Le Congrès de la renaissance démocratique (Crd) se démarque totalement de la démarche entreprise par le Doyen des juges, dans l’affaire dite Petrotim, dans laquelle est cité le frère du président de la République, Aliou Sall. Dans une déclaration transmise hier à ‘’EnQuête’’, la conférence des leaders dudit congrès ont tenu à lever toute équivoque quant à cette procédure judiciaire enclenchée, qui n’a rien à voir avec la plainte qu’ils avaient, eux, déposée contre Aliou Sall et Frank Timis.
En effet, suite à l’appel à témoin initié par le procureur de la République au mois de juin dernier, à la suite de l’énorme scandale révélé par la Bbc portant sur l’attribution de permis gaziers et pétroliers du Sénégal au dénommé Frank Timis, associé du frère du président de la République du Sénégal et le rachat de ces permis par le major pétrolier Bp, le Doyen des juges procède à l’instruction du dossier relatif à ladite affaire. D’ailleurs, dans le cadre de ce dossier, le président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) et le leader de Tekki ont été auditionnés par les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (Dic) qui avaient ouvert une enquête à cet effet.
‘’Par attitude citoyenne, les deux leaders politiques susnommés ont choisi de déposer des témoignages particulièrement argumentés, lors de cette première procédure, pour enlever tout prétexte ‘d’étouffement’ de l’affaire au nom d’informations ou de preuves qui auraient pu être présentées comme insuffisantes’’.
Toutefois, ils continuent de considérer avec leurs alliés qu’une telle démarche n’est pas celle adéquate pour la recherche du délit de corruption. Soulignant ainsi que le Sénégal s’est doté d’une juridiction spéciale - la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) - laquelle, dans l’attente d’une possible réforme, a systématiquement été utilisée par le régime en place lorsqu’il a souhaité rechercher la réalité d’un enrichissement illicite au préjudice de l’Etat, ils pensent qu’il suffisait juste de saisir la Crei pour rechercher le caractère illicite du patrimoine des mis en cause (notamment immobilier) corroboré par l’enquête menée par la Bbc et portée à la connaissance du public au début du mois de juin 2019. C’est la raison pour laquelle ils disent avoir mandaté l’honorable député Mamadou Lamine Diallo et l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye afin qu’ils portent conjointement plainte auprès du Doyen des juges avec constitution de partie civile pour faux, usage de faux en document administratif et détournement de deniers publics.
Cette plainte, relève la conférence des leaders du Crd, a été déposée le 22 juillet 2019 au cabinet du Doyen des juges d’instruction. A ce jour, soit plus de trois mois plus tard, ils sont au regret de constater que ce dernier ne s’est toujours pas conformé aux dispositions pertinentes de l’article 79 du Code de procédure pénale (Cdp) par refus de fixer le montant de la consignation comme l’y oblige l’article susvisé. Face à cette attitude du juge d’instruction, les plaignants ont récemment saisi le président de la Chambre d’accusation, conformément aux dispositions de l’article 211 du Cdp par courrier déchargé le 15 octobre 2019 qui lui confère la mission de s’assurer du bon fonctionnement des cabinets d’instruction du ressort de la Cour d’appel.
En attendant une application stricte de la loi dans cette affaire Sall-Timis, le Crd considère que la justice, parce qu'elle agit au nom et pour le compte du peuple souverain, doit inspirer confiance à ce peuple par une attitude objective de rigueur et de cohérence, mais surtout sans compromis, ni atermoiements incompréhensibles, dès lors que les intérêts stratégiques du pays sont en jeu.