Considéré jusqu’ici comme le candidat caché de Macky Sall, Mouhamadou Makhtar Cissé, l’actuel ministre du Pétrole et des Energies renouvelables, fait les frais de la hausse du prix de l’électricité.
Avec la hausse du prix de l’électricité, qui entre en vigueur en début d’année, Macky Sall, sans le vouloir ou pas, est en train de griller son principal joker. Mouhamadou Makhtar Cissé, l’actuel ministre du Pétrole et des Energies renouvelables, était considéré, jusqu’ici, comme le candidat caché du Président Macky Sall. Même l’opposition voyait en lui son prochain challenger en 2024. «Tu veux remplacer Macky Sall en 2024», lui a d’ailleurs lancé, avant-hier, Serigne Cheikh Mbacké, le président du groupe parlementaire des libéraux, lors du vote du budget de son ministère.
Et pour confirmer les soupçons de l’opposition et de beaucoup d’observateurs, Mouhamadou Makhtar Cissé a commencé à se faire une base politique dans son fief de Dagana. En plus, des mouvements de soutien ont commencé à prendre forme pour porter sa candidature en 2024.
Mais les choses ont pris une autre tournure, avec la hausse du prix de l’électricité. En effet, il est accusé d’en être le principal responsable. Et il ne trouve aucun soutien dans les rangs de l’Apr et des autres alliés de la mouvance présidentielle qui lui reprochent de n’avoir pas dit la vérité aux consommateurs. En effet, au mois de décembre 2017, alors directeur général de la Senelec, il annonçait une baisse de 50 % du prix de l’électricité en 2020. «Mon pari est qu’à partir de 2020-2021, le prix de l’électricité baisse sensiblement. Dès qu’on aura le premier gaz, le prix de l’électricité va baisser et dans 10 ans, les factures seront divisées par deux», avait-il dit dans les colonnes de L’Observateur. Paradoxalement, c’est le moment choisi par son successeur Pape Demba Bitèye, avec évidemment l’accord du président de la République, pour augmenter les prix. On reproche également Mouhamadou Makhtar Cissé sa gestion de l’entreprise, avec un effectif pléthorique qui a grevé les finances de l’entreprise. Il est accusé d’avoir fait comme les politiciens classiques en procédant à des recrutements politiques. Ce qui va porter un coup à sa réputation. Pourtant, compte tenu de la manière dont il a gravi les échelons de l’administration d’abord, ensuite dans les différents gouvernements successifs de Macky Sall, beaucoup avaient vu en lui l’homme idéal, capable de succéder au chef de l’Alliance pour la République (Apr) et de la coalition Benno Bokk Yaakaar, qui a dit qu’il ne briguera pas un troisième mandat en 2024.
Mouhamadou Makhtar Cissé a été surtout ministre de l’Energie avant d’atterrir à la tête de la Senelec. Il sera ensuite bombardé, après la présidentielle du 24 février dernier, tout puissant ministre du Pétrole et des Energies renouvelables, au moment où le Sénégal commence à exploiter ses immenses ressources pétrolières et gazières. C’est à la tête de la société nationale qu’il fera fait «ses preuves». Mais c’est son passage à la Senelec qui a révélé sa «véritable nature». Crédité homme de parole, homme aux antipodes des politiciens qui disent une chose aujourd’hui et le contraire demain, il est vu actuellement comme un homme ayant vendu du vent aux Sénégalais en leur faisant miroiter une baisse des prix de l’électricité. Makhtar Cissé grillé, la guerre pour la succession de Macky Sall est donc relancée.