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Retro enseignement supérieur et éducation nationale - Le bilan passé à la loupe des syndicalistes
Publié le mardi 31 decembre 2019  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par SB
Grand marche nationale des syndicats d`enseignants
Dakar, le 17 février 2018 - Des différents syndicats d`enseignants ont manifesté, vendredi, en début d`après-midi, à Dakar pour exiger le respect des accords signés avec l`État. Ils ont tenu une grande marche nationale.
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L’année qui s’écoule a été riche en réformes et en évènements dans l’enseignement supérieur et dans l’éducation nationale. Syndicalistes de deux secteurs (enseignement supérieur et éducation nationale) livrent un bilan mitigé de 2019.



Le lundi 15 avril 2019, le professeur Mary Teuw Niane passait les rênes du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation à Cheikh Oumar Hann. Depuis, l’ancien directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) est le nouveau boss de ce secteur stratégique. Il n’a pas attendu longtemps pour lancer ses réformes. Ainsi, face aux difficultés de l’Etat d’honorer la dette due aux universités privées, la première décision majeure du maire de Ndioum a été d’orienter tous les bacheliers de 2019 dans les universités publiques. Une initiative très critiquée par les syndicalistes du supérieur.

Oumar Dia, Sg Sudes : ‘’De graves reculs dans l’enseignement supérieur et la recherche’’

En effet, les universités publiques, estiment-ils, déjà confrontées au surpeuplement et au manque d’infrastructures, ne peuvent accueillir tous les bacheliers. ‘’Le bilan de 2019 peut être considéré comme le bilan du premier mandat du président dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans la mesure où 2019 était une année électorale où le président a eu un deuxième mandat en février. Le diagnostic que nous avons fait montre de graves reculs dans l’enseignement supérieur et la recherche pour plusieurs raisons’’, déclare Dr oumar Dia, le secrétaire général national de l’entité supérieure du Sudes.

Parmi ces raisons, l’enseignant-chercheur liste, en premier lieu, la décision d’orienter tous les bacheliers dans les universités publiques qui manquent pourtant d’infrastructures et de personnel enseignant, et de support pour accueillir autant de bachelier’’.

Toutefois, le professeur de philosophie à l’Ucad affirme que sur le principe, son syndicat n’est pas opposé à l’orientation des bacheliers dans le public. C’est d’ailleurs une revendication du Sudes, mais c’est assorti de mesures d’accompagnement comme l’achèvement des travaux des universités Amadou Mactar Mbow de Diamniadio, El Hadj Ibrahima Niasse de Kaolack et l’université du Sénégal oriental, etc. ‘’Les conditions sont loin d’être réunies pour accueillir d’un coup tous les bacheliers dans les seules universités publiques du Sénégal. Et cette décision a été prise par le gouvernement sans concertation avec les acteurs. Nous avons considéré cela comme un manque de respect et comme une attitude cavalière’’, martèle-t-il.

Le Dr Dia note également des reculs sur le plan de la gouvernance des universités. ‘’Le gouvernement a sorti des tiroirs une loi consacrant l’avènement à la tête des universités des conseils d’administration qui ont des prérogatives pédagogiques et scientifiques, et où paradoxalement les enseignants-chercheurs ne sont pas majoritaires. Ce sont des conseils d’administration présidés par des gens externes à l’université. Il y a eu recul également du point de vue de la planification. Il y a une massification accélérée des universités publiques du Sénégal qui commande la mise en place rapide d’infrastructures. Le recrutement de personnel enseignant et de supports n’a pas aussi suivi cette massification’’, estime l’universitaire.

Dr Malick Fall : ‘’Nous sommes en train de mettre en œuvre l’accord sur la retraite et nous avons eu parfaite satisfaction’’

Cependant, si le Sg du Sudes décrit un bilan de recul et annonce des mouvements en perspective pour 2020, son camarade du Saes juge le bilan plutôt positif. ‘’On peut considérer que le bilan est positif, dans la mesure où nous sommes en train de mettre en œuvre l’accord sur la retraite et nous avons eu parfaite satisfaction’’, déclare Dr Malick Fall.

Il note, toutefois, quelques points noirs parmi lesquels l’orientation de tous les bacheliers dans les universités publiques.

En outre, 2019 est aussi une année assez mouvementée, en termes de manifestations et de grèves. En effet, les étudiants des universités Gaston Berger de Saint-Louis et Alioune Diop de Bambey se sont plusieurs fois fait entendre pour réclamer de meilleures conditions pédagogiques.

Pour une année universitaire stable en 2020, une enveloppe de ‪203 227 932 514 F Cfa a été allouée en termes de budget au ministre Cheikh Oumar Hann pour bien mener ce secteur stratégique.

Toujours dans le supérieur, le bateau du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) a tangué, cette année. Le différend opposant la direction et la section Saes de l’établissement a fini par atterrir à la justice. Tout est parti d’une volonté de l’ambassade des États-Unis au Sénégal de distribuer des gilets de presse aux journalistes sénégalais devant couvrir la campagne présidentielle de février. La cérémonie de remise programmée au Cesti le 30 janvier 2019, est finalement annulée par la direction. Le motif officiel est que le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, n’avait pas apprécié l’initiative de l’ambassade américaine de distribuer des gilets aux journalistes et, par ricochet, son implication dans la campagne présidentielle.

Seulement, quelques jours plus tard, la direction a autorisé une cérémonie du genre au Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) au Cesti. Jugeant un traitement de ‘’deux poids, deux mesures’’ des partenaires de l’établissement, la section Saes de l’école menaça de perturber la tenue de la cérémonie du Synpics.

Ainsi débuta un long feuilleton de querelles entre la direction de l’établissement et les syndicalistes, qui a duré presque toute l’année.

Les étudiants de la 47e promotion de l’école ont failli en payer les pots cassés, avec la décision des syndicalistes de boycotter les soutenances. Il a fallu l’intervention des anciens de l’école pour qu’elles se tiennent. Actuellement, la directrice Coussou Sall Traoré traine en justice le responsable de la section Saes de l’établissement, Moumini Camara. ‘’Je ne voudrais pas me prononcer, parce que c’est une décision pendante devant la justice. Il faut souhaiter tout simplement qu’on puisse dépasser ces différends, parce que l’enseignement supérieur a besoin d’autre chose que ces genres de questions qui divertissent la communauté. Nous osons espérer que la raison pourra prévaloir pour dépasser la situation’’, souligne Malick Fall, Sg du Saes.

Le Dr Babacar Diop déserte les amphis pour Rebeuss

En 2019, l’Ucad a fait beaucoup parlé d’elle sur le plan judiciaire. Outre l’affaire Saes Cesti-direction toujours sur la table du juge. Il y a eu le séjour, pendant trois semaines à Rebeuss, du Dr Babacar Diop. L’enseignant-chercheur a été arrêté dans le cadre de ses activités politiques. Mais son incarcération a beaucoup perturbé l’université. Durant ses trois semaines de séjour à la Mac de Rebeuss, syndicalistes et étudiants lui ont apporté leur soutien, à travers des manifestations et grèves, pour exiger sa libération. L’université avait alors renoué avec ses perturbations.

‘’Le Dr Babacar Diop n’aurait pas dû passer une seule seconde en prison. Il a passé trois semaines en prison. C’est énorme dans la vie d’un enseignant-chercheur qui apporte une plus-value à la science et qui est responsable direct d’étudiants. Nous nous réjouissons de sa libération, mais nous sommes profondément scandalisés par ce qui s’est passé’’, témoigne son collègue Oumar Dia.

‘’Dès le début, poursuit-il, il était manifeste que notre collègue avait ce qu’on appelle en droit la garantie de représentation. Docteur Babacar Diop est quelqu’un qui a une professionnelle honorable, car il est professeur d’université. Il a une adresse fixe. La justice sait où le trouver. Donc, en aucun moment, le juge ne devait le mettre en prison. C’est pourquoi toute la corporation n’a pas compris cette décision arbitraire du juge d’instruction de le mettre sous mandat de dépôt’’.

Education nationale : Le voile a fait polémique

Le secteur de l’éducation nationale a surtout été marqué, en 2019, par la polémique sur l’interdiction du port du voile islamique à l’institution privée catholique Sainte Jeanne d’Arc.

En effet, cette école avait intégré, dans son nouveau règlement intérieur, l’interdiction du port du voile. Dès l’ouverture des classes, en septembre, elle a renvoyé les élèves voilées. Ce qui a suscité une vive polémique. Les jeunes filles voilées sont ainsi restées plus de trois semaines sans faire cours. Un consensus sera finalement trouvé entre les autorités de l’établissement, le ministère de l’Education nationale et les parents d’élèves. Les voilées ont réintégré l’école avec ‘’des voiles convenables’’ au règlement de l’institution.

Toutefois, cette page n’est pas totalement fermée. Le ministre est revenu sur ce sujet, lors de son passage à l’Assemblée nationale pour le vote du budget 2020 de son département. Mamadou Tall a annoncé, à cette occasion, un règlement harmonisé dans tous les établissements d’enseignement général, pour les années à venir. ‘’Nous sommes en chantier pour avoir des règlements intérieurs harmonisés, que ça soit dans le public et le privé. Avoir des canevas qui auront des contenus qui nous permettent d’être en phase avec nos réalités, notre histoire, culture et Constitution’’, a-t-il annoncé.

Abdoulaye Ndoye, Sg du Cusems : ‘’Le bilan de 2019 est sombre’’

‘’Ce que nous pouvons retenir pour l’année 2019, c’est que le gouvernement n’a pas honoré ses engagements et c’est du dilatoire. Les enseignants sont déçus’’, martèle Abdoulaye Ndoye, Sg du Cusems, en réponse à la question : quel bilan tirer de l’année, en termes de revendication et d’acquis ? C’est dire que comme à chaque année, 2019 a aussi été pour les syndicalistes ‘’une année de promesses non tenues, mais aussi de lenteurs administratives incompréhensibles’’.

‘’Je viens du ministère de la Fonction publique. Il y avait des centaines d’enseignants venus de tous les coins du Sénégal devant la porte pour vérifier leur dossier. Il faut que cette affaire soit réglée. Dans un pays sérieux, on ne doit pas faire plus 600 km pour vérifier le niveau d’avancement de son dossier’’, peste M. Ndoye au bout du téléphone d’’’EnQuête’’, sur un ton révolté.

Quid de la dématérialisation des procédures censées régler ce problème ? Le syndicaliste répond que la digitalisation tant vantée par l’Etat n’arrive pas à régler le problème, parce que l’Adie (Agence de l’informatique de l’Etat) a des problèmes de moyens pour exécuter la procédure. Dans la même veine, le Sg du Cusems dénonce comme toujours les lenteurs de paiement des rappels et les surimpositions.

En 2019, les enseignants n’ont pas encore gagné la bataille de la suppression des inégalités salariales entre eux et les autres corps de la Fonction publique. Abdoulaye Ndoye en conclut que l’éducation est loin d’être une priorité pour l’Etat.

Pourtant, le secteur détient la plus conséquente enveloppe budgétaire. Pour sa gestion en 2020, Mamadou Talla, qui a remplacé Serigne Mbaye Thiam à ce département le 15 avril dernier, a bénéficié d’une allocation budgétaire de 526 milliards 270 millions 540 mille 817 F Cfa en crédits de paiement avec des autorisations d’engagement qui se chiffrent à 129 948 489 978 F Cfa. Avec une telle enveloppe, le boss de l’éducation nationale occupe la première place du top 10 des ministres les plus puissants en termes d’allocation budgétaire. Alors que pendant ce temps, le Sg du Cusems dénombre 6 000 abris provisoires et des déficits d’enseignants. ‘’Aujourd’hui, en mathématiques, dans beaucoup d’écoles, on a diminué les quantums horaires. La conséquence est que cela surcharge les enseignants qui se retrouvent avec 4 à 5 classes pour enseigner plus de 300 élèves. Il y a des écoles en détérioration avancée. Les enseignants sont démotivés, démoralisés et découragés’’, s’indigne M. Ndoye.

Autant de manquements qui amènent le syndicaliste à dresser ‘’un bilan sombre de l’année, avec des perspectives de mouvements pour 2020. ‘’Nous avons déposé un préavis de grève depuis le 6 novembre. Il a déjà pris fin et pendant le mois de décembre, il y a eu beaucoup de perturbations consécutives au non-paiement des indemnités du Bac et du Bfem. C’est une honte. C’est paradoxal. Au moment où le président soutient que l’école est une priorité, parallèlement, elle est aujourd’hui négligée. Tout ce que nous attendons, c’est le respect des engagements’’, clame-t-il.

ABBA BA
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