Dakar (Sénégal)- L’économie sénégalaise a baigné dans la morosité durant l’année dernière, estime une mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné au Sénégal, du 16 au 30 avril 2014, dans le cadre de la septième revue de l’accord triennal au titre de l’Instrument de soutien à la politique économique (ISPE).
''Les premières estimations des autorités suggèrent que la croissance du PIB a été plus faible que prévu en 2013 (environ 3,5 % au lieu de 4 % attendu)'', note le FMI. Il ajoute que ce résultat reflète de faibles niveaux de production dans le secteur agricole mais également des difficultés dans l'industrie et les industries extractives.
En revanche, relève la mission, l'activité a été particulièrement dynamique dans les secteurs des télécommunications et de la construction.
L'inflation s'est établie à 0,7% en moyenne en 2013, dans un contexte marqué par la détente des cours sur le marché international des matières premières agricoles. Le déficit du compte extérieur courant s'est, pour sa part, détérioré se situant à environ 10 % du PIB, sous l'effet notamment d'une baisse importante des cours de l'or.
Les crédits à l'économie se sont significativement accrus tandis que la masse monétaire a augmenté de 8%.
‘'Un environnement international plus favorable, l'amélioration de la situation sociopolitique dans la sous-région, un fort rebond de la production agricole et des secteurs minier et industriel en 2014, ainsi qu'une hausse de l'effort d'investissement public y compris en liaison avec la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE) devraient doper la croissance du PIB, qui s'établirait à 4,9 %'', projette le FMI.
Il note par ailleurs que tous les critères d'évaluation quantitatifs et objectifs indicatifs du programme à la fin 2013 ont été respectés, y compris la cible de déficit budgétaire en dépit de moins-values de recettes importantes.
‘'Ces moins-values reflètent, selon la mission, un ensemble de facteurs, tels qu'un niveau d'activité et d'inflation plus faible que prévu, la situation financière de la Société nationale d'électricité du Sénégal (SENELEC), qui a accumulé d'importants arriérés fiscaux, et des pertes de recettes de TVA liées à la suppression du précompte par les agences publiques dans le contexte de la réforme du code général des impôts de 2013''.
Selon toujours le FMI, la mise en œuvre des réformes a pris du retard au cours des derniers mois et certains mesures structurelles du programme n'ont pas été respectées ou restent à mettre en œuvre.
La mission a noté que le PSE constitue un bon diagnostic des forces et faiblesses du Sénégal. Elle a aussi salué son appropriation par les plus hautes autorités de l'Etat. Ce qui sera un atout pour sa mise en œuvre. Le FMI a par ailleurs souligné le besoin d'accroître l'efficacité de l'investissement.
‘'A cet égard, estime-t-il, le succès du PSE nécessitera des réformes vigoureuses pour améliorer l'environnement des affaires et une réforme profonde de l'Etat''.
De l'avis du FMI, les perspectives budgétaires se sont détériorées depuis la dernière revue, compte tenu des difficultés de mobilisation des recettes. Il a noté, par ailleurs, que la mise en œuvre du PSE nécessitera de nouvelles dépenses d'investissement.
Selon le FMI, les autorités sénégalaises ont identifié avec la mission un certain nombre de mesures permettant de réduire les moins-values fiscales et de réaliser des économies sur des dépenses moins productives.
Les mesures structurelles en suspens devraient être mises en œuvre au cours des prochaines semaines.