Il urge de réformer ou d’adapter les textes concernant le statut général des fonctionnaires, afin de prendre en compte les diplômes des enseignants décisionnaires qui sont dans l’élémentaire et le moyen secondaire. Pour porter ce combat, ils ont fait face à la presse, hier, à la Faculté des sciences et technologies de l'éducation et de la formation (Fastef).
Les textes qui régissent leur corps datent des indépendances et certains points leur portent préjudice. C’est pourquoi les enseignants décisionnaires qui sont dans les écoles élémentaires et dans le cycle moyen secondaire prônent leur mise à jour. Face à la presse hier, le coordonnateur de ces enseignants a estimé qu’il urge, aujourd’hui, de réformer ou d’adapter les textes. Il s’agit, notamment, de la loi 61-33 du 15 juin 1961 qui concerne les fonctionnaires et celle 74-347 du 12 avril 1974 applicable aux agents non-fonctionnaires de l’Etat. ‘’Aujourd’hui, 59 ans après les indépendances, il y a bien des articles et des parties de cette loi qui régit le statut général des fonctionnaires qui méritent une profonde révision. La question des assises de la justice qui est agitée ne peut, en aucun cas, occulter cette affaire des décisionnaires, qui est également une question de justice et d’équité’’, soutient Amadou Camara Diène.
En effet, le point fondamental sur lequel ces enseignants pensent qu’il faut attirer l’attention, est ‘’la revalorisation’’ de leur diplôme professionnel. ‘’Le diplôme n’étant pas rétroactif, nombre d’entre nous ayant réussi leur examen avant l’âge de 30 ou 35 ans et ayant attendu, des années durant, la sortie d’un hypothétique acte due aux lenteurs administratives, se sont vus engagés après la sortie de celui-ci, en qualité d’enseignant décisionnaire’’, explique le coordonnateur du collectif.
En réalité, parlant de la sortie d’un acte hypothétique, ces enseignants font référence au Certificat élémentaire d'aptitude pédagogique (Ceap), au Certificat d'aptitude pédagogique (Cap), et au Certificat d'aptitude à l'enseignement dans les collèges d'enseignement moyen (Caecem). Pour la délivrance de ces diplômes, M. Diène souligne que les enseignants attendent parfois des années les commissions qui ‘’tardent généralement’’, pour diverses raisons. A savoir les grèves des inspecteurs, l’enclavement de leur lieu de service, l’insuffisance des moyens logistiques des inspections de l’éducation et de la formation (Ief).
Le coordonnateur du Collectif des enseignants décisionnaires affirme également que la lourdeur de la procédure pour obtenir un acte est telle que les enseignants sont obligés de quitter les classes pour s’en occuper. ‘’Une fois devenus décisionnaires, les agents qui ont commencé avec le Ceap ne bénéficient pas, après l’obtention du Cap, de leur ancienneté, à l’instar des fonctionnaires. Ils recommencent avec le grade le plus bas qui est Id2/1. Comme si la dizaine ou la vingtaine d’années de service n’aura servi à rien’’, regrette-t-il. Il convient de noter que cette prime est de 40 % chez les instituteurs, 30 % pour les professeurs de l'enseignement moyen (Pem) et 20 % pour les professeurs de l'enseignement secondaire (Pes).
Sur ce, cet enseignant fait savoir que cette situation crée des frustrations et des insubordinations, dès que les nouveaux enseignants deviennent leurs supérieurs hiérarchiques qu’ils appellent affectueusement ‘’doyens’’. Ceci, du fait de leur âge, mais qui sont des subalternes par rapport à leur grade. Concernant la pension de retraite, M. Diène informe que les agents non-fonctionnaires perçoivent leur argent à l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres), contrairement aux fonctionnaires qui dépendent du Fonds national des retraites ((Fnr). ‘’Ils vont percevoir, mensuellement, une pension dérisoire qui ne leur permettra pas de subvenir à leurs besoins. Et pourtant, à part le statut, rien ne différencie le décisionnaire du fonctionnaire en activité. Ils font les mêmes tâches. Ils sont assujettis aux mêmes rigueurs professionnelles et sont recrutés par le même canal. Ils subissent la même formation’’, déplore le coordonnateur de ce collectif d’enseignants.
Ces derniers interpellent aussi l’Etat par le biais du ministère de la Fonction publique sur la nomination, dans le corps des fonctionnaires, des enseignants ayant obtenu leur diplôme avant l’âge de 35 ans. Mais aussi, souhaitent la remise, dans leurs droits, des enseignants reclassés, ‘’par erreur’’ comme décisionnaires, à cause de la ‘’négligence’’ de certains agents de la Fonction publique.
Toutefois, ces enseignants se veulent clairs par rapport à leur démarche. ‘’Notre objectif n’est pas de créer un syndicat. Nous sommes tous déjà membres d’un syndicat. Nous voulons inciter les syndicats auxquels nous sommes affiliés à prendre cette question à bras le corps. Quand on est dans une mouvance syndicale, on s’attend à ce que notre syndicat prenne en charge nos préoccupations. Mais les choses avancent à pas de caméléon’’, précise le coordonnateur des enseignants.
D’après lui, pour la plupart d’entre eux, il ne leur reste pas 15 ans de service. ‘’Nous voudrions que cette injustice soit réglée avant que nous soyons à la retraite. Ce que nous organisons aujourd’hui est le point de départ de notre lutte. Nous comptons saisir qui de droit pour prendre en charge nos préoccupations’’, conclut-il.