, avait-il ajouté, «j’exhorte toutes les entreprises partenaires et toutes les autorités impliquées à différents niveaux dans la réalisation du projet à faire preuve de la même diligence dans l’exécution des travaux. Ensemble, nous avons pris des engagements ; ensemble respectons nos engagements. Alors, au travail et en avant pour les autres étapes. Et, croyez-moi, je ferai souvent des visites de chantier sans prévenir». Cette même date du 14 janvier avait été choisie par le chef de l’Etat pour faire le voyage inaugural. Depuis lors, le Ter est resté à la gare.

COUT ET UTILITE CONTESTES

A la cérémonie de lancement de l’infrastructure, le président de la République, Macky Sall, avait dit que le montant du financement était 568 milliards de F CFA. Plus tard, un prix contradictoire a été donné. Sur le site officiel du Bureau d’information gouvernemental, il est dit que le Ter a couté 656 milliards de F CFA : 568 milliards au début du projet et un avenant de 88 milliards, soit 15% du coût de départ, signale-t-on. Aussi, dans la même source, il est mentionné que 5 milliards de F CFA ont été prévus pour l’indemnisation des impactés, mais finalement 50 milliards F CFA ont été payés. D’ailleurs, le député et ancien inspecteur des impôts et domaines, Ousmane Sonko, a toujours contredit la version officielle. Selon lui, le projet qu’il qualifie de «mégalomanie» va coûter 1300 milliards de F CFA à l’Etat.

A cause de son coût important, des Sénégalais, notamment la classe politique, ont émis des réserves quant à l’utilité d’un tel projet dont le montant injecté pouvait servir à autre chose, selon ses détracteurs. Le Ter, c’est également un lot de problèmes que les habitants de certaines quartiers traversés par ses rails vivent, en attendant la réception définitive du projet. De Fass-Mbao, Route de Boune, à Keur Massar, Yeumbeul et Rufisque, des voix se sont élevées pour dénoncer des manquements liés aux travaux du Ter notamment l’enclavement, l’envahissement de maisons et quartiers entiers par les eaux de pluie pendant l’hivernage, entre autres. N atteste, l’hivernage passé, à Rufisque, les populations ont exprimé leurs frustrations en accusant le Ter comme étant à la source de leur malheur. A Thiaroye, Pikine, Ginaw-Rail aussi, des manifestations ont lieu contre le Ter

ABDOU NDENE SALL, DIRECTEUR GENERAL DE LA SOCIETE NATIONALE DE GESTION DU TRAIN EXPRESS REGIONAL (SENTER) : «Il n’y a aucune contradiction»

Le directeur général de la Société nationale de gestion du Train express régional (SenTer), Abdou Ndéné Sall, trouve que la déclaration de l’ambassadeur de la France est conforme à la position des autorités sénégalaises sur la date de livraison du Ter. «Il n’y aucune contradiction. Le président (Macky Sall, ndlr) a toujours dit que le Ter va fonctionner lorsque les travaux seront terminés totalement et que tous les tests de conformité, de sécurité et sureté sont faits. C’est après que nous aurons l’autorisation de mise à niveau commerciale pour démarrer. Ces tests sont un examen. Tant que l’examen n’est pas concluant, nous n’allons pas démarrer le Ter. Le 4 avril, nous allons commencer les tests qui vont se dérouler sur deux ou trois mois ; si tous les tests sont concluants, nous allons donner l’autorisation de mise à niveau commerciale», at-il expliqué. Il a réagi sur la Radio futurs medias (Rfm), hier lundi.
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