Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du forum social sénégalais, a appelé vendredi à une mutualisation des forces et des moyens afin de vaincre le terrorisme au Sahel.
’’Il faut que les Etats se mettent ensemble. S’ils ne se mettent pas ensemble, je ne vois pas comment un cantonnement au Niger, au Burkina Faso, au Mali peut à lui tout seul résister à des groupes armés qui font des milliers de combattants, plus armés que ces cantonnements-là’’, a-t-il déclaré.
Il s’entretenait avec l’APS en marge d’une session de formation sur la gestion environnementale des activités pétrolières et gazières offshore organisée à Dakar (13-16 janvier), à l’intention de plusieurs cadres, d’élus et d’acteurs de la société civile sénégalaise.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont depuis plusieurs mois les cibles d’attaques menées par des groupes armées. Des dizaines de morts ont été jusque-là dénombrées parmi les militaires et les civils de ces pays.
Mamadou Mignane Diouf a rappelé qu’entre 2010 et 2011, les points focaux des organisations de la société civile travaillant à l’époque sur la route des migrations à la frontière entre la Libye et le Niger alertaient régulièrement sur des mouvements de véhicules chargés d’armes.
’’Ces armes faisaient partie des stocks d’armes libyens que ces groupes armés transféraient vers le Niger (…). Nous avions pris le soin à l’époque d’alerter les hautes autorités sur ce mouvement d’armes. Mais, nous n’avions pas été écoutés’’, a-t-il regretté.
’’Si on en arrive à ce que des groupes armés puissent aller attaquer des cantonnements militaires, des camps militaires et même des camps de commandement, ça veut dire que ces groupes terroristes sont beaucoup plus armés que ces militaires-là’’, a dit Mamadou Mignane Diouf.
Selon lui, ces groupes armés qui circulent dans le Sahel ’’sont bien armés et disposent de motos, de voitures, de drones, des avions et bénéficient aussi de complicités internes dans des points géostratégiques’’.
’’Aucun Etat, ne peut à lui tout seul résister dans ces conditions face à ces groupes armés qui ne sont là que pour faire du mal, rien que du mal et essayent d’installer ce qu’ils appellent le grand Etat islamique’’, a-t-il souligné.
Pour mieux faire face à ces groupes armés, ’’il faut avoir le réflexe’’ de se dire que la Communauté économique de Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) doivent se mettre ensemble et fournir des soldats, des combattants, des armes et des commandements de haut niveau au Mali, au Niger et au Burkina Faso pour les assister.
’’Si on ne le fait pas, on continuera à être complice et à laisser passer une situation qui ira vers les pays côtiers (Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, République de Guinée et Côte d’Ivoire). En vérité, l’objectif final de ces généraux de guerre, de ces mouvements terroristes, c’est de contrôler la côte de l’océan atlantique’’, a-t-il expliqué.
’’Il faut que les pays se mettent ensemble et éviter de commettre une erreur géostratégique qui va leur être très fatale’’, a averti le coordonnateur du forum social sénégalais.
’’Il faut aussi compter sur la communauté internationale, car la solution n’est pas pour demain. L’Etat islamique qui s’installe dans notre zone est en train de se renforcer dans cette zone extrêmement riche en ressources naturelle qui intéresse ces groupes terroristes pour faire leur business et affaires’’, a-t-il ajouté.
Cette zone, a-t-il souligné, est aussi ’’intéressante en termes de position géostratégique. C’est pourquoi, elle est convoitée’’.