Interpellée, hier, sur l’état de la déclaration de patrimoine, la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) s’est montrée très évasive, en se contentant uniquement de dire que le travail continue.
La Journée mondiale contre la fraude a été commémorée, hier, dans le monde. Au Sénégal, c’est dans le plus grand paradoxe qu’elle a été célébrée. Alors que la corruption gagne du terrain et prend des proportions inquiétantes dans presque tous les secteurs d’activité, surtout dans l’Administration, la présidente de l’Ofnac a tout simplement préféré axer le thème de la journée sur la tricherie dans le milieu scolaire. Une façon de noyer le poisson qui ne l’a pas pour autant épargnée des questions des journalistes qui l’ont interpellée sur l’état des lieux de la déclaration de patrimoine.
‘’Le travail se poursuit. C’est vrai que c’est difficile, car l’inconnu est toujours craint. Mais nous avons une stratégie qui fait que les assujettis adhèrent de plus en plus à des déclarations de patrimoine, parce qu’on leur explique que cela a un effet protecteur vis-à-vis d’eux. C’est un moyen pour eux, demain, s’ils sont poursuivis ou accusés d’enrichissement illicite, de prouver qu’ils ont bien acquis leurs biens. Les autorités sont très ouvertes à ce programme’’, rétorque-t-elle sans donner plus de détails par rapport au niveau d’engagement des assujettis à s’acquitter de cette déclaration de patrimoine.
L’ancienne doyenne des juges d’instruction au premier cabinet s’est refusé tout commentaire sur les plaintes qu’ils reçoivent au sein de l’Ofnac. ‘’Si on se focalise sur le foncier ou l’état civil, c’est parce que l’exploitation de nos plaintes, en plus de l’étude qui a été commanditée, nous guide à aller dans ce sens. L’Ofnac est une autorité administrative indépendante. On ne reçoit d’instruction d’aucune autorité. Nous faisons notre travail en toute objectivité et avec le professionnalisme qu’il faut. Nous ne souffrons pas de limite sur notre travail’’, a-t-elle précisé.
Revenant sur le thème de la journée de commémoration de la lutte contre la corruption célébrée cette année à Pikine, dans la banlieue dakaroise, Seynabou Ndiaye Diakhaté d’expliquer que le fait de cibler les écoles et le secteur privé n’est pas fortuit, car il y a beaucoup de problèmes liés à la corruption. D’ailleurs, elle pense que tous les secteurs de la société sont concernés par ce phénomène. ‘’Nous voulons couper le mal à la racine. On cherche à inculquer aux enfants un certain nombre de valeurs, car ils sont les décideurs de demain. On pense qu’il faut qu’ils grandissent avec des idées de rejet de toute velléité de corruption. La réflexion est en cours et les autorités ont été saisies dans ce sens. Nous pensons qu’il faut l’inscrire dans les curricula, surtout au niveau de l’élémentaire et du secondaire’’, confie-t-elle.
Avant de conclure en ces termes : ‘’La stratégie nationale de lutte contre la corruption est en gestation. Nous avons, parmi les objectifs stratégiques, à travers l’objectif général, ces problématiques du curricula au niveau des écoles.’’