Selon le professeur d’histoire à Columbia University des États-Unis, Mamadou Diouf, l’exclusion de Moustapha Diakhaté des rangs de l’Alliance pour la République est la preuve que la bataille de succession a déjà commencé au sein de cette formation politique du chef de l’Etat. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 26 janvier, Mamadou Diouf a également indiqué au sujet du dialogue national qu’il a été convoqué dans le but de trouver un compromis permettant d’imposer à la population sénégalaise des mesures très dures.
En dépit du refus du chef de l’Etat, Macky Sall, de tout débat sur sa supposée ambition cachée de briguer un troisième mandat, la bataille pour sa succession aurait déjà commencé au sein de sa propre formation politique, l’Alliance pour la République (Apr).
L’information est du professeur d’histoire à Columbia University des États-Unis. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 26 janvier, Mamadou Diouf qui se prononçait sur l’exclusion de Moustapha Diakhaté des rangs de l’Alliance pour la République prononcée le mardi 21 janvier par la Commission de discipline de ladite formation politique indique que cette décision constitue un signal fort que la bataille pour la succession a déjà commencé au sein du parti au pouvoir. «La sortie de Moustapha Diakhaté : son exclusion est effectivement le signal que la bataille pour la succession a commencé au sein de l’Apr, même si c’est une bataille feutrée pour le moment. Et c’est tout à fait normal», a assuré l’invité de notre confrère Baye Oumar Guèye qui prédit de graves répercussions de cette bataille sur l’appareil du président de la République. «Probablement, on va se retrouver dans une situation où il va y avoir des tensions de plus en plus importantes entre l’appareil d’Etat et l’appareil politique, c’est-à-dire l’Apr. Et ensuite, il va y avoir une cacophonie extraordinaire de plus en plus importante. Cette bataille va secouer dangereusement l’appareil du président de la République».
Poursuivant son analyse sur cette question de succession, l’invité d’Objection a également cité le nom des trois prétendants sérieux au sein du parti au pouvoir capables de revendiquer dignement la place du Président Sall. Il s’agit entre autres, de l’actuel ministre des affaires étrangères, Amadou Ba, de l’ancien Premier ministre = et actuelle présidente du Conseil économique social et environnemental, Aminata Touré, et de l’actuel ministre de l’Énergie, du pétrole et du Gaz, Mouhamadou Makhtar Cissé.
Mamadou Diouf a rappelé dans la foulée le cas du président Abdou Diouf dont les dernières années de gestion étaient également fortement marquées par la bataille de succession au point qu’il lui était impossible à un certain moment de contrôler l’appareil du Parti socialiste à cause du phénomène de survie. « Car, des gens faisaient tout pour ne pas être les victimes de cette bataille qui allait devenir très intense de liquidation ».
Mamadou Diouf a ainsi plaidé une dissociation de la position du chef de l’Etat et celle de chef de parti politique. «Quand on est chef de parti, on est la cible principale des gens qui s’opposent dans ce cas, le chef de l’Etat n’a plus de marge de jouer comme le représentant de l’ensemble de la société parce qu’il a une casquette de chef de son parti politique. En plus, en supprimant le poste de Premier ministre, le Président Macky Sall n’a plus de fusible, quelqu’un qui peut assumer tout ce qui est mal fait, la cible des revendications. Aujourd’hui, le Président Macky Sall est tout seul en face du peuple sénégalais, il est responsable de tout ce qui se passe, en tant que chef de parti politique mais aussi en tant chef d’un Exécutif où il n’y a plus de Premier ministre».
MAMADOU DIOUF SUR LE DIALOGUE POLITIQUE : Un artifice pour…imposer des « mesures qui vont être très dures»
Abordant la question du dialogue national sous l’égide du président Famara Ibrahima Sagna, le professeur Mamadou Diouf n’est pas allé par quatre chemins pour déclarer que ce dialogue a été convoqué juste dans le sens de trouver un «compromis qui permettrait d’imposer certaines mesures qui vont être probablement très dures». «La société sénégalaise fait face à une crise sur le plan économique et financier et l’Etat a besoin de ressources et de discipliner la population.
Probablement, le pouvoir en place a considéré qu’il est possible d’y arriver en trouvant un compromis sur le plan institutionnel qui permettrait de coopter une partie de la classe politique». Par ailleurs, interpellé sur le dernier rapport du Forum civil (section sénégalaise de Transparency international) sur l’indice de perception de la corruption, le professeur d’histoire à Columbia University annonce une aggravation du phénomène de la corruption au Sénégal sous Macky Sall. «La corruption s’est aggravée dans notre pays et les Sénégalais eux-mêmes l’expriment très bien en disant : «avant, c’était à coût de millions, aujourd’hui, les gens ne parlent que de milliards». C’est ça l’indice le plus fort qu’on a un niveau de corruption aggravé. Vous le voyez bien, tout tourne autour du foncier, maintenant ça tourne autour du pétrole, ce sont les deux poumons de la corruption», a-t-il martelé.