Le Comité des Nations Unies contre la torture a demandé au Sénégal de ne pas libérer l’ancien président du Tchad, Hissein Habré, condamné à Dakar, par les Chambres africaines extraordinaires, à la prison à perpétuité pour crime de guerre, crimes contre l’humanité et torture commis sous son magistère.
Selon un communiqué de Human Rights Watch, «agissant suite à une requête de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré (AVCRHH), le Comité contre la torture a écrit au Sénégal le 23 décembre. Dans la lettre, rendue publique aujourd’hui (hier jeudi, ndlr), le Président du Comité, Jens Modvig, rappelle que «la libération prématurée des auteurs des crimes internationaux les plus graves n’est pas conforme aux obligations» de la Convention de l’ONU contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont l’obligation de réprimer les actes de torture par des peines prenant en compte la gravité de leur nature».
Le texte qui rappelle que le Comité des Nations Unies contre la torture est composé de 10 experts élus par les 168 Etats membres qui ont ratifié la Convention contre la torture, indique que les victimes de Hissein Habré «ont salué la lettre du Comité et ont fait un rapprochement avec le refus persistant de Habré de payer les dommages et intérêts ordonnés par les Chambres africaines d’un montant de 82 milliards de francs CFA (environ 125 millions d’euros) en réparation à 7 396 victimes».
Le mardi 12 novembre dernier, face à la nouvelle polémique sur la maladie de l’ancien homme fort de Ndjamena, le Forum du justiciable a lancé «un appel pour une grâce médicale en faveur du président Habré pour lui permettre de revenir chez lui, d’être soigné et soutenu par sa famille. Cette grâce médicale serait, en tous points, conforme à nos valeurs d’humanité et de responsabilité (…) au vu de la dégradation de son état de santé quand on sait que toute personne malade a droit à ce que sa situation carcérale soit reconsidérée. De nombreuses personnes en ont bénéficié», écrivait l’organisation de la société.
Convaincu que «ce dernier a été condamné à la prison à vie au terme d’un procès qui n’a pas respecté les principes qui sous-tendent un procès équitable et a passé, à ce jour, 6 années dans les liens de la détention». Et, presqu’une semaine après, le lundi 18 novembre dernier, son épouse, Mme Fatimé Raymonne Habré, a informé que, pris de vertiges, Hissein Habré a glissé dans la douche et est tombé, dans sa cellule. Il s’est fracturé le bras.