Bara Sady, ex-directeur général du Port autonome de Dakar (PAD), et Carmello Robert Sagna, ancien DG de la Société africaine de Raffinage (SAR), ont été placés sous mandat de dépôt hier. Ils ont été écroués avec cinq autres personnes, pour détournement de deniers publics et complicité.
Alors qu’il vient d’être épinglé dans le dernier rapport de la Cour des comptes, publié il y a quelques semaines, Bara Sady a été rattrapé par un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) de 2008. Déféré au parquet hier, l’ex-directeur général du Port autonome (PAD) a été écroué. Le juge du deuxième cabinet d’instruction lui a décerné un mandat de dépôt, après son inculpation pour escroquerie portant sur des deniers publics et corruption active. Le montant du préjudice est estimé à la rondelette somme de 48 milliards de francs Cfa.
Bara Sady qui a dirigé le Port, de 2005 à 2010, par ‘’une gestion gabegique du budget et de la trésorerie’’, n’a pas été le seul à être envoyé en prison. Le juge Massamba Sall a également donné des tickets d’entrée à Rebeuss aux présumés complices de Bara Sady. Il s’agit de Mouhamed Soumaré et Daouda Ndiaye, respectivement directeur administratif et financier et Chef des marchés du Port, au moment des faits. Les entrepreneurs Alioune Mboup, Abdoulaye Gningue et Oumar Diagne Thiam ne sont également pas sortis libres du bureau du juge d’instruction.
Encore le fuel frelaté
Idem pour l’ancien directeur général de la Société africaine de raffinage (SAR), Carmello Robert Sagna. Son sort a été fixé par le juge du troisième cabinet d’instruction. L’ex-boss de la SAR a été inculpé, pour détournement portant sur 30 milliards de francs Cfa, corruption passive et faux et usage de faux dans un document administratif. Il faut préciser que Carmello Sagna s’est retrouvé dans le pétrin à cause du fuel frelaté. Les inspecteurs généraux d’État avaient établi qu’une quantité anormale d’eau se trouvait dans les réservoirs de la Société africaine de raffinage (SAR), 6 682,389 m³, après déchargement, dans le courant du mois de décembre 2008, du stock de brut par le MT/Olinda.
Dans sa défense, l’ex-DG de la SAR imputait cette situation à des défaillances internes à la société elle-même. Carmello Sagna expliquait aux enquêteurs de la DIC que les défaillances pouvaient résulter, soit de la décantation, soit de l’imprécision de la mesure, ou du fait que les réservoirs de brut ont pu recevoir des "slops" (mélanges d’eau et d’hydrocarbures provenant des installations), opérations courantes en raffinerie.
Cité dans le rapport ayant conduit à l’inculpation de l’ex-DG de la SAR, l’ancien ministre d’État de l’Énergie, Samuel Sarr, s’était défendu dans une correspondance datée du 5 mars 2013. Accusé d’avoir ‘’autorisé un marché de gré à gré d’une valeur de 495 milliards de F Cfa et acheté de l’eau à la place du pétrole", Samuel Sarr avait pointé un doigt sur le montage financier et la tutelle de Bnp-Paribas qui avait garanti la transaction. ‘’Concernant la présence d’eau, je ne suis pas en mesure de l’attester. Ceci relève des dirigeants de la SAR, de la SGS, de BNP Paribas.
Mais à la lumière des documents (donnés par BNP sur la profitabilité du cargo), en ma possession, ainsi que le bilan en matière de la cargaison et les états financiers, j’émets une forte réserve sur vos propos de préjudice de 9 796 769 077 F Cfa. Si tel était le cas, ce chiffre aurait dû être relevé par celui qui finance le cargo (BNP), le Conseil d’Administration de la SAR, et les commissaires aux comptes’’, avait écrit l’ex-ministre libéral.
Qu’est devenu le rapport des experts commis par l’ex-procureur Ousmane Diagne ?
L’inculpation de Bara Sady a rendu très furieux l’un de ses avocats. Me Seydou Diagne trouve même ‘’ridicules’’ les accusations portées sur l’ex-DG. ‘’Comment peut-on dire qu’il a détourné 48 milliards, alors qu’il n’y a pas de plainte du Port ?’’ s’est-il interrogé. La robe noire a aussi fustigé la procédure ayant abouti à la détention de leur client et Cie. Selon ses explications, la procédure avait été initiée par l’ex-procureur Ousmane Diagne.
Ce dernier, a-t-il renseigné, avait à ce propos désigné des experts, mais les dits experts n’ont pas déposé leurs conclusions. Parce que d’après Me Diagne, l’État leur doit une provision de 34 millions de francs Cfa. Me Diagne se désole que le procureur Serigne Bassirou Guèye ait accéléré la procédure, sans les conclusions des experts.