Tous les députés présents, hier, à l’Assemblée nationale, adoptaient unanimement le projet de loi portant création de la Société nationale Agence de presse sénégalaise. Des parlementaires, malgré leur vote favorable, ont émis quelques craintes.
Il est rare de voir un projet de loi voter à l’unanimité, à l’Assemblée nationale. Donc, pas impossible et c’est ce à quoi on assistait hier. Le jeu en valait la chandelle, pour ne pas dire que l’Agence de presse sénégalaise et son personnel le valent peut-être bien. Tous les députés se sont accordés sur la nécessité et l’urgence de sauver cette entreprise de presse. Tous ont donc favorablement voté le projet de loi n°11/2019 autorisant la création de la Société nationale-Agence de presse sénégalaise (Sn-Aps). Même si certains d’entre eux ont émis quelques inquiétudes.
‘’Je risque de surprendre beaucoup de mes collègues, aujourd’hui. Je vais voter oui pour l’adoption de ce projet de loi, parce que je considère que l’Aps en a besoin. J’espère juste que dans un an, à l’heure du bilan, je n’aurai pas de remord ou de regret d’avoir voté favorablement’’, a dit Marie Sow Ndiaye. Son collègue de l’opposition, Nago Seck, a presque dit la même chose. Les deux parlementaires craignent, à travers cette volonté de faire de l’Aps une société nationale, que l’Etat ne cherche à en faire une ‘’arme de guerre’’, selon les termes de Marie Sow Ndiaye. Inquiétude fondée sur le fait que la Rts et ‘’Le Soleil’’, accusent des députés, sont à la solde du pouvoir en place.
‘’Le journal de 20 h de la Rts, 20 minutes y sont consacrées au président Macky Sall, 30 aux services de communication des ministères et le reste au sport’’, a dénoncé Nago Seck. Mamadou Diop Decroix s’est voulu plus clair, en regrettant que l’opposition n’ait aucune plage qui lui est consacrée dans le programme de la télévision nationale. ‘’Accompagner les structures étatiques en vulgarisant leurs réalisations et actions, fait partie des missions de l’Aps. Ce qui n’est toutefois pas constitutif d’une vulgarisation ou d’une diffusion d’informations partisanes ou à connotation politique’’, a défendu le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop, lors de la présentation du rapport aux commissions concernées.
Les députés de la majorité, cela va de soi, sont de cet avis, contrairement à ceux de l’opposition.
La seule chose sur laquelle les deux parties se sont entendues, est la nécessité de doter la nouvelle société de moyens conséquents. Cela commencerait par un siège digne de ce nom. L’ancienne journaliste à la télévision nationale, Sokhna Dieng, a plaidé la cause des agenciers dans ce sens. Pour elle, mettre en place une nouvelle société implique l’attribution d’un siège. Les bureaux actuels, provisoirement attribués et sis à la Maison de la presse, s’avèrent étroits.
Il faut également, selon Adji Diarra Mbergane, des moyens logistiques pour permettre aux journalistes de travailler correctement. Avant tout cela, le recrutement de ressources humaines suffisantes et de qualité s’impose. Il faut que l’Aps puisse avoir des correspondants partout, au Sénégal et à l’étranger. Mais également, il lui faudrait assez de finances pour couvrir les grands évènements à l’international. D’où la crainte de certains dont Marie Sow Ndiaye sur l’investissement qui sera fait.
‘’On est dans le budget programme. Une rubrique est dédiée à l’Agence de presse sénégalaise et non à la Sn-Aps. Comment faire pour que ce budget soit en adéquation avec le nouveau statut de l’agence’’ ? Le ministre de la Culture et de la Communication a assuré que le moment opportun, avec son collègue des Finances, ils trouveront la formule adéquate pour résorber cet écueil. Car, a-t-il indiqué, ‘’pour toutes ces réformes, les budgets sont disponibles et un montant de 18 milliards est déjà prévu dans le budget de l’année 2020, dont une part importante sera destinée à l’Aps’’.