Le président du Groupe DMedia, Bougane Guèye Dany n’a pas été tendre avec le président du CNRA dont le Collège a décidé de la suspension des programmes de SEN TV pour une semaine. Dans une lettre incendiaire, Bougane Guèye Dany démonte les arguments de l’organe de régulation avec à sa tête Babacar Diagne, annonçant par la même la mise en chômage technique de 180 agents.
«Suite à votre décision de suspendre les programmes de SEN TV du 31 décembre 2019 au 7 janvier 2020, la direction du Groupe DMedia vous informe que tout le personnel de SEN TV (180 agents) est mis en chômage technique durant cette période. La direction du Groupe rend fautif le CNRA et l’accuse de jouer au ‘’bras armé’’ de Macky Sall. (...) Aujourd’hui sous les ordres de Macky Sall, il cherche à travers le CNRA et par tous les moyens qu’à davantage museler le groupe DMedia. Ce qui est véritablement dommage», écrit M. Guèye.
A l’en croire, ils sont «bien conscients» que c’est la «ligne éditoriale qui dérange, mais ne déroge point aux règles admises. Le pouvoir et M. Babacar Diagne utilisent des méthodes à la limite du purement légal pour chercher à nous nuire et léser la population rien que pour plaire au ‘’roi’’ en usant de tous les moyens possibles pour ne pas dire intolérables. L’histoire de la publicité des produits ‘’khéssal’’, n’est qu’un prétexte fallacieux. Le Président du CNRA a une mission bien précise : celle de réduire la marge de progression du groupe DMedia. À vrai dire, il ne s’en cache même pas. Pour preuve, lors de sa prise de fonction le ‘’soldat’’ Babacar Diagne a fait des visites de courtoisie dans plusieurs Groupe de Presse sauf le nôtre. Le groupe DMedia avertit le paysage audiovisuel et les téléspectateurs qu’il fera face avec tous les pouvoirs requis en sa possession dans le cadre légal et juridique en République du Sénégal».
HARO SUR UNE «POLITIQUE DE DEUX POIDS DEUX MESURES»
Le patron de DMedia informe qu’en réponse à la mise en demeure du régulateur, «dans une correspondance datée du 30 décembre et adressée au président du CNRA (réceptionnée), nous avons clairement indiqué que nous souscrivons entièrement à toute la réglementation portant sur l’hygiène et la santé publique. Seulement, il y a à préciser que nos engagements sont antérieurs à votre injonction», poursuit-t-il non sans dénoncer le «caractère sélectif» de la décision du CNRA. «Hélas ! Votre machine répressive avait été déjà lancée en représailles au plateau offert à Ousmane Sonko député et leader du parti Pastef. Vous êtes allé jusqu’à saisir Canal + pour déconnecter notre signal», déplore M. Guèye qui relève que depuis plus de vingt (20) ans, «cette publicité est tolérée au Sénégal» et que, pire, la télévision nationale «diffuse de la publicité de boissons alcoolisées lors des compétitions de football (Champions League, coupe d’Afrique, coupe du monde)», sans jamais être inquiétée par le régulateur.
Pour lui, cette suspension des programmes de SEN TV «s’inscrit dans une logique d’intimidation. D’ailleurs, depuis plus de six mois, notre signal au niveau de la TNT subit une perte de qualité croissante parce que tout simplement, c’est 1 mégabit qui est alloué à Sen Tv en lieu et place des 3 nécessaires pour une qualité optimale. Toujours dans notre correspondance du 30 décembre, nous avons sollicité un délai pour la poursuite des diffusions au moins jusqu’à l’expiration des contrats y afférents. C’était pour éviter un arrêt brusque de la diffusion des publicités et un contentieux qui risque d’être très onéreux pour nos supports. Toujours dans la politique de deux poids deux mesures, le conseil de ‘’dérégulation’’ des médias que vous incarnez, a voulu sanctionner notre choix d’avoir refusé de vendre notre temps d’antenne pour la conférence de presse du président Macky Sall du 31 décembre. Nous nous en excusons très sincèrement et regrettons cette décision absurde et honteuse de votre organe», conclut le président du Groupe DMedia, Bougane Gueye.