Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Senegal    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Education
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Education

Bachir Diagne : ’’Les philosophes n’ont plus besoin de s’épuiser sur des a priori de langues"
Publié le vendredi 2 mai 2014   |  Agence de Presse Sénégalaise


Souleymane
© Autre presse
Souleymane Bachir Diagne


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a révélé avoir récemment écrit "un texte sur le vrai et le faux", paru dans un livre édité par un de ses anciens étudiants, dans le but d'administrer la preuve que les philosophes n'ont "plus besoin de s'épuiser sur ces a priori absurdes de langues qui seraient concrètes ou abstraites", en allusion à celles africaines qui ne permettraient pas d'enseigner la philosophie.

"L'histoire prouve qu'il existe déjà une littérature philosophique dans les langues africaines : certains manuscrits de Tombouctou dits ajami sont écrits dans ces langues, transcrites en caractères arabes", a-t-il déclaré dans une interview avec le site d'informations dédié à l'actualité africaine par l'hebdomadaire français Le Point.

"Les philosophes n'ont plus besoin de s'épuiser sur ces a priori absurdes de langues qui seraient concrètes ou abstraites", a répondu Souleymane Bachir Diagne, professeur à Columbia University, à New York (Etats-Unis), à la question de savoir si la philosophie pourrait un jour s'écrire et s'enseigner en langues africaines.

"J'ai récemment écrit dans ma langue maternelle, le wolof, un texte sur le vrai et le faux paru dans un livre manifeste Listening to ourselves, édité par un de mes anciens étudiants, Chike Jeffers, professeur à Halifax au Canada, réunissant les essais, écrits dans leur langue maternelle, d'une dizaine de philosophes africains vivant aux États-Unis, avec traduction en anglais en vis-à-vis", a-t-il fait savoir.

Parlant de l'apport des philosophies africaines à l'histoire de la pensée universelle, il a notamment cité un livre de Jean-Godefroy Bidima sur le concept moderne de la palabre, associé par l’auteur "à la recherche du consensus si indispensable en cas d'affrontements politiques, qui vont jusqu'à déchirer le tissu social".

"Je citerais aussi le concept d'ubuntu universalisé aussi bien par Mandela que par Desmond Tutu. Pour dépasser la situation la plus conflictuelle qu'on puisse imaginer, l'Apartheid, cette notion d'ubuntu qu'on pourrait traduire par +faire humanité ensemble+ a trouvé son application dans la société", a ajouté le philosophe sénégalais.

"La justice transactionnelle, qui cherche la vérité non pas nécessairement pour punir mais pour guérir, doit beaucoup à l'humanisme porteur d'avenir que contient ce concept", a relevé Souleymane Bachir Diagne, qui vient de publier "L'encre des savants". Un "précis" publié aux éditions Présence africaine qui cherche à montrer "comment les questions de l'ontologie, du temps, de l'oralité et de la politique sont pensées par les Africains".

"L'objection que l'on fait toujours à l'activité philosophique en Afrique est la suivante : une civilisation essentiellement orale ne peut pas être une civilisation de l'esprit critique", a-t-il fait observer, avant d'ajouter : "Mon collègue sénégalais Mamoussé Diagne, dans son livre Critique de la raison orale (Éditions Karthala), a brillamment démontré que la tradition orale ne cesse de s'autocritiquer".

"Bien des textes oraux, si l'on excuse cette expression paradoxale, ne peuvent se lire qu'à la lumière de contenus précédents qu'ils remettent en question", a-t-il fait valoir. "Avec l'islamisation d'une bonne partie de l'Afrique à partir du IXe siècle, a-t-il poursuivi, toute une tradition érudite écrite, nourrie de ce que le monde islamique avait lui-même reçu du monde grec, est arrivée dans des centres de savoir comme à Tombouctou, Djenné au Mali actuel, ou Coki du côté du Sénégal".

"Et des textes importants y apparaissent surtout après le XIVe siècle, dont un superbe ouvrage, emblématique de ce que fut Tombouctou, où Ahmed Baba rappelle cette tradition prophétique selon laquelle l'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs. J'ai emprunté le titre de mon livre à cette parole parce que nous vivons à une époque où il faut rappeler cela", a-t-il signalé.

 Commentaires