L’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a déclaré, lors d’une cérémonie commémorative, que son compatriote Cheikh Anta Diop (1923-1986) était « un phénomène de précocité ».
« A 15 ans, Cheikh Anta Diop, élève au lycée Van Vollenhoven de Dakar (actuel lycée Lamine Guèye) a créé un alphabet destiné à écrire, non pas uniquement les langues de son Sénégal natal, mais toutes les langues africaines. C’était un phénomène de précocité », a souligné Boubacar Boris Diop.
Cette sommité s’exprimait, hier vendredi à Dakar, au lancement du cycle des grandes conférences initié par la direction du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). La conférence, animée par l’auteur de « L’Afrique au-delà du miroir », avait pour thème : « Le legs de Cheikh Anta Diop à la jeunesse africaine ».
Dans son discours aux allures de cours magistral, M. Diop a affirmé que « Cheikh Anta était un esprit indomptable. Il n’a jamais transigé sur ses opinions. Il ne connaissait pas le compromis intellectuel. Quand il s’agissait de défendre ses opinions contre la terre entière, il se transformait en fauve ».
Selon ce professeur de philosophie, le parrain de l’Université de Dakar « a vécu dans une perpétuelle tension morale au sens où il ne s’est jamais accordé aucune forme de facilité. Mais dans la vie quotidienne, il était très délicat, d’une grande courtoisie et d’une profonde humilité ».
Pour sa part, Abdoulaye Sow, le Directeur du Coud a indiqué que Cheikh Anta Diop « a battu en brèche les thèses occidentales les plus farfelues et redonné à la race noire toute sa dignité ».
Lamane Mbaye, représentant Cheikh Oumar Hann, le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a soutenu que « l’anthropologue s’est attaché, sa vie durant, à montrer l’apport de l’Afrique, particulièrement noire, à la culture et à la civilisation mondiales ».
Enfin, Ndèye Maguette Sy, porte-parole des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a souhaité que ses pairs s’inspirent du message de ce savant : « Formez-vous, armez-vous de science jusqu’aux dents ».
Né le 29 décembre 1923 à Thieytou (centre du Sénégal), Cheikh Anta Diop est décédé le 7 février 1986 à Dakar, à l’âge de 63 ans. Il fut un homme politique, anthropologue et historien qui s’est attelé à démontrer que « l’Afrique est le berceau de l’humanité » à travers notamment son célèbre ouvrage « Nations Nègres et Culture ».