Les mutilations génitales féminines font des ravages en Afrique, notamment au Sénégal où l’excision touche 26 % des femmes âgées entre 15 et 49 ans, a renseigné le Professeur Abdoul Aziz Diouf de l’Université de Dakar.
Ce chiffre montre l’ampleur de cette pratique ancestrale que définit l’universitaire comme « l’ablation totale ou partielle des organes génitaux externes de la femme pour des raisons non thérapeutiques ».
On distingue quatre types de mutilations génitales féminines. Le type 1, c’est seulement l’ablation du clitoris. Le type 2, l’ablation du clitoris et plus ou moins des petites ou grandes lèvres. Le type 3, c’est l’infibulation. Enfin, le type 4 couvre toutes les autres procédures préjudiciables telles que le perçage, les piqûres et l’incision.
De l’avis d’Abdoul Aziz Diouf, par ailleurs, responsable de la formation au Centre régional de formation, de recherche et de plaidoyer en santé de la reproduction (Ceforep), « au Sénégal, les types 1 et 2 sont les plus fréquents. Dans d’autres pays comme l’Indonésie ou l’Egypte, c’est le type 3. Les cas diffèrent selon les zones géographiques, les pays ou encore les ethnies ».
Il a aussi informé que les conséquences des mutilations génitales féminines sont « immédiates ou à long terme ». Pour la première catégorie de complications, M. Diouf a cité « l’hémorragie » puisque la section du clitoris peut entrainer un saignement de la région bulbaire très vascularisée.
En outre, étant donné que l’excision se fait, généralement, dans des lieux où les conditions hygiéniques ne sont pas respectées, « une simple infection locale peut se propager sur tout le corps », a-t-il fait savoir.
Comme l’excision, une activité illégale au Sénégal, se pratique sans anesthésie, les victimes peuvent avoir « une fracture » en se débattant ou même se blesser avec les objets tranchants utilisés par leurs bourreaux.
Et pour la seconde catégorie de conséquences, il y a les « complications gynécologiques » car le vagin peut se fermer durant la menstruation et des distorsions anatomiques peuvent rendre difficiles les rapports sexuels.
Poursuivant, ce spécialiste en service à l’hôpital de Pikine (banlieue dakaroise) a indiqué que « la fille excisée peut avoir des problèmes psychologiques pouvant déboucher sur le vaginisme, c’est-à-dire l’impossibilité d’avoir des rapports sexuels avec son conjoint ». Et dans bien des cas, cela est une cause de divorce aux conséquences désastreuses.
A la survenance d’une grossesse, la victime de mutilations génitales féminines est exposée à la dystocie. En d’autres termes, un accouchement laborieux, pénible avec un risque élevé d’hémorragie. Dans ce cas, la femme enceinte, l’enfant ou les deux peuvent perdre la vie.
Le Professeur Abdoul Aziz Diouf a souligné qu’ils font en moyenne « une quinzaine d’interventions » par année sur des femmes ayant des complications consécutives aux mutilations génitales.
« Des femmes viennent pour une réfection du clitoris. Mais le taux n’est pas élevé dans les pays africains. C’est parce que les femmes excisées durant leur enfance, finissent par se familiariser à leur clitoris », a-t-il conclu.