Au Sénégal, la situation sociale est caractérisée par de multiples manifestations ces derniers mois.« Aar Li Nu Book » (préserver le bien commun en Wolof) exige de la transparence dans la gestion des ressources pétrolières et gazières, suite à l’affaire Petrotim, et récemment le Collectif Noo Lank (Nous disons Non) demande le retrait de la décision du gouvernement de hausser le prix de l’électricité…Chacun de ces collectifs s'est fixé une mission qui est encore loin d'être une réussite.
Pour comprendre ce phénomène (création de multiples Collectifs au sein de la Société civile sénégalaise, mouvement sociaux répétés et l'atteinte des objectifs fixés), PressAfrik a contacté le sociologue Djibril Dikhaté afin d’analyser les faits. En plus d’évoquer le « développement de la démocratie de façon convenable », il estime que ces collectifs jouent un rôle « préventif et curatif ».
"Les politiques n'ont pas suffisamment pris en compte les préoccupations des populations"
« Ces collectifs sont l’œuvre d’initiatives citoyennes qui montrent que la démocratie sénégalaise se développe de façon convenable, car lorsque des citoyens constituent des collectifs, c’est la lutte pour la transparence, la défense des intérêts des consommateurs, de l’impunité et du respect du principe du droit », a expliqué M. Diakhaté.
Poursuivant, il estime que les associations politiques n’ont pas suffisamment pris les préoccupations des populations. Ces dernières ont donc choisi de créer des Collectifs pour pallier ce vide laissé par les formations politiques.
Malgré la mise en place de ces différents collectifs, aucun n’a encore réussi sa mission. Aar Li Nu Book s’est donné comme mission la « transparence dans la gestion des ressources pétrolières et gazières », suite à la publication d’une enquête de la BBC, accusant de corruption, Aliou Sall, frère du chef de l’Etat Macky Sall.
"Les graines sont semées et la germination arrivera"
Huit (8) mois après, aucun dénouement. Le mouvement, qui n'arrivait plus à mobiliser beaucoup de monde dans ses marches et rassemblements, est presque au point-mort, à propos de l'affaire des contrats gaziers et pétroliers. Des leaders politiques que sont Mamadou Lamine Diallo, Abdoul Mbaye et Thierno Alassane Sall se demandent, s’il y a de la part de la justice sénégalaise une volonté de donner une suite à cette affaire, à l’origine de plusieurs manifestations à Dakar.
Cependant, le sociologue souligne qu’on ne peut pas parler d’échec en ce moment. « Les résultats poursuivis ne sont pas toujours atteints, mais je crois que les questions sont posées et les problèmes sont soulevés. On ne peut pas parler d’échec total à mon avis. Je dirai que les graines ont été semées et la germination arrivera », affirme-t-il.
Par ailleurs, Diakhaté ajoute que ces Collectifs (Aar Li Nu Bokk, Noo Lank) ont une fonction préventive et curative, et contribuent au relèvement de la démocratie au Sénégal. « Dans les grande République, il y a un contre-pouvoir citoyen qui est très fort. C’est celui qui pousse les autorités à être sur le droit chemin pour éviter certains dérapages dans la gestion des affaires publiques. Ces Collectifs ont une fonction préventive et curative. Que les gens qui occupent les postes de hautes responsabilités sachent que les citoyens ont la capacité de s’organiser et de dénoncer tel ou autre chose », dit-il.
Toujours sur les objectifs fixés, ceux de Noo Lank, qui lutte contre la hausse du prix de l’électricité sont tant attendus. Après avoir organisé plusieurs manifestations dont une sévèrement réprimée par la police sénégalaise, les responsables de ce Collectif ne comptent pas s’en arrêter là, si l’on croit à Fadel Barro.
« Si on doit crier toute notre vie pour que les gouvernants décident de baisser le prix de l’électricité, on le fera », avait déclaré M. Barro, lors de la manifestation vendredi dernier.