En validant les reports successifs des élections locales, l’opposition fait, inconsciemment ou pas, l’affaire du Président Macky Sall. Ce dernier va en effet profiter de ces reports pour finir ses chantiers et mieux armer ses élus locaux.
Le président de la République a reporté à trois reprises la date des élections locales. Le scrutin était initialement fixé au mois de juin dernier, avant d’être reporté au mois de décembre et enfin «au plus tard le 28 mars 2021» au grand dam de la société civile qui exige le respect du calendrier électoral ou à défaut la tenue de ces élections départementales et municipales au plus tard le dimanche 28 juin 2020. Si le premier report avait été décidé de manière unilatérale, ce n’est pas le cas pour les deux derniers. Pour les deux derniers, Macky Sall s’est appuyé sur l’opposition pour organiser le scrutin à la date qui lui convient le mieux. Les partis politiques qui prennent part au dialogue politique avaient décidé, de manière «consensuelle», de les reporter à une date ultérieure. «A l’issue de sa réunion du mardi 16 juillet, la commission politique du dialogue national, considérant l’importance des thèmes à aborder avant les élections locales prévues le 1er décembre 2019, a, au terme de ses débats, constaté un consensus fort sur la nécessité de reporter lesdites élections. La commission a, en effet, souhaité se donner le temps de produire un travail de qualité, de nature à garantir un cadre politique et des élections apaisées», lisait-on dans un communiqué signé par le général Mamadou Niang, le président de la Commission cellulaire du dialogue national. La société civile affirme à juste titre que les motifs invoqués pour le report sine die, des élections départementales et municipales et la prorogation des mandats des conseillers territoriaux élus le 29 juin 2014 ne visent ni l’intérêt général ni le respect des principes démocratiques encore moins le respect du droit fondamental de suffrage.
En vérité, ces reports font l’affaire de Macky Sall. En effet, mal en point à cause des scandales à répétition qui accablent ses proches, ses responsables locaux en perte de vitesse dans leur localité respectif et lui-même incapable de livrer ses chantiers à date échue, Macky Sall utilise l’opposition pour gagner du temps. C’est également la conviction du député Mamadou Lamine Diallo qui accuse le Président Macky Sall de chercher, avec le soutien de l’opposition qui prend part au dialogue politique, à gagner du temps. «La raison est toute simple, il ne veut pas perdre les villes de Dakar, Pikine et Guédiawaye sachant que Thiès et Touba sont ancrées dans l’opposition. Il lui faut gagner du temps pour sauver son frère Aliou Sall pris dans la nasse de Franck Timis et trouver la bonne combinaison pour Dakar», affirme le leader du mouvement Tekki qui boycotte le dialogue politique. De son côté, l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye qui note que la réception du BRT serait prévue en 2022, affirme qu’à l’instar des autres projets d’envergure, il sera probablement inauguré dans la précipitation, en grande pompe, avant la finition définitive des travaux avec pour objectif de frayer imprudemment le chemin vers une candidature pour un 3e mandat. Et malheureusement l’opposition la plus significative joue son jeu et fait son affaire. Car le chef de l’Etat espère que lui et ses hommes auront le temps nécessaire de se refaire une virginité politique où à tout le moins, auront un bilan à faire miroiter aux électeurs le moment venu. Macky Sall espère certainement aussi faire taire d’ici, les ambitions de certains de ses alliés qui lui sont actuellement fidèles, mais qui clament sur tous les toits du monde leur volonté de reprendre leur autonomie.