Le Secrétaire général adjoint des Nations unies et Conseiller spécial pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a introduit, samedi dernier, lors de la «ziarra» de Taïba Nguéyène (Matam), le thème sur le rôle des leaders religieux dans la prévention de l'incitation à la violence. Il y a loué le vivre ensemble sénégalais et exhorté à le préserver.
Situé dans la Commune de Nabadji, Département de Matam, le village de Taïba Nguéyène a vécu, samedi dernier, sa «ziarra» annuelle initiée par la famille de Tafsir Moustapha Thiam. La cérémonie officielle a enregistré la participation de nombreux dignitaires religieux de la région comme Thierno Samassa et Ahmed Khalifa Niass.
C'est un fils du terroir, Adama Dieng, Secrétaire général adjoint des Nations unies et Conseiller spécial pour la prévention du génocide, qui a introduit le thème sur le rôle des leaders religieux dans la prévention de l'incitation à la violence.
Cet homme ayant grandi à l'ombre de Thierno Seydou Nourou Tall, incarnation du dialogue islamo-chrétien, a rappelé avoir à son actif un projet de rassemblement de leaders religieux de toutes les régions du monde.
Il y avait des rabbins, des imams, des évêques, des moines bouddhistes et autres leaders spirituels, tous soucieux de contribuer à une réflexion sur le rôle des leaders religieux dans la prévention de l'incitation à la violence qui pourrait déboucher sur des atrocités criminelles.
Sa conviction demeure que le succès engrangé par son initiative a été, en partie, dû au fait qu'il vient du pays d'Oumar Foutihou Tall, de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, de Maodo Malick Sy, de Hyacinthe Thiandoum et tant d'autres leaders et acteurs qui ont marqué de leur empreinte la vie spirituelle de notre «beau» pays.
Bannir le réflexe identitaire
«Nous ne devons ménager aucun effort pour préserver l'héritage qu'ils nous ont légué. Le Sénégal, riche de sa diversité, est le seul pays au monde qui a compté au sein d'une même famille un cardinal et un imam !
Nous ne nous prévalons et ne nous honorons de cet héritage que parce qu'il nous sert de boussole», s'est réjoui M. Dieng.
Face à la situation qui prévaut au Sahel, il a invité à «être vigilants et cette vigilance commence par la réponse que les leaders de la région vont apporter aux aspirations des populations qui ont placé leur confiance en leur leadership».
Il a rappelé que la quête de la paix ne se limite pas à un groupe particulier de sociétés ou de nations, elle est plutôt une quête de l'humanité entière. En d'autres termes, «la paix est un concept qui transcende toutes les frontières du patrimoine, de la religion ou de la culture».
Adama Dieng a souligné qu'il est important de ne pas mettre l'accent sur notre identité particulière, mais plutôt «sur l'identité générale que nous avons en tant que Sénégalais». L'esprit d'ouverture, de tolérance et, mieux encore, le respect de l'autre dans sa différence sont, jusqu'ici, «la marque de notre génie en tant que Sénégalais.
C'est ce génie qui nous a assuré la stabilité et la cohésion tant vantées», a-t-il estimé. Le Secrétaire général adjoint des Nations unies s'est également prononcé sur la mendicité forcée des enfants talibés, leur protection contre les abus et l'amélioration de leurs conditions de vie dans les «daaras» (école coranique).
Adama Dieng a reconnu que des efforts ont été déployés par le Gouvernement sénégalais, mais il estime qu'il y a encore beaucoup à faire pour prévenir de nouvelles violations ; la responsabilité incombant, à ses yeux, à l'Etat même s'il «nous appartient à tous de mettre la main à l'ouvrage pour mettre fin à la mendicité des enfants».
Il a cité l'exemple de Taïba Nguéyène où les élèves des écoles coraniques ne sont ni maltraités, ni abusés et encore moins exploités.