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État de santé précaire de l’ex-président tchadien: Les victimes de Habré contre toute idée de grâce médicale
Publié le vendredi 15 novembre 2019  |  Enquête Plus
Hissène
© Autre presse par DR
Hissène Habré
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L’ancien président tchadien, détenu au Sénégal, serait malade. D’après ses proches, son état de santé se serait beaucoup dégradé, entre-temps. Une assertion très tôt démentie par l’Administration pénitentiaire. Hier, c’est l’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré (Avcrhh) qui est montée au créneau, à son tour, pour se prononcer sur cette affaire. Dans une note parvenue à ‘’EnQuête’’, ladite association prévient contre toute tentative de grâce médiale, tel que suggéré par le Forum du justiciable. ‘’La compassion aussi pour nous.

Pas de grâce pour le bourreau Hissein Habré, mais des indemnisations pour ses victimes’’, lit-on dans la note signée par le président de l’association des victimes, Clément Abaïfouta. Avant d’ajouter : ‘’Il est légitime de penser à la santé de Hissein Habré, et nous sommes les premiers à y penser, pour avoir l’assurance qu’il effectue réellement la peine de prison à laquelle la justice l’a condamné. Il ne faut cependant pas oublier de penser aussi à nous, victimes, qui attendent toujours de lui qu’il nous indemnise’’, dit le président de l’association des victimes.

Abaïfouta et ses camarades s’interrogent d’ailleurs sur l’état de santé de Habré qui, pensent-ils, serait une ruse pour obtenir la grâce. ‘’En juin 2015, les avocats de Habré avaient annoncé que leur client avait été victime de deux crises cardiaques. (…). En réalité, il n’en était rien. C’était une ruse pour éviter son jugement. Cette fois, la ruse sert-elle pour la demande de grâce ? Une telle grâce est de toute façon interdite par l’article 26 (3) du Statut des chambres ‘’l’état d’exécution [de la peine] est lié par la durée de la peine’’ fruit d’un traité avec l’Union africaine et qui ne dépend donc du seul Sénégal’’, fulminent Clément Abaïfouta et ses camarades. Ils notent ainsi que les victimes de Habré ont vécu pire dans la prison de la Dds. Là-bas, disent-ils, il n’y avait ni médicaments ni médecins pour les détenus. ‘’D’après un expert des Chambres africaines extraordinaires, le taux de mortalité dans les prisons de Habré était entre 90 et 400 fois plus élevé que le taux de mortalité normal au Tchad’’, renseigne le président de l’Avcrhh.

L’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré réclame l’indemnisation de ses membres. Selon son président, jusqu’ici, l’ancien homme fort de Ndjaména n’a versé aucun franc des 82 milliards de francs Cfa pour indemniser les 7 396 victimes désignées, en guise de dommages et intérêts. Selon Clément Abaïfouta, de très nombreuses victimes vivent dans la précarité et sont dans une situation désespérée. D’autres, soutient-il, sont décédées depuis ce jugement historique et ne recevront jamais la juste indemnisation de leurs souffrances reconnues par la justice après 25 ans de combat judiciaire.

‘’Mahamat Hassan Abakar, ancien magistrat et ancien président de la Commission d'enquête tchadienne, a déclaré, en novembre 2012, avec des chèques à l’appui comme preuves, que Hissène Habré a prélevé illégalement plusieurs milliards de francs Cfa avant sa fuite au Sénégal. Il s'agissait d'argent volé au peuple tchadien’’, relève le président de l’Avcrhh. Il souligne que l’ancien chef du gouvernement sénégalais, Abdoul Mbaye, a avoué avoir recueilli les liquidités, après l’arrivée de Habré à Dakar, en décembre 1990, au sein de la banque Cbao qu’il dirigeait.
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