A l’instar des ministres (voir notre édition d'hier), les directeurs généraux des sociétés publiques et/ou parapubliques sont contraints à gagner les élections locales du 29 juin prochain sous peine d’être sanctionnés.
Dans son édition d’hier, EnQuête évoquait les enjeux que constituent les élections locales du 29 juin pour les ministres investis sur les listes. Mis à l’épreuve par le président de le République, ils sont condamnés à les gagner dans leurs fiefs respectifs s’ils veulent conserver leur poste.
C'est du moins la menace proférée par le président de la République à au moins deux reprises. La même logique de «victoire» a été reconduite pour les directeurs de société, dont la plupart pour ne pas dire tous, sont des responsables politiques de la majorité.
A Diourbel, Dame Diop, patron de Dakar Dem Dikk (DDD), tête de liste majoritaire de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), devra affronter l’actuel maire Jacques Baudin, du Parti socialiste, candidat à sa propre succession.
Mais le risque est démultiplié pour le responsable de l’Alliance pour la République obligé de composer avec les ambitions de Moustapha Guèye, patron de l’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie (AEME), qui lui conteste son leadership. Toutefois, le Dg de DDD pourrait tirer profit de la vague de contestation contre le maire dont la gestion est jugée «scandaleuse» par une bonne partie du conseil municipal.
A Ziguinchor, le directeur du Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP), Doudou Kâ, tête de liste proportionnelle, devra relever deux défis. D’abord, prouver sa représentativité face au ministre de la Jeunesse Benoît Sambou, qui dirige la liste majoritaire et dont il a toujours contesté le leadership.
Ensuite, déboulonner Abdoulaye Baldé, leader de l’Union centriste du Sénégal (UCS). Un challenge d'enfer puisque le député non inscrit et maire sortant est encore crédité d’une certaine popularité auprès des Ziguinchorois. Ce qu’il a démontré à l’occasion du conseil des ministres délocalisé qui s’est tenu récemment dans la région.
Cette même pression s’exerce aussi sur le patron des Aéroports du Sénégal (ADS), Pape Maël Diop. Tête de liste proportionnelle, ce responsable sera en duo avec un allié politique en l'occurrence le Dr Malick Diop, maire sortant et porte-parole de l’Alliance des forces de progrès (AFP) qui va conduire la liste majoritaire.
Un consensus décroché au terme de longues tractations car Malick Diop s’était engagé à soutenir la liste de la coalition «Taxawu Ndakaru» du maire de Dakar Khalifa Sall avant de tourner casaque. Cette alliance étant scellée, la coalition BBY, faute d’adversaire de taille, a donc toutes les chances de remporter les élections, en plus dans une localité, la commune de Point E-Amitié, où l'Afp est assez bien implantée depuis plusieurs années.
Mansour Faye, Bamba Dièye, ABC : le combat de chefs
Ce qui n’est pas le cas à la commune de Yoff où Abdoulaye Diouf Sarr, directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD), va en découdre avec le maire actuel Oumou Khaïry Guèye Seck, du Parti démocratique sénégalais (PDS). Même si cette dernière semble groggy et aphone depuis la chute de Me Wade, l’éclatement de la coalition présidentielle risque de compromettre les chances de Diouf Sarr appelé à diriger la liste majoritaire dans la localité.
Mais le responsable de l’APR qui sera le plus éprouvé, c’est sans doute Mansour Faye, Délégué général à la Solidarité nationale. Le grand frère de la première Dame, investi sur la liste majoritaire à Saint-Louis, s’est juré d'arracher la mairie des mains du ministre de la Communication, Cheikh Bamba Dièye, secrétaire général du FSD/BJ.
Toutefois, il devra d’abord solder ses comptes avec l’ancien ministre des Affaires étrangères, Alioune Badara Cissé, qui ira lui aussi à l’assaut de la mairie sous la bannière de «Deuk bi rek». L'occasion pour lui de prendre sa revanche sur son parti, l’APR, qui chercherait à l’isoler. Dégât collatéral sécrété par la transhumance, Mansour Faye s’expose aussi à un vote-sanction avec l'arrivée à ses côtés de l’ancienne égérie de la ‘’Génération du Concret’’, Awa Ndiaye.
Pendant que tous ces DG affûtent leurs armes, d’autres sont carrément absents de la course. C’est le cas de Abou Lô, patron de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP). La raison ? «Il a préféré ne pas aller aux élections parce qu’il a des charges très lourdes à l’Artp. Il avait (d'ailleurs) déclaré, il y a un mois, qu’il ne serait pas candidat (aux locales)’’, explique Amadou Sam, un proche de l’ex-ministre de la Communication. A Ogo (Matam) où il milite, la bataille aura plutôt lieu entre Abou Diallo Ballel et Amadou Kane Diallo.
Quid du directeur général du Port autonome de Dakar, responsable politique à Fatick, fief du chef de l'Etat ? La réponse est quasiment la même. «Cheikh Kanté n’est pas dans ça. Il n’est candidat à rien. Ce qui l’intéresse, c’est la réussite du président Macky Sall’’, confie un de ses proches à EnQuête.