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Restructuration de Rewmi: Idrissa Seck, la métamorphose politique
Publié le dimanche 29 decembre 2019  |  Setal
Idrissa
© aDakar.com par SB
Idrissa Seck a rendu visite à Khalifa Sall, à Rebeuss
Dakar, le 10 avril 2017 - L`ancien Premier ministre Idrissa Seck a rendu visite à Khalifa Sall, à la maison d`arrêt et de correction (MAC) de Rebeuss. Le président du parti Rewmi s`est adressé à la presse à sa sortie.
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Connu pour ses méthodes trop directes et quasi-dictatoriales, Idrissa Seck a décidé de changer de peau politique. Le patron du Rewmi qui décidait de tout dans son parti, laisse cette fois le gouvernail à la base. L’as du parachutage, grand recruteur de cerveaux, a banni aujourd’hui toutes ces pratiques de sa formation politique.

C’est là-bas qu’il faut aller débusquer le mal politique qui poursuivrait l’homme, les raisons de ce manque de constance dans l’évolution du parti Rewmi. Une formation politique, sorte de propriété personnelle inviolable, managée par une seule personne, Idrissa Seck, qui en imprime le rythme de bataille politique et y impose ses hommes. A sa guise, selon ses envies.

Sept février 2006, Idrissa Seck quitte la prison de Rebeuss (Dakar) au coup d’envoi de la demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations (Can) opposant le Sénégal à l’Egypte. L’ex-Premier ministre et Directeur de cabinet du Président Abdoulaye Wade, blanchi des délits d’atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale fin janvier, à la suite d’un non-lieu partiel rendu par la commission d’instruction de la Haute Cour de justice, sort d’un long marathon judiciaire qui lui a coûté 7 mois de prison.

L’affaire qui a longtemps tenu en haleine le pays et agité le milieu politique, tourne en sa faveur. Il bouleverse les tendances d’une future Présidentielle qui doit se tenir un an plus tard.

Idrissa Seck jouit d’une posture victimaire qui lui confère une position de challenger de Wade. Le politicien au talent de rhéteur hors-pair, est devenu un mythe aux yeux d’une partie du peuple et de l’élite. L’homme intrigue, fascine, aimante. Mais dans sa démarche vers le Pouvoir, le maire a cru pouvoir concocter seul, la recette de sa réussite, avec parfois le recrutement de cerveaux basés à l’étranger. Léna Sène, jadis avec sa silhouette de mannequin au teint métissé, a été l’égérie et porte-voix de la campagne présidentielle de Seck en 2012, Dr. Abdourahmane Diouf, avec ses bagages d’économiste chevronné, a survolé celle de 2019.

Tous deux ont fait sensation aux yeux des Sénégalais, mais jamais Idrissa Seck n’a accédé à son ambition de diriger le pays. Et après trois tentatives ratées en 2006, 2009 et 2014, Idrissa Seck, qui croit aujourd’hui que son salut politique viendrait de la restructuration de son parti, va une fois encore arpenter ce sentier, ce week-end (samedi 28 et dimanche 29 décembre 2019), dans un séminaire au Cyber Campus de Thiès.

Les cas Léna Sène, Abdourahmane Diouf…

Après avoir engagé la vente des cartes du Mouvement de soutien à Idrissa Seck (Msis) en 2006, le fils banni de Wade avait brusquement interrompu le processus pour ensuite se livrer, pieds et poings liés, à son mentor politique à la veille de la Présidentielle de 2007. Un retour à la case-départ qui se révèlera plus tard, une vraie opération de «casse politique» contre son image de challenger de l’époque de Me Wade. Un parfum de deal est agité et Idrissa Seck va perdre beaucoup de ses soutiens qui voulaient le venger du pape du Sopi, alors présenté, à tort ou à raison, comme l’ogre qui se nourrit de ses fils.

Bassirou Ndiaye, coordonnateur départemental du parti Rewmi à Tivaouane, avait suivi le processus d’adhésion et de restructuration du parti Rewmi qui a été grippé par la fameuse audience au Palais de la République entre Wade et Idy. Mais il consent à rester sur les principes. «Pour adhérer à un parti politique, explique le coordonnateur général du séminaire des 28 et 29 décembre, il faut acheter une carte. Il y a eu des entrées massives dans le parti. Il fallait que ces nouvelles entrées aient une matérialisation. On a procédé à des ventes de cartes pour qu’ils soient de véritables militants de Rewmi.»

Et non de simples sympathisants, sans croyance idéologique, qui lâcheront le Rewmi à la première secousse électorale. Un type de militantisme dont Idrissa Seck, qui toujours a cru que son image était assez opérante pour le porter au pinacle, a longtemps fait les frais. Une donne qu’il a tout de même cherché à corriger. En vain !

En 2009, après une année de léthargie politique dictée par les lendemains de gueule de bois nés de la grosse déception de la présidentielle de 2007, consultations électorales qui avaient fait du Rewmi la deuxième force politique du pays, Idrissa Seck tente de relancer la machine. «C’était 3 ans après la création du parti. Il y avait à l’époque les cartes Msis. Le processus de vente des cartes n’avait pas abouti. On n’avait pas aussi assez de commissaires politiques. Il y avait un problème de sensibilisation, d’information et de partage», se souvient Yankhoba Diattara, Directeur des structures chargé de la vie politique de Rewmi.

Un impair considérable qui ne sera pas sans gros impact à la Présidentielle de 2012. Malgré les renforts venus de l’étranger, Idrissa Seck, qui a perdu beaucoup de temps dans la bataille de l’«Indépendance» à Dakar, dénonçant l’irrecevabilité de la candidature de Abdoulaye Wade, va à l’issue du premier tour, obtenir 7% des voix. Une terrible dégringolade à chercher dans la mauvaise image due à ses relations troubles avec Wade, surtout aux fantômes de l’audience de 2007 et sa réintégration dans le Pds en 2009. Le parti Rewmi qui n’est pas assez structuré, assez représentatif à l’intérieur du pays, touche le fond.

Pas de parachutage ni de piston, c’est la base qui décide

«En 2014, nous avons commencé (la restructuration). C’est seulement à Thiès où le processus avait pris forme, mais dans les autres départements, ce n’était pas le cas», consent Diattara. Mêmes causes, mêmes effets. Malgré la large coalition, Idrissa Seck n’a pas pu trop tirer profit du soutien des autres formations et mouvements politiques. Le Rewmi qui manque de leaders départementaux forts pour tirer la coalition «Idy 2019» vers le (très) haut niveau politique, fait certes une énorme remontée électorale, en termes de chiffres, mais manque le fauteuil présidentiel. Idrissa Seck et les autres candidats contesteront la victoire au premier tour de Macky Sall. Sans gain de cause.

Mais ce week-end, en perspective de la Présidentielle de 2024, Idrissa Seck va engager, une nouvelle fois cette tâche de la restructuration, avec le séminaire du parti Rewmi prévu au Cyber Campus. Un raout politique qui va consacrer la nouvelle mission entérinée lors du congrès de Saly et «drivée» par Yankhoba Diatta, qui s’en explique. «Depuis que le Président Idrissa Seck m’a confié le projet, je l’ai partagé avec les autres. Je vais mettre en place un secrétariat à la vie politique et un secrétariat chargé du suivi des conclusions du séminaire. Nous allons nommer des commissaires dans chaque département, mais également au niveau des 8 zones de la diaspora, pour assurer le suivi et la mise en œuvre.»

Pour donner plus de consistance au rêve présidentiel de Idrissa Seck, qui donne cette fois mandat à la base de choisir démocratiquement ses leaders les plus représentatifs.

«Le président Idrissa souhaite que les responsables puissent porter le projet et le mettre en œuvre aussi bien au niveau des 45 départements et 43 pays où l’on vote dans la diaspora, confie Diattara. Le séminaire va regrouper plus de 200 participants, notamment les 90 responsables départementaux (2 responsables par département), les responsables jeunes, les responsables femmes, les cadres et les enseignants, entre autres. Il nous a dit que toute responsabilité qui sera occupée dans le parti, le sera de manière démocratique.»

Les recommandations d’Idrissa Seck sont claires: pas de parachutage encore moins de pistonnage d’un quelconque responsable politique. Idrissa Seck, qui aura 64 ans en 2024, se prépare à cette dernière grande guerre électorale, avec la ferme volonté de faire du Rewmi le navire amiral de sa (dernière) conquête du fauteuil présidentiel. Comme qui dirait Idrissa Seck entre en… cène.

OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE Igfm
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