Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Réquisitions dans ses différents départements, Serigne Mbaye Thiam est-il vraiment compétent ?
Publié le mardi 10 decembre 2019  |  senenews.com
Le
© aDakar.com par DF
Le ministre de l`Éducation nationale rencontre la presse
Dakar, le 26 décembre 2017 - Le ministre de l`Éducation nationale Serigne Mbaye Thiam a rencontré la presse pour évoquer la situation de l`École sénégalaise.
Comment


Pour que surviennent l’efficience et l’efficacité, il faut nécessairement mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Sans doute c’est ce que le président Macky Sall a voulu faire en nommant ses ministres à différents postes depuis 2012. Force est cependant de constater que le « gagner ensemble, gouverner ensemble » si cher aux alliés du président a fini par faire beaucoup de torts au casting des différentes équipes gouvernementales. Le cas du ministre Serigne Mbaye Thiam interpelle particulièrement à cause de deux actes majeurs dont il est sinon l’initiateur le commanditaire : la réquisition de ses agents au ministère de l’éducation puis à celui des eaux.

Nommé ministre des eaux à la suite du dernier remaniement ministériel, après la réélection du président Sall, Serigne Mbaye Thiam est encore propulsé au-devant de la scène à cause d’un secteur bouillonnant. Les agents de la Société de seaux (SDE) qui ne sont pas enthousiasmés par la venue de Suez ont décidé de faire face à un gouvernement qui leur tient la dragée haute. Ne pouvant plus rien faire contre l’entreprise Suez qui hérite désormais de la gestion de l’eau, lesdits agents réclament 10% de part, condition sine qua non pour pouvoir continuer leur travail.

Comme avec les enseignants, le ministre Serigne Mbaye Thiam peine à convaincre les syndicalistes de la SDE après moult séances de négociations. Et comme avec les enseignants en 2016, il passe la patate chaude au président de la République qui, en d’autres circonstances, ne devrait même pas être impliqué dans les négociations. Après tout, un ministre ça doit servir à quelque chose. Surtout à se substituer au président pour régler des problèmes de son secteur. Autrement, sa place autour de la table du conseil des ministres devient problématique.

closevolume_off

Les limites dans la négociation

Un bon ministre est d’abord et avant tout un bon négociateur. Il doit avoir des qualités attendues d’un bon coach, étant entendu qu’il doit allier difficilement les rôles de juge et de partie. Tout porte à croire que le ministre Serigne Mbaye Thiam n’est pas pourvu en matière de négociation et ou médiation. L’homme est de toute évidence cassant envers ses administrés qu’il devrait pourtant voir en égaux. A la tête du ministère de l’éducation, il démontrait une attitude de va-t-en-guerre absolue et parfois un jusqu’au-boutisme digne d’un soldat en mission commandée. Visiblement, son bref passage au prytanée militaire (passage que les enseignants aimaient évoquer pour le railler) en est pour quelque chose.

Alors que le régime de Wade a fait face aux pires grèves dans le secteur de l’éducation, il n’a jamais été question de réquisition pour entrer en possession des notes retenues par les enseignants. Sous le président Wade, l’année scolaire 2005-2006 était particulièrement mouvementée avec les grèves répétitives du CUSEMS qui avait fait de la rétention des notes un modus operandi. Nombreux ont été les élèves, moi y compris, qui ont dû leur passage en classe supérieure à leur seule performance du premier semestre. Ni en 2005-2006 ni en 2012, avec un blocage du système éducatif inintelligent, le président Wade n’a fait recours à la réquisition contre la rétention des notes ou pour le déroulement des enseignements apprentissages même s’il en avait les moyens.

Réquisition, et radiation : quand l’argument de la force est érigé en mode de gestion

Les cas de réquisition d’envergure que le Sénégal a connus ont été principalement l’œuvre des socialistes. On n’en a jamais connu sous Wade, et qui vaille d’être commenté. Sous le président Abdou Diouf, les travailleurs de l’électricité ont fait l’objet de réquisition lors de leurs mouvements de protestation contre la privatisation de leur boîte en 1998. L’essentiel du personnel était forcé à travailler pour assurer la continuité du service. Mais cela n’a pas empêché le mouvement de continuer pour aboutir à l’arrestation de Mademba Sock et 26 autres délégués syndicaux le 20 juillet de la même année. Beaucoup d’entre eux furent licenciés de façon injuste pendant que Sock écopa de 6 mois de prison fermes.

Revenu au pouvoir dans le cadre d’une alliance, les socialistes renouent aux mêmes pratiques pour mettre fin aux grèves. Cette fois, c’est à travers la personne du ministre Serigne Mbaye Thiam que les mesures de répression contre les travailleurs refont surface. En juin 2016, 5000 enseignants furent l’objet d’une menace de radiation qui allait s’opérer n’eût-été l’intervention des chefs religieux. Face à l’inefficacité de la ponction injuste sur le salaire des enseignants et leur réquisition puis convocation à la gendarmerie, le ministre Serigne Mbaye Thiam et le président de la République ne pouvaient que penser à radier un nombre important d’enseignants. Cela n’aurait pas surpris puisque le président Diouf avait lui-même radié près de 1500 policiers en 1987.

C’est pourquoi il n’est guère une surprise que la réquisition des travailleurs de la SDE ait été prise il y a 2 jours. En signant ce décret de réquisition, le président de la République montre explicitement que son ministre a encore échoué dans les négociations. Les échecs dans ses différentes médiations s’expliquent par le fait que l’actuel ministre des eaux n’est pas très futé en négociations et campe souvent sur ses positions.

Pourtant, il est clair que ce n’est pas dans son seul secteur que des grèves peuvent être notées. Le secteur de la justice et celui de la santé ont connu des grèves longues et troublantes, mais les différents ministres n’ont jamais été jusqu’à user de la réquisition encore moins de la radiation. Visiblement, M. Thiam est très limité en matière de négociations, limites qui frôlent l’incompétence.
Commentaires